Le projet de budget 2022 du ministère de la Culture et de la Communication est arrêté à 29.062.525.802, soit une hausse de plus de 2 milliards par rapport à 2021.Après avoir soumis leurs interrogations au ministre et écouté ses réponses, les députés ont validé ledit projet de loi.
Hier, c’était au tour du ministère de la Culture et de la Communication de défendre son projet de budget devant l’hémicycle. L’Assemblée nationale a démarré la plénière avec une trentaine de députés.
Toussaint Manga : «la Rts n’accorde du temps qu’aux gens de la mouvance présidentielle»
Toussaint Manga a axé son intervention sur l’absence de budget allouéà l’entretien des infrastructures. A en croire le député libéral, c’est bien de construire des infrastructures culturelles, mais si l’entretien n’est pas assuré, ces derniers vont vite tomber en ruine. Abordant le cas de la Rts, Toussaint Manga estime qu’elle ne mérite pas l’argent et l’attention qu’on lui accorde puisqu’elle ne remplit pas son rôle. «C’est une télévision nationale qui doit s’intéresseràtoutes les questions,aussi contradictoires qu’elles puissent paraître. Mais nous constatons que tous les débats nationaux sont portés par les télévisions privées.La Rts n’accorde du temps qu’aux gens de la mouvance présidentielle ; l’opposition n’y a pas accès et ce n’est pas normal du tout. MêmeLe Soleil fait maintenant des effort en donnant de temps en temps la parole aux opposants. Il faudrait corriger cette injustice au plus vite», fulmine-t-il.
Abdou Mbacké Dolly : «la Rts fait de la discrimination et cela doit cesser. Elle ne mérite pas les 4 milliards qui lui sont alloués»
Abdou Mbacké Dolly, lui,trouve la répartition injuste puisque la Rts obtient près de 4 milliards alors qu’elle ne fait pas le travail qui lui est dévolu. «Elle ne mérite pas ces 4 milliards parce que nous sommes tous des Sénégalais et pourtant nous n’avons pas les mêmes droits que les gens du pouvoir dans cette télé. La Rts fait de la discrimination et cela doit cesser. Mais que voulez-vous, une télévision qui est dirigée par un retraité depuis quatre ans sans que personne ne pipe mot, c’est tout à fait normal qu’elle pense avoir le droit d’écarter qui elle veut», clame-t-il avant de plaider pour l’augmentation du budget alloué à l’Aps. Abdou Mbacké Dolly s’est aussi interrogé sur les lenteurs qui font que le code de la presse n’est jusque-là pas appliqué.
Seydou Diouf : «il faut que l’État soit plus regardant par rapport au comportement de la presse étrangère…»
Ce qui préoccupeSeydou Diouf , c’est le comportement de la presse étrangère et des firmes étrangères par rapport à la maîtrise de la communication dans notre pays. «Aujourd’hui, l’enjeu de l’exploitation du pétrole et du gaz doit nous permettre d’être beaucoup plus regardants sur l’attitude de certains grands groupes de presse étrangers qui, lorsque leurs unités industrielles nesont pas retenues, peuvent avoir des attitudes de communication susceptibles de poser des problèmes à l’intérieur du pays», fait-il remarquer, avant de pointer du doigt la démocratisation de l’accès à la publicité à ses groupes de presse étrangères.
Abdou Aziz Diop : «nous devons créer une agence nationale de publicité pour régler une bonne fois les problèmes de ce secteur»
Abdou Aziz Diop,quant à lui, a abordé la question des panneaux publicitaires démolis par la Dscos sur la corniche. «L’association professionnelle des régies publicitairesest dans tousses états. Au moment où on parle de résilience économique, on se permet de supprimer des emplois, sources de revenus de plusieurs dizaines de pères de famille. Ils sont d’accord qu’il faut assainir le secteur,mais il ya une manière de le faire. Dans les pays voisins comme la Côte d’Ivoire ou encore le Mali, on trouve des agences nationales de la publicité. Je crois que nous devons aller dans ce sens pour régler le problème une bonne fois pour toutes».
Cheikh Tidiane Gadio : «on ne peut pas aimer la culture sans aimer ses hommes. Les hommes de culture méritent plus de respect et de considération»
Cheikh Tidiane Gadio a, lui, plaidé pour une plus grande considération et une protection accrue de l’artiste sénégalais.«Les hommes et femmes de culture ne sont pas respectés. On ne peut pas aimer la culture sans aimer ses hommes. On attend toujours qu’ils nous quittent pour leur rendre hommage. Pourquoi ne pas le faire avant ? Je pense qu’ils méritent plus de respect et de considération. Il faut les protéger et les assister»,a lancé Gadio, qui regrette aussi que le prix de Mohamed Mbougar Sarr n’ait pas été célébré comme il se doit.
Aida Mbodji,elle,souhaiterait que l’on introduise l’histoire des grandesfigures dans le curricula pour permettre aux jeunes de connaître non seulement leur histoire, mais aussi de s’inspirer de leurs exploits. Pour elle, le Président Senghor avait raison de penser que la culture doit être la première priorité d’un pays. Sur un autre registre, Aida Mbodji a soulevé la question des radios locales qui, selon elle, sont plus aptes pour faire passer les messages. A l’en croire, il faut outiller encore plus les radios locales.
NdèyeKhady DIOUF