C’est hier qu’El Hadj Issa Sall a procédé à la présentation de son programme. Pour le chef de file du Parti de l’unité et du rassemblement (Pur), beaucoup de choses sont à améliorer dans le système, allant de l’éducation à la gouvernance des différents secteurs. Pour El Hadj Sall, une indépendance des différents pouvoirs est primordiale. Le leader de Pur, qui soupçonne aussi des tentatives de fraude de la part du régime, énumère les différentes stratégies déjà mises en place.
Personne ne veut finalement être à la traine, dans le cadre de la communication d’avant campagne. Face à la presse hier, El Hadj Issa Sall parle d’un vaste plan de fraude que prépare le régime. Et cela, il le dit en tant qu’informaticien. «Quand, pendant les élections de 2017, le ministre chargé des élections a dit qu’il y a un certain nombre de cartes qu’il ne peut pas donner, ce n’est pas de la fraude ?», s’est-il interrogé. Pour lui, donner au Conseil constitutionnel un fichier électoral qui n’est pas encore stabilisé, parce que la carte électorale n’existe pas encore et qu’on traite le parrainage sur la base de ce fichier, c’est aussi de la fraude. «Quand on est à une période interdite de campagne et qu’on se permette d’inaugurer des chantiers inachevés, à faire des visites de chantier, ça aussi c’est de la fraude», laisse-t-il entendre.
Le pouvoir exécutif manipule, utilise et neutralise les pouvoirs législatif et judiciaire
Pour El Hadj Sall, au Sénégal, la séparation de pouvoirs n’est qu’un slogan. Dans la réalité, assure-t-il, cela n’existe pas. L’exécutif, d’après lui, a trop d’influence sur les deux autres pouvoirs. «Traditionnellement, on parle de trois pouvoirs. Mais, au Sénégal, il n’existe qu’un seul pouvoir. Il y a une relation verticale. Vous avez en bas le pouvoir législatif et judiciaire et en haut, le pouvoir exécutif qui les manipule, qui les utilise et qui les neutralise», se désole-t-il. Et ce qu’il propose, c’est une relation horizontale entre ces pouvoirs. Ce qu’il compte changer s’il est élu. «Nous allons faire en sorte que les trois pouvoirs jouent pleinement leurs rôles. Et pour cela, il faut capaciter le pouvoir législatif. Si on a des députés qui sont à la solde de l’exécutif, qui votent toute loi qu’on leur présente, on ne peut pas parler de pouvoir. Et quand vous dites que vous êtes exécutif, pourquoi aller siéger au Conseil supérieur de la magistrature ?», se demande-t-il.
«pas plus de 20 ministres, plus de ministres conseillers, ni de ministres farfelus sans portefeuille et qui siègent au Conseil des ministres»
S’il est élu à la magistrature suprême, El Hadj Sall assure qu’il va réduire le nombre de ministres. En effet, d’après le leader du Pur, avec le Président actuel et ses nombreux ministres, ce titre n’a plus la même valeur qu’avant. «Il en a tellement nommé qu’il ne peut pas savoir le nombre. Et je ne parle pas des ministres conseillers. N’importe qui aujourd’hui peut être ministre conseiller. Avec le Pur, il n’y aura plus de ministres conseillers, ni de ministres farfelus qui n’ont pas de portefeuille et qui siègent au Conseil des ministres. Un ministre doit avoir des responsabilités», soutient-il. Issa Sall annonce avoir déjà trouvé ses ministres, même si le travail n’est pas encore achevé. «Nous ne dépasserons pas la vingtaine. En ce moment, nous sommes à 18, nous cherchons les deux autres», assure-t-il.
Aucun ministre ne sera autorisé à faire des activités politiques, ils ne seront ni électeurs ni éligibles
Déjà dans la peau d’un chef d’Etat, il s’adresse à ces «ministres» et prévient. «Il n’y aura plus de cumul de postes. Choisissez ce que vous voulez être, vous exercerez pleinement votre mandat». Pour le leader de Pur, Ils ne seront plus autorisés à faire des activités politiques, ni même à être électeur ou élu.
El Hadj Sall a par ailleurs évoqué son vœu de sortir du franc Cfa même si l’heure n’est pas encore arrivée. «Nous ne pouvons pas nous lever un jour et dire que nous allons sortir du Franc Cfa. Mais notre vœu est de nous départir du franc. D’ailleurs, il y a des travaux qui sont en train de se faire et qui, en 2020, porteront leurs fruits», explique-t-il. Pour le leader du Pur, dans quelques jours, il recevra le soutien de quelques leaders politiques qui comptent cheminer avec lui. «Il y a des candidats qui ont été recalés qui vont venir. Certains sont venus me voir pour me dire qu’ils veulent travailler avec nous, qu’ils ont un programme à nous soumettre. Et après lecture, nous avons vu que nous sommes allés un peu plus loin qu’eux, que nous avons beaucoup de points communs dans nos programmes», laisse-t-il entendre.
Khadidjatou DIAKHATE