ETUDE SUR LA TRANSITION DANS LA PAUVRETE ET LES INEGALITES DE REVENUS ENTRE 2011 ET 2019 AU SENEGAL: La population sortant de la pauvreté est de 5,53% et celle y basculant de 0,19%



 
 
Entre 2011 et 2019, le taux de pauvreté individuelle au Sénégal est de 37,8%. Néanmoins, le taux d’extrême pauvreté est passé de 12,2% à 6,8% sur la même période. Et, la population sortant de la pauvreté est de 5,53% alors que celle basculant dans la pauvreté est de 0,19%. C’est ce qui ressort de l’étude sur la transition dans la pauvreté et les inégalités de revenus entre 2011 et 2019 au Sénégal dont la restitution a été faite hier par le Bos/Pse. 
 
 
 
 
 
En vue de mieux apprécier la situation de la pauvreté au Sénégal dans toutes ces dimensions, le Bureau opérationnel de suivi du Plan Sénégal émergent (Bos/Pse), avec l’appui du programme des Nations-Unies pour le développement (Pnud), a conduit une étude sur la transition dans la pauvreté et les inégalités de revenus entre 2011 et 2019 au Sénégal. L’atelier de restitution a été organisé hier en présence du Directeur général de l’Ansd Aboubacar Sadikh Bèye et du Directeur général du Développement communautaire, Moussa Bar Faye, venu représenter le ministre du Développement communautaire, de la Solidarité nationale et de l’Equité sociale et territoriale. Cette première étude aborde la dynamique de la pauvreté au Sénégal depuis la publication de l’enquête pauvreté (Ehcvm) de 2018/2019 sur les conditions de vie des ménages. Selon le coordonnateur du pôle suivi impact socio-économique du Bos, Baye Elimane Guèye, qui a fait la présentation de l’étude, a rappelé que le taux de pauvreté du Sénégal a reculé de 8,5 points pour s’établir à 46,7% entre 2001 et 2011. La pauvreté en 2011 était plus accrue en milieu rural où 57,3% des populations étaient pauvres et vulnérables. Il précise aussi que l’incidence de la pauvreté individuelle au Sénégal est de 37,8% selon l’approche basée sur le seuil de pauvreté national et révélée par l’Enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages (Ehcvm 2018/2019). Ce qui lui fait dire que le Sénégal (37,8) a le plus faible taux de pauvreté de l’espace Uemoa en 2018. En effet, entre 2011 et 2018, le taux de pauvreté a connu une baisse de 5 points de pourcentage.
 
Le taux d’extrême pauvreté est passé de 12,2% à 6,8% entre 2011-2018
 
L’enquête est aussi revenue sur les disparités selon le genre et le milieu de résidence. En effet, 21,8% des ménages dirigés par des femmes sont pauvres contre 42,7% sous l’autorité d’un homme. Au Sénégal, les ménages sont majoritairement dirigés par des hommes (76%), mais la pauvreté est moins répandue dans les foyers dirigés par des femmes comparativement à ceux dirigés par des hommes. Par rapport au milieu de résidence, la pauvreté est plus accentuée en milieu rural (53,6% contre 19,8% pour le milieu urbain) où il ressort une baisse plus importante du niveau de pauvreté par rapport à 2011 (5,2 points contre 2,1 points pour le milieu urbain). Les résultats de l’enquête révèlent également que le taux d’extrême pauvreté est passé de 12,2% à 6,8% sur la même période. En ce qui concerne le niveau de pauvreté par région en 2018, il ressort de l’analyse que les régions de Sédhiou (65,7%), Kédougou (61,9%), Tambacounda (61,9%), Kolda (56,6%), Kaffrine (53,0%) et Ziguinchor (51,1%) sont les plus touchées. Le nombre de pauvres au Sénégal est ainsi passé de 6,3 millions entre 2001 et 2011 à 6,03 millions entre 2012 et 2019. Selon le milieu de résidence et selon les chefs de ménages, la pauvreté en 2018 est plus faible chez les ménages dirigés par une femme (12% en milieu urbain et 38% en milieu rural) que chez les ménages dont le chef est un homme (23% et 56% respectivement). En milieu urbain, la baisse de la pauvreté est plus importante chez les ménages sous l’autorité d’une femme (5 points contre -1 point pour les hommes) tandis qu’en milieu rural la baisse est presque identique selon le genre du chef de ménage.
 
La part de la population sortant de la pauvreté est plus importante en milieu urbain (3,89%) qu’en milieu rural (2,52%)
 
Les résultats de l’étude ont également montré qu’entre 2011 et 2018, la proportion de la population sortant de la pauvreté (5,53%) est supérieure à celle basculant dans la pauvreté (0,19%). En d’autres termes, 5,53% de la population sort de la pauvreté tandis que 0,19% tombe dans la pauvreté. Toutefois, la proportion de ménages frappés par la trappe à pauvreté est toujours inquiétante : environ 37%. La part de la population basculant dans la pauvreté est plus élevée en milieu rural qu’en milieu urbain. En effet, la part de la population sortant de la pauvreté est plus importante en milieu urbain (3,89%) qu’en milieu rural (2,52%). Les résultats ont aussi montré que la proportion de ménages basculant dans la pauvreté est deux fois plus élevée dans les ménages dirigés par une femme que dans les ménages dirigés par un homme. Des efforts de sortie de la pauvreté sont notés dans des secteurs prioritaires tels que les services (tourisme, éducation, santé, commerce). Toutefois, les ménages des branches d’activités du commerce et de l’agriculture ont les taux de transition dans la pauvreté les plus élevés. En outre, les résultats relèvent que plus de 64,9% de la différence du budget de consommation entre pauvres et non pauvres est expliquée par les disparités en termes d’éducation, de santé et de milieu de résidence, etc. Ainsi, 35,1% de cette même différence est due à une discrimination pure. On observe également que les différences de consommation entre les riches et les pauvres sont expliquées en grande partie par les dimensions « Économie » et « Genre ». Ces deux dimensions contribuent à plus des deux tiers 74% de l’écart.
 
M. CISS
 
 
 
 
 
LES ECHOS

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