En annonçant un point de presse hier, l'avocat refoulé de Ousmane Sonko, Juan Branco, a finalement inondé la toile en revenant sur son expulsion, mais aussi livrer le fond de sa pensée quant au post qui lui a valu un accueil pas du tout chaleureux à l'Aibd.
Retour sur les faits...
«J'ai été exposé à une arrestation, détention puis expulsion de Dakar où je venais représenter le président Ousmane Sonko et peut-être le futur président du Sénégal. Dans ces circonstances assez extraordinaires par lesquelles un avocat est empêché de défendre un client. Client qui comme on le sait fait l'objet d'une persécution extraordinaire depuis un certain nombre d'années, qui visent à l'empêcher d'incarner l'espoir d'un peuple en flammes, qui depuis un certain nombre d'années souffre de violences, d'un désespoir économique et surtout d'une corruption endémique que M. Sonko dénonce dans son pays. La détention et l'intimidation d'un avocat par 7 hommes en armes pose question. A peine sorti de l'avion avec une véhémence toute particulière qui visait à éviter probablement que des passagers se solidarisent et dénoncent ce qui est en train de se passer, ils m'ont saisi mon passeport et on m’a placé dans un col vers Casablanca puis vers Paris, 12 heures plus tard. Je n'ai pas été brutalisé mais intimidé. J’ai réussi à calmer la situation et ils ont compris qu'ils n'avaient pas intérêt à ne pas aller dans ce sens-là. Pour ma part, j'ai réussi à conserver mon intégrité physique et celle des données que j'ai apportées, y compris des données importantes qui concernent le procès en cours qu'ils auraient pu vouloir saisir.
Il est très clair qu'ils répondaient à des ordres qui venaient des plus hautes autorités du pays. Nous sommes dans une situation très particulière où aujourd'hui de simples mots peuvent faire trembler un pouvoir. Cela dit, quelque chose de ce géant aux pieds d'argile qu'est devenu l'autorité politique du Sénégal. Et des dangers qui touchent l'ensemble des compatriotes sénégalais qui sont confrontés à la violence qui peut naître de la part de ces géants lorsqu'ils se sentent menacés.
Juan Branco «explicite» son post et «constate la tyrannie du régime de Macky Sall»
«Le ministère de l'Intérieur m'a fait l'honneur d'un communiqué par lequel il m'accusait d'avoir fait appel à l'insurrection au Sénégal et d'avoir qualifié son Excellence Monsieur Le président de la République, je reprends ces termes, de Tyran avec une majuscule. Ce qui n'est pas vrai, parce que j'avais affirmé que l'audience permettrait de déterminer s’il avait un devenir de Tyran ou non, M. Sall. Je pense que c'est un propos qui est non seulement tout à fait acceptable, mais nécessaire à l'exercice d'une défense et qui se pose encore, au regard de la situation du Sénégal. A partir de là, il y a un effet de confirmation : le tyran confirme sa tyrannie en décidant de renvoyer l'avocat qui est censé défendre son opposant, sans respecter une quelconque règle de droit. Les Sénégalais ont compris que c'était une affaire qui était particulièrement inacceptable et qui atteignait l'image du pays.»
La réponse à Me Pierre-Olivier Sur avocat de Mame Mbaye Niang
«Ça m'émeut parce que ça montre la fragilité d'un Etat qui a peur des mots d'un avocat. Cela se passe de commentaire. A la place de mon confrère, j'aurais refusé de participer à une pantomime, c'est-à-dire à une Cour vidée de son sens, où des avocats de la défense sont évacués de la salle, où un confrère de son barreau n'est pas admis sur le territoire où il était censé intervenir. Quant au rapport à l'honneur que cela engendre, chacun pourra se déterminer. Je suis plus que déterminé à revenir au Sénégal».
Le parquet et la visite des émissaires de l'Elysée
«J'attends surtout que l'Etat du Sénégal se rende compte du ridicule dans lequel ils ont sombré, qu'ils fassent marche arrière et qu'ils me permettent de venir défendre M. Sonko. J'ai appris que le procureur avait fait appel d'une décision qui était visiblement arrangée à la suite d'une visite d'émissaire de l'Elysée. Il n'y a aucun espoir à avoir quant à l'indépendance du parquet. Cela renforce la nécessité de défendre M. Sonko afin qu'il puisse être candidat et le futur président de la République du Sénégal».
Samba THIAM