EXAMEN DU PROJET DE BUDGET DU MINISTÈRE DES FORCES ARMÉES: L’opposition impose le débat, Yewwi vote «oui»deux programmes, «non» un programme et s’abstient pour le budget global



 
 
La tradition de vote sans débat du budget du ministère des Forces armées qui s’était imposée depuis toujours à l’Assemblée nationale a pris fin hier. L’opposition n'a pas adhéré à la demande de la majorité et le débat s’est posé. Ho surprise, si pour certains programmes, Yewwi a voté «oui», permettant à ce programme d’être voté avec 140 voix et quelques abstentions de Wallu, pour le programme «Maintien de l’ordre», Birame Souleye Diop et Cie ont voté «non». Et pour le budget global, ils se sont abstenu. Une situation incompréhensible.
 
 
On a failli assister à une première. Unanimité dans le vote. Pour la première fois depuis le début des plénières, les députés de Yewwi ont voté «Oui» deux programmes du ministère des Forces Armées. Pendant ce temps, une demi-douzaine de députés de Wallu se sont abstenus. Pour ces deux différents programmes, il y a eu 140 votes favorables. Mais pour le programme «Maintien de l’ordre», les parlementaires de la coalition Yewwi Askan Wi ont opposé un «non catégorique». Pendant que 23 députés de Wallu se sont abstenus. Et pour le vote du budget global, les députés de Yewwi se sont abstenu. De même que ceux de Wallu. Ainsi, le miracle n’a pas pu avoir lieu.
Autre nouveauté, le budget a été débattu en long et en large, contrairement à ce qui se faisait d’habitude.Guy Marius a ouvert le bal en demandant, comme à son habitude, le départ des troupes françaises. Pour lui, l’excuse d’exercice militaire ne tient plus la route. «Un élève qui fait des exercices depuis 1960 doit enfin maîtriser ses leçons. A moins que l’élève en question soit vraiment nul. 60 ans d’exercices, c’est quand même suffisant», a fait savoir Guy Marius. «La vérité, c’est que vous n’avez pas foi en notre armée nationale», dit-il.
A l’en croire, l’armée française n’est là que pour protéger des Présidents qui ont trahi leur peuple et avoir un œil sué nos ressources naturelles. Selon Guy, tout le monde sait que c’est l’armée française qui renforce les djihadistes maliens et burkinabè, alors nous n’avons rien à faire avec une armée d’occupation.
Cheikh Alioune Bèye est du même avis que Guy Marius Sagna, l’armée française n’a rien à faire au Sénégal. Mais pour lui, cette dernière ne devrait même pas attendre qu’on le lui demande. «C’est à l’armée française de partir ; elle n’a plus rien à faire dans notre pays», lance-t-il. Le Parlement a salué par contre la grande victoire de l’opposition qui a réussi à briser la chaîne en imposant le débat sur le budget du ministère des Forces armées.
 
 
Oumar Cissé : «en 2023, deux Sénégal se feront face, prenez garde…»
 
 
S’adressant à la hiérarchie militaire, le maire de Rufisque dira : «il arrive un moment qui va être très crucial en 2023. Deux Sénégal se feront face : un Sénégal majoritaire qui fera tout pour s’opposer à ce projet funeste de 3ème mandat et un autre Sénégal qui voudra rempiler et piétiner la constitution. De simples citoyens seront diabolisés parce qu’ils seront contre le projet du 3ème mandat», prédit-il. Pour lui, Pape Ale Niang en fait partie. «Quand cette situation se présentera, gardez en repérage que les camps qui se feront passeront et ce sera tous des fils de ce pays et ceux qui seront diabolisés sont d’authentiques Sénégalais», implore M. Cissé.
 
 
Ibrahima Diop : «il faut refuser d’être le bras armé de quiconque»
 
 
En réponse aux députés de Benno qui accusent l’opposition d’être contre l’armée, Ibrahima Diop dira : «personne n’a le monopole de l’amour pour notre armée. Ce n’est pas parce que l’on cherche à débattre de son budget que nous sommes de sous-Sénégalais ou des ennemis de la République. Nous rejetons un budget parce que nous ne sommes pas d’accord avec une politique»,explique-t-il. Se tournant vers les officiers, le député de Wallu déclare : «nous allons vers une échéance très importante en 2024. Le Président est entrain de faire son dernier mandat, il va devoir organiser la présidentielle sans y participer. Il faut refuser d’être le bras armé de quiconque. Nous voulons que la gendarmerie soit du côté du peuple». Sanou Dione estime que notre armée vaut mieux que ce à quoi on veut la réduire. Pour lui, on ne peut pas mettre la gendarmerie aux trousses des hommes politiques
Si ses collègues se projettent déjà en 2023, Rokhy Ndiaye convoque le présent, pour dénoncer l’acharnement exercé sur Ousmane Sonko et d’honnêtes citoyens, ses partisans, qui sont arrêtés sans motif valable. Pour elle, l’expertise de nos forces de l’ordre doit être orientée dans la gestion des vrais problèmes sécuritaires du pays.
Pour Samba Dang, la gendarmerie est aujourd’hui politisée. «Avant, c’était la Dic qui traquait les hommes politiques, mais aujourd’hui, c’est la gendarmerie qui a pris la relève. Oscar Sierra n’est pas l’homme que vous devez rechercher, vous ne l’aurez pas et il sera élu président de la République en 2024 et il va commander les troupes. Les hommes passent et les institutions demeurent, gardez cela en tête. C’est peine perdue, cette jeunesse consciente a décidé de placer sa confiance en lui, gardez cela en tête», lance-t-il.
Ahmed Dicko abonde dans le même sens pour dire que l’armée mérite tous les honneurs, mais «ce qu’on ne peut pas accepter, c’est que le Président Macky Sall, après avoir fait deux fois le tour du pays en étant opposant, mobilise la gendarmerie pour brimer un opposant qui fait sa tournée».
Daba Wagnane ouvre la brèche sur la disparition de Didier Badji et Fulbert Sambou, en invitant le ministre de les édifier sur leur cas. Pour elle, si on doit mobiliser la gendarmerie, ça doit être pour la sécurité des populations, au lieu de réquisitionner toutes les forces de l’ordre pour suivre Ousmane Sonko.
Abass Fall à son tour a évoqué le rapport interne de la gendarmerie dans l’affaire Adji Sarr qui serait falsifié, selon Ousmane Sonko. L’adjoint au maire de Dakar a invité Sidiki Kaba à éclairer la lanterne des Sénégalais sur ce fameux rapport.
 
 
Barthélemy Dias : «les gens ne peuvent pas disparaître comme ça»
 
 
Il a été virulent, même s’il s’est excusé à l’avance de devoir utiliser des mots crus. Barthélemy Dias a qualifié de scandale la disparition des deux militaires. «Dans une République qui se respecte, quand des forces de défense et de sécurité disparaissent, il ya un problème. Vouloir nous faire croire qu’un gendarme s’est noyé, on peut le comprendre, mais quand on nous faire que deux militaires se sont noyés, ça commence ce à faire gros», a-t-il dit.
Le maire de Dakar s’offusque aussi de la décision d’enterrer Fulbert Sambou sans autopsie, alors que cela pourrait élucider les circonstances de sa mort. Barthélemy Dias de demander au ministre ce qu’il compte faire pour élucider ce qu’il dit considérer comme un «assassinat». Aux forces de sécurité et de défense, Barthélemy Dias les invite à ne pas entrer dans le débat politique. Evoquant l’intrusion de la gendarmerie à l’hémicycle lors de l’installation du président de l’Assemblée, Barthélemy Dias dira : «si la gendarmerie devrait être apprivoisée par des députés avec des enveloppes, là il ya problème».
Les députés de Benno qualifient l’attitude de l’opposition d’antirépublicaine. Farba Ngom fait noter que depuis plus de 10 ans, le budget du ministère des Forces armées est voté sans débat pour le respect que l’hémicycle accordait à l’armée, mais cette nouvelle opposition n’est pas en mesure de comprendre ces questions de haute importance.
Abdou Mbow embouche la même trompette pour dire que lathéâtralisation des débats a pris le dessus à l’Assemblée nationale. A l’en croire, à l’exception de deux années, le budget des Forces armées a été toujours voté sans débat et les deux exceptions, c’était pour demander une augmentation.
 
 
Seydou Diouf : «s’attaquer à l’armée pour défendre un homme politique qui foule aux pieds la loi, c’est injuste et inacceptable»
 
 
Il est allé fort pour rappeler à l’ordre ses collègues de l’opposition. «Arrêtons d’invectiver de haut gradés de la gendarmerie. D’autres ont fait de la politique avant nous et d’autres viendront après nous, mais cette armée restera républicaine»,dit-il. Pour lui, s’attaquer à l’armée pour défendre des hommes politiques qui foulent la loi aux pieds, c’est injuste et inacceptable.
Nicolas Ndiaye sermonne des collègues de l’opposition. «Notre armée n’est pas une armée d’un régime, d’un président ou d’un ministre. Elle a été là depuis Senghor et rien n’a changé. Le Sénégal fait partie des rares et heureuses exceptions parce que notre armée est républicaine. Le professionnalisme de notre armée est reconnu par tout le monde, notamment l’Onu et la Cedeao», déclare-t-il. Poursuivant, M. Ndiaye souligne que l’armée a réussi à conserver son caractère nationaliste contre vents et marées.
 
NdèyeKhadyDIOUF
 
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