Les députés sont sur la dernière ligne droite du marathon budgétaire et c’est certainement la cause de la baisse de l’ardeur notée dans les interventions. Ils ont reçu le ministre de l’Environnement hier, dans une ambiance plutôt calme, tout le contraire de ce à quoi ils ont habitué le public. Les interventions ont porté généralement sur la dégradation de l’environnement. Les députés désignent l’Etat comme le premier coupable et invitent le ministre de l’Environnement à y remédier.
La salle était quasiment vide, beaucoup de députés inscrits ont passé leur temps de parole car n’étant pas dans la salle ou considérant que leurs inquiétudes ont été déjà prises en compte par les collègues qui les ont précédés. Les principales questions abordées ont tourné autour des nombreuses agressions que subit l’environnement au Sénégal. C’est la raison pour laquelle beaucoup de députés ont jugé insuffisant le budget qui s’élève à 67 milliards et quelques en autorisation d’engagement et 38 milliards 781 millions en crédit de paiement.
C’est le cas de Ayib Daffé et Sokhna Ba.Guy Marius Sagna déplore pour sa part le sous-effectif des agents des Eaux et forêts alors qu’il y a suffisamment de diplômés à enrôler. «Les diplômés de l’Ecole des eaux et forêts ont dit que vous devriez recruter 60 d’entre eux en 2020 vous en avez pris 39 ; en 2021, alors que vous aviez un quota de 35, vous en avez pris 9 seulement et c’est comme ça toutes les années, alors que nous n’avons que 1022 agents. Selon eux, il y a des magouilles dans le recrutement», a-t-il laissé entendre.
Dr Oumar Cissé a abordé le problème du Lac Rose qui est transformé en un bassin de rétention. «Le Lac Rose est actuellement le plus grand bassin de rétention de Dakar. Les ruissellements qui viennent des communes environnantes se déversent tous dans le lac. Il y avait des ruissellements, certes, mais l’agriculture qui était pratiquée aux alentours servait à filtrer les eaux », dit-il avant de faire noter que malheureusement, ce sont des eaux usées qui y sont déversées actuellement. Pour lui, si l’on ne prend garde, d’ici peu, il n’y aura plus de sel et les emplacements touristiques n’auront plus raison d’être, c’est un énorme enjeu».
Pour Sanou Dione, il faut que l’Etat revoie sa politique environnementale, surtout pour la région de Dakar parce que la capitale sénégalaise est entrain d’étouffer. «Elle est devenue une ville béton. Il n’y a plus de terrains habitables, mais les gens sont entrain de vendre les champs. La forêt classée de Mbao, le Technopole sont morcelés. La pollution automobile est entrain de tuer les populations et aucune mesure dans ce sens», déclare-t-il avant d’aborder la question des 44 milliards d’armement pour demander des clarifications.
Cheikh Aliou Bèye embouche la même trompette et précise que la réponse du ministre de l’Environnement sur l’affaire des 45 milliards en commission est différente de celle dans le rapport.«Veuillez nous éclairez. Nous devons savoir de quoi il s’agit exactement. Vous devez aussi faire une enquête sur l’affaire des Oryx», dit-il. Le député de Pikine, Abdoulaye Diop,à l’instar de Bara Gaye, a posé le problème de Mbeubeuss pour demander au ministre d’y trouver le plus rapidement possible une solution.
Le problème de la déforestation a aussi été l’un des points saillants de la séance plénière du ministère de l’Environnement. Selon Bakary Diédhiou, la coupe de bois menace sérieusement la forêt de Casamance, qui est la seule grande entreprise qui nourrit les populations. A cela,dit-il, s’ajoute les feux de brousse. A l’en croire, si l’Etat ne fait rien contre les feux de brousse, il risque d’injecter de l’argent dans le projet de L’agropole Sud, pour rien au final. Et pour combler le vide créé par la déforestation, il faudrait que l’on privilégie les arbres fruitiers dans le reboisement.
La salinisation des terres cause, selon les députés, énormément de problèmes aux populations. D’après Astou Ndiaye, la salinité des terres est devenue un fléau à Kaolack. Ahmed Dicko fait remarquer que la récolte de riz dans les faros n’est plus aussi fructueuse à cause de la salinisation des terres. Rokhy Ndiaye pointe du doigt à son tour l’effet du sel sur les bâtiments.
NdèyeKhadyDIOUF