Ils devront attendre un autre jour, les impactés du Ter, avant d’espérer se faire entendre. A peine le nez mis dehors, le secrétaire général de ladite association a été arrêté, au motif qu’il avait convié à une manifestation, alors qu’il était juste venu remettre un complément de la liste des impactés qui n’avaient pas été répertoriés ou pris en compte dans le cadre du dédommagement promis par les autorités.
Les autorités ont beau argumenter, afficher la sérénité, dans le cadre des grands travaux de l’Etat, à la moindre difficulté, elles paniquent. Hier, pour une banale histoire d’un complément de dépôt de liste, la police du Plateau a été mise à contribution au point de procéder à l’arrestation du secrétaire général de l’Association des artisans et autres brocanteurs de Colobane. C’est dans la matinée, hier, que Cheikh Diop a été arrêté, alors que rien dans sa démarche ne laissait présager une telle situation. Venu avec ses camarades, Cheikh Diop est tranquillement entré dans les locaux de l’Apix.
C’est au sortir de l’Agence, au moment de s’adresser à la presse pour leur faire le compte-rendu de ses discussions avec les autorités de l’Apix, que les éléments du commissariat du Plateau, se sont pointés. Et après lui avoir interdit de parler à la presse, ils l’ont embarqué, direction le commissariat du Plateau derrière l’Assemblée nationale. Il ne sera relâché qu’en fin d’après-midi.
La petite histoire…
Pour la petite histoire, les artisans et brocanteurs de Colobane, réunis autour d’une association d’environ 800 membres, depuis le mois de septembre 2017, ne savent plus à qui se fier. En effet, les 8 hectares qu’ils occupaient et qui leur servaient de lieux de travail et où ils gagnaient dignement leur vie, leur ont été enlevés sans leur consentement, du fait du projet du train express régional (Ter).
Et selon des informations données par les brocanteurs, les 8 ha de l’Association des brocanteurs devaient servir de garage de maintenance au Ter. «Animés d’une volonté citoyenne, nous avions, après d’intenses négociations avec le gouverneur de la région de Dakar, Mouhamed Fall, obtenu 3,5 hectares dans la commune de Sébikotane. Je précise que ces 3,5 hectares sont restés jusqu’ici sans eau, ni électricité. Malgré tous ces facteurs bloquants, nous avons jugé nécessaire d’y investir nos propres ressources pour que les chefs de famille que nous sommes puissent contribuer à l’effort de construction de notre pays. Mais beaucoup d’artisans qualifiés parmi nous ne sont pas recasés. Et cette situation a occasionné du coup de sérieuses perturbations sociales, car ces terres qui nous sont allouées par la commune de Sébikotane par délibéré numéro 1483 et en date du 8 novembre 2018 ont fait l’objet d’un constat, selon lequel un promoteur privé a commencé à s’y installer», informent nos interlocuteurs. Qui révèlent : «en outre, la commission qui était chargée de régler les indemnisations a laissé beaucoup d’entre nous en rade. L’Apix, qui a hérité du dossier, n’a toujours rien fait pour nous permettre de trouver auprès de nos partenaires un financement. Suffisant pour que nous exigions du chef de l’Etat Macky Sall notre indemnisation et notre rétablissement dans nos droits avant le début des essais du Ter prévus le 14 janvier prochain».
Madou MBODJ