Cacophonie à l’hémicycle, l’opposition boude les travaux, la majorité en roule libre
La ministre de la Santé et de l’Action sociale était hier l’hôte des députés. L’objet des discussions devait porter sur trois projets de loi : le premier concerne l’abrogation des villages de recasement des lépreux, le deuxième la réglementation des médicaments et le dernier la réglementation du cadre juridique de l’Ordre des chirurgiens-dentistes. Seuls les députés de la majorité ont voté les projets de loi. Ceux de l’opposition, minorisés suite à leur demande d’ajournement des travaux, ont boudé l’hémicycle.
Encore des turbulences à l’Assemblée nationale. Les députés de l’opposition, au vu de la situation actuelle, ont demandé l’ajournement des travaux. C’est Mohamed Ayib Daffé de Sédhiou, qui va ouvrir les hostilités. Dans sa déclaration, il dira que les familles sont endeuillées avec ce qui s’est passé ces derniers jours. Pour lui, l’Assemblée devait se passer de l’exercice du vote du projet à cause des pertes en vies. «Il y a plus urgent à gérer que le vote de ce projet de loi. Le pays est endeuillé et on se regroupe ici pour moins important que ces morts. Notre pays est en train de traverser des moments difficiles avec des évènements qui l’ont endeuillé. On nous parle de 16 morts et les structures de santé croulent sous le poids des blessés. Les familles endeuillées n'ont pas pu récupérer leurs corps. On ne sait pas s'il y aura autopsie ou pas. Je propose qu'on reporte le délibéré à des jours plus favorables parce que tout le pays est bloqué», a dit le député.
Guy Marius Sagna de dire que «19 personnes sont mortes en trois jours, et malheureusement personne n’a entendu Macky Sall parler. Il faut qu’il arrête, sinon la résistance constitutionnelle va continuer».
Sanou Dionne, lui, de dire qu’il va «proposer l’ouverture d’une commission d’enquête sur les informations que la police a données. Sur ce que les Forces de défense et de sécurité ont déclaré en conférence de presse hier sur la situation du pays et des forces occultes ». Mais c’était sans compter avec le camp de la majorité.
Amadou Woury Diallo, Bby : «chacun se fera justice si…»
Amadou Woury Diallo de la majorité présidentielle de dire : «le pays ne devrait pas s’arrêter. Tout le monde est en activité. Le petit Goorgoorlu est en activité. Nous devrons représenter dignement ceux qui nous ont emmenés ici. Ces évènements devraient nous faire sortir de la démagogie, du mensonge et dire la vérité. Le Sénégal restera debout. L’Etat doit rester ferme sinon chacun se fera justice».
Seydou Diouf pense la même chose. Pour lui, que les travaux ne doivent pas être ajournés ou reportés. Ce sont les politiques, une minorité, dit-il, qui tient le pays en otage. «Quelle que soit la situation politique, l’Etat doit fonctionner. Nous, acteurs politiques, c’est nous qui avons pris en otage les Sénégalais. Il faut dialoguer. Il faut que les leaders politiques fassent preuve de responsabilité».
Aly Mané : «désormais, œil pour œil, dent pour dent»
Pour sa part, Aly Mané a été on ne peut plus ferme. «L’Etat restera debout. Ça ne passera pas. Des autopsies seront faites pour déterminer les circonstances des décès. Vous devrez arrêter d’instrumentaliser les jeunes pour aller incendier les maisons des responsables de l’Apr. Désormais, ce sera œil pour œil, dent pour dent. Il y a des députés de Yewwi qui sont dans un complot terroriste», défie le parlementaire de Benno.
Invités à voter la motion de l’opposition, les députés l’ont rejetée. Ce qui a eu comme conséquence la bouderie des députés de Yewwi Askan Wi et ceux de Wallu Senegal. Finalement, il ne restait que les parlementaires membres de la coalition Benno Bokk Yaakaar.
Baye Modou SARR