GUY MARIUS SAGNA SUR LA LIBERATION DE KILIFEU «On n’exclut pas de manifester devant la prison de Rebeuss»



 
Même si le rassemblement de Frapp et Y’en a marre sur les Allées centenaire a été un flop, ce fut un concert de récriminations des différents orateurs à l’endroit du pouvoir en place. Guy Marius Sagna s’est adonné à un diagnostic sans complaisance de cette justice à deux vitesses. Pour la libération de leur camarade, il n’exclut pas aussi de manifester devant la prison de Rebeuss.
 
 
Après la marche de vendredi dernier qui avait buté sur l’interdiction du préfet de Dakar, les Allées du Centenaire était, hier, largement balisées pour accueillir le rassemblement des mouvements Y’en a marre et Frapp/France dégage, à hauteur du rond-point Vieux Sing Faye. Un rassemblement auquel ont pris part, pas moins de 15 organisations, mouvements, associations, syndicats et partis politiques. Seulement, en dépit de tous ces acteurs, le pari de la mobilisation a été loin d’être relevé. Ce fut un flop. La partie réservée à cet effet a été loin d’afficher le plein, en l’absence des principaux leaders de l’opposition, en l’occurrence Ousmane Sonko, Khalifa Sall, Barthélemy Dias, etc.  Pour autant, ce fut un concert de dénonciations et de récriminations envers le régime en place, notamment en ce qui concerne le deux poids deux mesures relevé dans le fonctionnement de la justice. Le coordonnateur de Frapp, Guy Marius Sagna, a mis à nu toutes ces manières de faire qui font que la justice ne soit pas équitable. «Nous savons tous qu’on a une justice à deux vitesses. Au lieu que la gendarmerie soit au service du peuple, car payée, habillée, nourrie et logée par le peuple, nous avons une gendarmerie contre le peuple. La justice n’est plus au service du peuple, elle est détournée contre le peuple. Or, une justice au service de l’émergence ne croise pas les bras devant Abdoulaye Bibi Baldé qui croit que La Poste c’est son dibi», a d’emblée indiqué Guy Marius Sagna, qui fait remarquer que La Poste ne saurait être le dibi de Bibi et de son président. «Une justice au service du développement, c’est une justice qui protège nos deniers publics. Une justice ne serait pas spectatrice devant la spoliation foncière orchestrée par les maires et ministres du Président Macky Sall.  Une justice au service du développement, c’est une justice qui protège les agriculteurs et les éleveurs contre les bandits fonciers qui gravitent autour du Président Macky Sall», a ajouté Guy Marius Sagna, persuadé que le chef de l’Etat est le principal fautif de ce désastre dans la justice. «Il est le véritable instigateur de ces multiples arrestations et emprisonnements arbitraires dont nous sommes victimes. Le pire, c’est qu’il protège une horde de délinquants financiers», renchérit l’activiste.
 
Certains juges refusent d’être indépendants
 
Poursuivant, le coordonnateur de Frapp déplore de constater que certains magistrats refusent d’être indépendants. «Certains juges refusent d’être indépendants juste pour des enveloppes et des terrains. Honte à eux. Ils sont tout aussi responsables que Macky Sall ; car c’est le juge qui prend une décision de condamnation et non Macky Sall», précise Guy Marius Sagna. En outre, il est d’avis que chacun a sa part de responsabilité dans cette situation. «Lorsque nous sommes en conflit avec la loi, notre premier réflexe est de chercher à bénéficier des privilèges ou un intercesseur auprès d’une autorité ou auprès de nos hommes religieux et de nos prêtres. Ce n’est pas digne d’un patriote», charge aussi l’activiste qui invite à combattre ces comportements et à lutter pour l’indépendance de la Justice. Revenant sur la détention de Kilifeu, il rappelle que des personnes croupissent en prison alors qu’elles méritent de bénéficier d’une mise en liberté provisoire ou d’un contrôle judiciaire. Tout simplement, parce que, dit-il, elles ne sont pas proches de la Première dame, du chef de l’Etat ou de l’Apr. «Ce n’est pas normal. Nous allons poursuivre le combat pour la libération de Kilifeu et nous n’excluons pas de manifester devant la prison de Rebeuss. La justice à deux vitesses doit prendre fin», sérine-t-il.
 
Ahmed Aïdara à Diouf Sarr : c’est un bœuf pour l’abattoir
 
Se prononçant au nom de la coalition Yewwi Askan Wi, le candidat à la ville de Guédiawaye, Ahmed Aïdara s’en est violemment pris au maire sortant et non moins frère du Président Macky Sall. «Les plaintes dans six Etats sur la gestion des contrats pétroliers visent aussi Aliou Sall. Il n’ose plus se rendre aux États-Unis. C’est un voleur. Je le lui répète depuis 5 ans, mais il n’ose pas porter plainte. Pourtant, ils sont prompts à traîner les gens en justice. Le petit-frère est un voleur et le grand-frère qui le protège, peut être considéré comme un receleur, ce qui est puni par la loi», charge Ahmed Aïdara qui n’a pas manqué de se défausser sur le candidat de la majorité à la ville de Dakar. A l’en croire, Abdoulaye Diouf Sarr, à travers cette candidature, est un bœuf en route pour l’abattoir. «Abdoulaye Diouf Sarr ne sait pas ce qui l’attend. Il ne va rien gagner, il sera battu à plate couture par Barthélemy Dias. Fortement ovationné par le public, Dame Mbodj précise d’emblée que Macky Sall n’a pas hérité le Sénégal de ses parents et va céder le plancher en 2024. Poursuivant, il a révélé que le chef de l’Etat va tuer l’économie sénégalaise et il en veut pour preuve les entreprises des régies publicitaires avec destruction des panneaux publicitaires. Tout simplement, dit-il, parce qu’il ne veut pas voir les images des opposants dans les artères de la capitale ; en plus de nourrir le dessein de céder ce marché des panneaux publicitaires aux entreprises françaises.
 
L’association des régies publicitaires se mobilise et tire sur l’Etat
 
N’eût été la forte mobilisation de l’association professionnelle des régies publicitaires du Sénégal, le flop serait beaucoup plus étendu. En effet, les responsables de cette association ont dénoncé la destruction massive des panneaux publicitaires à travers des banderoles, des pancartes, des panneaux qui retracent les images de ces destructions. Mais aussi des gilets rouges arborés par des jeunes fortement mobilisés avec des inscriptions qui renseignent sur les difficultés rencontrées par ces entreprises : «non à la destruction des panneaux publicitaires ; ne touche pas à notre outil de travail ; arrêtez le massacre 10.000 emplois sacrifiés ; non au néocolonialisme économique» sont, entre autres, les doléances inscrites derrière ces gilets. «C’est triste et lamentable de constater que des années de dur labeur sont réduites à néant par la destruction des panneaux publicitaires par la Dscos», déplore le représentant de cette association. Une démarche qui, à l’en croire, vise à anéantir les petites et moyennes entreprises. Pire, il se désole de constater une discrimination dans la destruction de ces panneaux. «Non à l’injustice», s’écrie-t-il. Même le collectif central de traitement des épidémies au niveau des Cte n’était pas en reste dans cette vague de récriminations. Et, c’est pour dénoncer le non-paiement des salaires promis par le chef de l’Etat. En effet, certains sont restés cinq, huit, voire 12 mois sans salaire. «Au moment où certains d’entre nous, dans la lutte contre le Covid-19, sont morts dans l’anonymat, le président de la République a décidé de recevoir le professeur Didier Raoul pour le distinguer», déplore le représentant du collectif qui exige le paiement de ces prestations.
 
M. CISS & Ndèye Khady DIOUF
 
 
 
 
 
 
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