Pour que ses affaires prospèrent, la commerçante Maïmouna Dieng avait demandé à Serigne Saliou Mbacké de la mettre en rapport avec son père, le marabout Serigne Cheikh Mbacké, pour qu'il lui formule des prières. Hélas, au lieu de ça, il s'est fait passer pour son géniteur et, au téléphone, communiquait avec la dame à qui il a par la suite remis une bague et des bains mystiques. Ayant réussi à l’hypnotiser, il lui a soutiré la somme de 10 millions F Cfa. Quand elle a repris ses esprits, la dame l'a traduit devant le juge des flagrants délits de Dakar où il risque 6 mois ferme de prison.
Serigne Saliou Mbacké ne fait pas honneur à la famille à laquelle il appartient. Agé de 28 ans, il a été traduit hier devant la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar par la commerçante Maïmouna Dieng. Cette dernière lui reproche des faits d’escroquerie portant sur la somme de 10 millions F Cfa et de charlatanisme. La rencontre entre Maïmouna et son bourreau s'est faite par le canal du fils de la victime. La dame lui a alors demandé de la mettre en rapport avec son père, Serigne Cheikh Mbacké pour obtenir ses prières afin d'avoir un business florissant. Hélas, la commerçante ne verra jamais le père de son escroc, car elle ne faisait que communiquer avec ce dernier au téléphone «Lors de nos entretiens téléphoniques, il m'a suggéré de faire des aumônes. En plus de ça, Serigne Saliou Mbacké m'a remis une bague, des potions pour des bains mystiques et de l’encens en contrepartie d'une rémunération. Suite à ça, j'avais perdu toute lucidité. De ce fait, je lui donnais tout ce qu'il me demandait. J'ai même vendu ma voiture et tout l’or que j’avais gardé», a relaté Maïmouna Dieng.
Maïmouna Dieng raconte comment Serigne Cheikh Mbacké l’a bernée et bouffé ses sous
La plaignante a révélé que sa fille Marème l'avait avertie de cette supercherie. Mais,elle n'a pas voulu entendre raison. C'est après le décès de Serigne Cheikh Mbacké qu'elle a découvert tout ce manège. «C'est par la suite que j'ai su que c'est Serigne Saliou qui se faisait passé pour son géniteur lorsque je communiquais avec lui. Parce que j'ai découvert que son père était malade et alité et ne pouvait même pas parler. Après cela, il est resté injoignable. Et quand j'ai réussi à entrer en contact avec lui, il m'a confié qu'il avait accompagné son père malade en France pour des soins. Ce qui n'était que mensonges au moment où il me disait ça parce qu'il est mort à Thiès après cela», a-t-elle ajouté.
Serigne Cheikh Mbacké se défausse sur son père
Mais Serigne Cheikh Mbacké, au lieu de s’assumer, a préféré traîner son père dans la boue devant le juge. «J'ai tout simplement présenté Maïmouna Dieng à mon père. Je ne sais rien à propos des prières qu'elle sollicitait auprès de lui. J'ai certes reçu des sommes d'argent des mains de cette dame, mais elles sont estimées à 6 millions F Cfa et non 10 millions. En plus, c'est elle qui parlait directement à mon père. C'est après que ce dernier m'a remis une bague, de l’encens et de l’eau bénite à remettre à la plaignante», s'est-il lavé à grande eau.
Avocat de la partie civile, Me Souleymane Soumaré a réclamé 11 millions à titre de dommages et intérêts. «Saliou avait demandé aux enquêteurs de lui accorder 2 jours afin qu’il rembourse l’intégralité de la somme. Mais après 15 jours, il n’a rien versé. C’est une personne très ingénieuse qui croit avoir le bras suffisamment long pour échapper à une sanction pénale», a pesté la robe noire.
Du même avis que le conseil de la partie civile, la représentante du procureur a indiqué que rien n’établit dans ce dossier que c’est son vénéré père qui prodiguait des prières à la plaignante. «Il n’a jamais voyagé en France. Rien que ces contre-vérités prouvent que c’est lui qui s’est fait passer sciemment pour son défunt père. C’est lui qui encaissait les différentes sommes d’argent. C’est des faits regrettables parce que le prévenu, son nom renvoie plus à un bienfaiteur qu’un escroc», s'est-elle indignée avant de requérir 6 mois ferme de prison contre lui.
Pour les avocats de la défense, leur client n’a jamais pris l’engagement de rembourser de l'argent qu'il ne devait pas, demandant ainsi sa relaxe pure. Le tribunal après les plaidoiries va l'édifier sur son sort le 22 février prochain.
Fatou D. DIONE