Décidément, Aminata Touré n’arrive toujours pas à digérer le choix porté sur ue autre personne de diriger l’Assemblée nationale. La tête de liste de Benno continue de ruminer sa colère parce qu’elle jure que Macky Sall lui avait promis le poste. Mais, selon l’ancien Premier ministre, la question centrale de son désaccord avec le chef de l’Etat, c’est le 3ème mandat. Aussi, fait-elle cap sur 2024.
Aminata Touré va quitter la coalition Benno Bokk Yakaar. Elle l’a fait savoir hier lors de son point de presse au Gondolier. Et le président de l’Assemblée nationale va recevoir sa lettre de démission dudit groupe pour déposer ses baluchons chez les non-inscrits. «Je compte rester député à l’Assemblée nationale pour défendre les intérêts exclusifs du peuple sénégalais et en toute liberté. Ainsi, en vertu de l’article 22 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale, j’adresserai donc dès demain unelettre au président de l’Assemblée nationale pour l’informer que je me libère du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar pour devenir député non-inscrit»
Aminata Touré, qui tient visiblement à ses «5175 km parcourus pendant 21 jours sous la chaleur hivernale, la pluie, la faim, les très longues journées et les très courtes nuits» lors de la campagne des législatives, est revenue sur l’incident du 12 septembre dernier à l’Assemblée nationale pour, dit-elle, rétablir un certain nombre de faits concernant la présidence de la 14ème législature.«Il aurait été impossible pour moi comme politicienne d’expérience de n’avoir pas trouvé un accord préalable avecle Président Macky Sall sur le poste de président de l’Assemblée nationale avant de m’engager à coordonner le parrainage qui a duré des semaines et ensuite faire le tour du pays pour la campagne des législatives.Le Président Macky Sall sait très bien que nous avions un accord ferme. De hautes personnalités de ce pays peuvent en témoigner, car il le leur a dit bien à l’avance».
«Heureusement que j’ai le cœur solidement accroché»
Aminata Touré se dit heureuse d’avoir un cœur solide qui ne l’a pas lâché lors de la matinée de l’installation de l’Assemblée nationale. «Le 12 septembre, à exactement 9h26, le Président Macky Sall m’a appelée pour me dire qu’il a finalement changé d’avis, exactement 17 minutes avant l’arrivée de ses émissaires à l’Assemblée nationale, venus annoncer le nom de son candidat.(…) Heureusement que j’ai lecœur solidement accroché, Dieu merci! Voilà ce qui s’estpassé alors que je pense lui avoir offert tout mon engagement, ma loyauté pendant plus de 10ans, en dépit des nombreuses injustices qu’il m’a fait lui-même subir, sans réelles raisons objectives», dit Mimi Touré qui assume tout de même son choix d’avoir accompagné le Président Sall dans la construction du Sénégal. «Etais-je naïve ? Non, c’est un choixde vie», déclare celle qui se définit désormais comme député du peuple.
Macky Sall a envoyé des émissaires me faire nuitammentdes propositions de poste
L’ancien ministre de la Justice affirme avoir eu pourtant, régulièrement le choix de partir travailler à l’étrangeravecles nombreuses offres de poste de haut niveau àl’Onu, la dernière endate, c’était un mois avant les élections législatives de juillet dernier. «Ce n’est pas une histoire deposte encore moins de privilège, (…) J’aurais pu dire oui aux propositions de poste quele Président Macky Sall a envoyées ses émissaires me faire nuitamment», révèle-t-elle avant de rappeler qu’elle a délaissé un poste de fonctionnaire international àNew York où elle dirigeait le département Droits Humains et Genre du Fonds des Nations-Unies pour laPopulation que, pour accompagner Macky Sall politiquement alors «qu’il n’avait aucune fonction, il n’avait rien à offrir, il était dans l’opposition avec aucune certitude de devenir Président de la République».
«La politique, ce n’estpas la ruse, l’abus de confiance et la préférence familiale»
Pour elle, «lapolitique, ce n’est pas la ruse, l’abus de confiance et la préférence familiale. La politique peut etmême doit s’accompagner devaleurs humaines, d’éthique et surtout de respect de la parole donnée et par dessus tout, du respect de nos lois et règlements».
A en croire Aminata Touré, le 3ème mandat est la question centrale de tout ce qui se passe : c’est «impossible juridiquement, impossible moralement. Je me serais dédite moralement en théorisant haut et fort la possibilitédu 3ème mandat du Président Macky Sall que je serais à cette heure-ci entrain devous offrir un cocktailde bienvenue comme présidente de l’Assemblée nationale», précise-t-elle avant de lancer une série d’interrogations. «Comment alors aurais-je pu me regarderdans la glace? Comment aurais-je pu regarder mes enfants dans lesyeux ? Comment aurais-je pu regarder les Sénégalaisdans les yeux ? ».
«2024, j’y pense, j’y pense encore plus intensément, j’y pensetrès sérieusement»
Pour montrer sa détermination, Aminata Touré souligne : «dès ce soir le CS2i (le Comité Spécial d’Insultes et d’Invectives) mis en place par de soi-disant faucons du Palais va se déchainer mais c’est peine perdue. Rien ne saurait nous intimider ou nous faire reculeret les Sénégalais apprécieront», prévient-elle.
Aminata Touré déclare ensuite que « dans exactement 15 mois, le Président Macky Sall quittera lepouvoir, j’espère dans la paix et la sérénité car il ne sera pas acceptable que des vies soient perdues, des personnes blessées ou des biens endommagés dans une tentative de 3ème mandat juridiquement et moralement impossible».
Pour se projeter sur 2024, l’ancienPremier ministre avoue qu’elle y pense fortement «(…) j’y pense ! J’y pense encore plus intensément, j’y pensetrès sérieusement. J’irais au préalable à la rencontre des Sénégalais etdes Sénégalaises recueillir leurs avis et leur soutien», assure-t-elle avant de promettre de revenir sur la question très prochainement.Au vu de ces faits, Aminata Touré est certaine qu’après le CS2i, le CMHA (Comité Mimi hors de l’Assemblée) va se mettre activement en action mais, prévient-elle, «juridiquement rien, je dis bien rienne peut m’exclure de l’Assemblée nationale».
NdèyeKhadyDIOUF