EN TOURNÉE POLTIQUE À LOUGA: Idrissa Seck déplore «l’incompétence du président de la République» et l’accuse d’utiliser la justice contre ses adversaires



 
 
Dans la région de Louga, dans le cadre de sa tournée nationale, Idrissa Seck a accusé le Président Macky Sall de manipuler la justice pour museler ses adversaires politiques. L’ancien Premier ministre a abordé d’autres points, notamment l’Aéroport de Diass, mais aussi la campagne arachidière. Très insatisfait de la situation sociopolitique dans laquelle se trouve le Sénégal, l’ancien Premier ministre (novembre 2002-avril 2004) a fait un diagnostic des maux du pays, prescrivant par la même occasion les remèdes qu’il estime être à même de changer la donne. Idrissa Seck qui, depuis quelques semaines, effectue une tournée politique à l’intérieur du pays a, en effet, fait un survol de l’actualité nationale. Abordant à la fois la situation du monde rural, la question de l’indépendance de la justice, l’offre de dialogue politique du président de République, entre autres, le président du Conseil départemental de Thiès n’a pas été tendre avec Macky Sall et son régime. «La première préoccupation, c’est que notre justice doit cesser d’être manipulée pour servir d’instrument de destruction d’adversaires. Ensuite, il faut que la précipitation, les slogans cessent et qu’on s’occupe des véritables problèmes des populations», a d’abord indiqué Idrissa Seck. «Notre justice doit cesser d’être manipulée pour servir d’instrument de destruction d’adversaires» Abordant la situation du monde rural, le Président de Rewmi s’est fait l’avocat des populations qui souffrent. «(…) Partout où je suis passé, les paysans m’ont parlé de la catastrophe que représente la campagne agricole». S’il en est ainsi, c’est parce que, pense-t-il savoir, «si l’État fixe le prix aux producteurs à 210 F Cfa, mais n’amène pas l’argent pour acheter la récolte, les paysans sont obligés, pour faire face à leurs préoccupations, d’aller dans les Loumas et vendre leurs productions à des prix dérisoires de 175 ou 195. Ils sont obligés de brader leurs productions à ce prix-là parce que l’État n’est pas présent». AIBD : «ouvrir un aéroport qui n’a pas toutes ses certifications, qui n’est pas prêt, qui n’a pas de zone fret, c’est une catastrophe» Très en verve, l’ancien maire de Thiès a par la suite abordé la situation qui prévaut au niveau de l’Aéroport international Blaise Diagne (Aibd) secoué, il y a quelques jours, par un mouvement d’humeur des aiguilleurs du ciel, alors qu’il vient juste d’ouvrir ses portes. À ce propos, Idrissa Seck dira que cette situation n’est que le résultat d’une précipitation des autorités. «Quand on se précipite et qu’on ouvre un aéroport qui n’a pas toutes ses certifications, qui n’est même pas prêt, qui n’a pas de zone fret, c’est une catastrophe ! Comment voulez-vous appeler cela, si ce n’est de l’incompétence», a-t-il ajouté, soutenant que tout ça traduit «l’incompétence du président de la République». «le président de la République n’honore pas sa parole et ses engagements» Sur l’offre de dialogue du chef de l’État, l’ancien Premier ministre fait savoir à qui veut l’entendre qu’il n’y a que «les personnes qui honorent leur parole et leurs engagements» qui sont dignes d’être son interlocuteur en matière de dialogue. Et comme pour faire clair, Idrissa Seck de préciser : «le président de la République n’en fait pas partie». Il s’explique : «Le président de la République ne peut pas passer son temps à manipuler la justice, en faire une arme de destruction de ses adversaires politiques, à être un agresseur contre ses adversaires politiques pour après les appeler au dialogue. Ça n’a aucun sens…», fulmine Idrissa Seck qui note à l’endroit du président de la République que les actes posés ne sauraient être modifiés par de simples déclarations d’intention. «Un ministre de l’Intérieur partisans n’est pas un arbitre digne de confiance» Estimant qu’il n’y a pas plusieurs alternatives pour arriver à un dialogue sincère, Idrissa Seck a fait savoir que les faits qui doivent être posés sont très clairs. Pour lui, il s’agira d’abord pour le Président Macky Sall de nommer une personnalité neutre pour s’occuper des élections. Et éviter de confier celles-ci à ses militants. «Un ministre de l’Intérieur qui est son militant et qui veut que son parti gagne n’est pas un arbitre digne de confiance», dira-t-il à ce propos. Ensuite, dit-il, le Président devra arrêter d’utiliser la justice pour museler ses adversaires politiques. Et enfin, il devra ordonner la distribution des cartes d’identité. D’ailleurs, estime-t-il, Il n’y en rien à dialoguer sur ce point. «Je veux que Macky Sall soit sérieux, qu’il arrête de faire semblant» Interpellé sur l’arrivée aujourd’hui du Président Macky Sall dans son fief de Thiès, pour les besoins du lancement des travaux de construction de la nouvelle usine d’eau potable de Keur Momar Sarr (Kms3), qui doit avoir lieu à Fandène, Idrissa Seck demandera au Président d’arrêter de tromper son peuple. «Je veux qu’il soit sérieux, qu’il arrête de faire semblant», raille-t-il. Avant d’indiquer que les populations à l’intérieur n’ont pas accès à l’eau. «Quand on superpose la carte de l’espérance de vie avec la carte de l’accès à l’eau potable, on se rend compte que les zones où l’espérance de vie est la plus faible, entre 25 ans, 30 ans, 35 ans, recouvrent exactement la carte où l’accès à l’eau des populations est nul», a expliqué l’ancien Premier ministre.
Sidy Djimby NDAO

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