Si les autorités ne réagissent pas, le secteur de la pêche pourrait connaître des difficultés très prochainement. Des syndicalistes très remontés contre leur ministre de tutelle ont fait face à la presse hier pour étaler leur mécontentement. Ces derniers accusent Alioune Ndoye d’anéantir tout leur espoir en les écartant des concertations. Chérif Sambou et Cie fixent donc le 9 décembre prochain comme ultimatum et si rien n’est fait, ils promettent de paralyser le marché du poisson.
Alioune Ndoye et son équipe gagneraient à organiser au plus vite des concertations avec les acteurs de l’intersyndicale du secteur de la pêche. Ces agents, qui ne digèrent pas le manque de considération du ministre de la Pêche, invitent l’État à rectifier le tir avant qu’il ne soit trop tard. Chérif Sambou,porte-parole de l’Intersyndicale du secteur de la pêche, a présenté hier une longue liste de griefs qu’il urge de régler.Se comparant aux autres fonctionnaires de l’Etat, les syndicalistes du secteur de la pêche estiment qu'ils n'ont pas la considération des autorités et pourtant ils abattent un travail très important. «Nous mettons en danger nos vies en permanence pour permettre aux Sénégalais d’avoir du bon poisson. C’est nous qui contrôlons la qualité du poisson que nous mangeons au Sénégal,mais aussi ceuximportés ou exportés. Nous travaillons sans relâche parce que l’effectif est très faible et pourtant un bon nombre de jeunes sont diplômés mais l’État ne fait rien pour changer la situation», fulmine-t-il.Poursuivant, Sambou souligne :«nous faisons un travail transversal. Nous faisons figure d’enseignants, de techniciens, douaniers et parfois même nous faisons le gendarme. Alors, nous ne pouvons pas comprendre qu’on nous traite avec autant de dédain».
Leur déplacement au niveau de Diamniadio constitue aussi un réel problème. «Nous avons été déplacés à Diamniadio et tout le monde connaît les difficultés que l’on rencontre pour rallier notre lieu de travail. Les autorités avaient eu la bonne idée de nous allouer des bus au début, mais avec l’arrivée du Covid-19, ils ont été retirés et depuis lors, on se débrouille pour aller travailler. Certains s’absentent même à cause de ses difficultés dans le transport», renseigne leur porte-parole.A en croire Chérif Sambou, les agents dans les régions manquent cruellement de moyens puisque dans certaines zones comme Kédougou, l’inspecteur départemental n’a même pas de véhicule. Il est obligé de louer des Jakarta pour faire ses tournées.
«Alioune Ndoye a fait pire que tous ses prédécesseurs»
Pour ces agents, ce qui leur fait encore plus mal, c’est l’attitude de leur ministre de tutelle. Selon leur porte-parole, Alioune Ndoye a fait pire que tous ses prédécesseurs. «Quand les problèmes ont survenu, il s’est entretenu avec tout le monde sauf les syndicalistes. Nous lui avons écrit pour qu’il corrige,mais il n’a rien fait. Il est resté sur sa position. Il faudrait qu’il sache que nous ne sommes pas ses ennemis,nous sommes des partenaires», précise-t-il avant d’affirmer qu’aucun plan de carrière n’est défini pour eux. La preuve :la plupart des agents gardent le même salaire jusqu’à leur retraite. Ils disent vouloir évoluer, avoir des bourses et opportunités comme tous les agents de l’État. «Nous ne pouvons pas être des ingénieurs et gagner moins que les ingénieurs des autressecteurs. Nous réclamons nos indemnités de logement comme le perçoivent tous les agents de l’État.Nous voulons aussi quela question de la formation des agents soit prise au sérieux», confie leur porte-parole avant de prévenir les autorités: «nous avons déposé un préavis de grève qui prend fin le 9 décembre. Nous appelons donc les autorités à des concertations pour régler ces questions.Les acteurs de l’agriculture et l’élevage ont déjà entamé leurs discussionsmais pour la pêche nous sommes toujours au point mort», constatent les syndicalistes.«En attendant que l’on prenne en charge nos préoccupations, nous allons retenir les informations pour les statistiques. Si rien n’est fait, nous allons paralyser le secteur de la pêche», menacent-ils.
NdèyeKhady DIOUF