Des agents de la police espagnole ont arrêté un homme d'affaires de San Vicente del Raspeig et le responsable de l'entreprise, un Sénégalais, pour les deux délits de violation des droits des travailleurs et menaces de mort. En effet, le duo retenait des citoyens d'origine africaine, des compatriotes en majorité, pour la réparation des palettes. Un travail pour lequel ils recevaient une somme dérisoire. De plus, ils n’ont jamais été inscrits à la Sécurité sociale.
Incroyable mais vrai. Un homme d'affaires espagnol et son manager sénégalais ont été arrêtés pour exploitation d'Africains à Alicante. L’enquête a débuté à la suite de la plainte déposée par l'une des victimes en début juillet. Tout de suite, les enquêteurs ont pris en charge l’affaire. Ainsi, ils ont mis en place un dispositif de surveillance discret dans l'entreprise et le lieu présumé où notre compatriote, manager de la boite, rassemblait les travailleurs avant de les envoyer dans l’entrepôt situé dans la zone industrielle.
À la suite de la surveillance exercée, le groupe d'enquêteurs a pu apprendre que, du lundi au vendredi, à la même heure, notre compatriote récupérait avec le fourgon de la société un groupe d'individus d'origine africaine. Ils se rendaient ensuite à l'entrepôt, où ils restaient jusqu'à 19 heures, heure à laquelle il les ramenait au point de collecte. Les samedis par contre, ils revenaient à 12h 30.
12 heures d'affilée payées entre 0,58 centimes et 2,5 euros l'heure
Les investigations menées ont pu démontrer que les travailleurs n'étaient pas inscrits à la Sécurité sociale, qu'ils travaillaient 12 heures d'affilée et percevaient un salaire compris entre 600 et 700 euros par mois, soit environ 2,5 euros de l'heure pour ceux qui travaillaient tous les jours. Par contre, ceux qui travaillaient onze jours par mois en journées de douze heures étaient rémunérés à 0,58 euros l'heure.
Et personne ne devait piper mot. Les salariés qui réclamaient de meilleures conditions ou un salaire plus élevé recevaient en retour des menaces de la part de notre compatriote.
Face à ces journées marathon dans des conditions de semi-esclavage auxquelles étaient soumis les travailleurs, profitant de leur situation irrégulière en Espagne, avec un salaire très bas, et recueillant tous les éléments probants qui laissaient présager clairement qu’une exploitation était en cours contre les droits des travailleurs, les enquêteurs ont coordonné avec l'Inspection du travail d'Alicante, afin de procéder à une inspection dans l'entreprise.
La conduite de l'opération a abouti à l'arrestation de l'homme d'affaires et du directeur de l'entreprise ainsi qu'à l'identification des 7 travailleurs qui se trouvaient sur place.
L'homme d'affaires détenu, un ressortissant espagnol de 43 ans, sans antécédent, ainsi que le responsable de 44 ans de nationalité sénégalaise, avec antécédents, ont été arrêtés.
Khadidjatou DIAKHATE