Employé depuis un an et demi dans une brasserie de Figeac, en France, notre compatriote Saïdou Diao est menacé d’expulsion. Une mobilisation s’organise au cœur de la sous-préfecture du Lot pour dénoncer cette décision et demander un autre examen de sa situation.
Agé de 38 ans, originaire du Sénégal, Saïdou Diao est au centre de l’attention. Discret et travailleur, il a plutôt l’habitude d’être en cuisine, à l’abri des regards, à la brasserie de la Monnaie à Figeac où il fait partie intégrante du personnel. "C’est un garçon exemplaire, d’une gentillesse exceptionnelle", témoignent Cyril et Maryse Lalanne, les gérants qui se mobilisent pour éviter son départ vers son pays d’origine, le Sénégal. Saïdou Diao est en effet sous le coup d’une mesure d’éloignement du territoire prononcée le 12 juillet dernier ; la date de son expulsion a été fixée au 15 août prochain. "Il a déjà son billet d’avion", déplorent ses employeurs très présents à ses côtés. "Saïdou est employé depuis le 1er janvier 2023. Il a toujours été déclaré, j’ai toutes ses fiches de paie. Il n’a jamais fait une minute de travail illégal. C’est une situation ubuesque", assure Cyril Lalanne.
Le restaurateur figeacois met en avant les qualités humaines et professionnelles de son salarié. "L’été dernier, c’était l’employé du mois. Il est organisé et autonome. Il paye ses factures et il a provisionné pour envoyer de l’argent à sa famille", atteste son épouse.
Appel à un grand rassemblement citoyen de soutien jeudi à Figeac
Entré illégalement sur le territoire français à l’automne 2021, Saïdou Diao n’a pas pu régulariser sa situation. Une OQTF (obligation de quitter le territoire français) a été prononcée à son encontre en mai 2023, confirmée par le tribunal administratif il y a un an. Il comptait demander une régularisation par le travail avec ses patrons. Le dossier était quasiment bouclé.
Les représentants de la Cimade à Figeac, Jean-Luc Morestin et Mariff Delpeuch sont venus le soutenir et l’accompagner dans les démarches engagées auprès de la préfecture du Lot. "Beaucoup de gens ici ont une OQTF mais c’est la première fois que, dans le Figeacois, quelqu’un reçoit une mesure d’éloignement. Il n’a vraiment pas eu de chance", constatent les membres de l’association. Présent depuis presque trois ans en France, Saïdou Diao aurait enfin pu déposer un dossier de demande de titre de séjour. "Mais il a été convoqué à la gendarmerie parce qu’il a été victime d’un accrochage en voiture. On lui a confisqué son passeport. Depuis, il est assigné à résidence et il doit aller deux fois par semaine à la gendarmerie", explique Cyril Lalanne qui ne cache pas son incompréhension.
"L’État français n’a rien à lui reprocher. Il n’est pas fiché S. Ce n’est pas un étranger délinquant. Il regarde le Tour de France, connaît beaucoup de monde à Figeac et est bénévole. Saïdou est hyper intégré". Le chef d’entreprise en appelle à la préfète du Lot qui, seule, peut encore intervenir dans ce dossier difficile. "Il est convoqué chaque semaine à la gendarmerie place du 12 mai 1944. 80 ans après la Rafle de Figeac, on prend la liberté de quelqu’un et on l’expulse dans son pays", dénonce en colère Cyril Lalanne, qui espère "toucher au cœur" la représentante de l’État. Une demande de rendez-vous a été effectuée. Une audience avec la sous-préfète de Figeac est prévue jeudi 25 juillet après-midi. Les patrons, collègues et proches de Saïdou Diao ainsi que la Cimade lancent un appel à un large rassemblement citoyen à cette date, devant la sous-préfecture lotoise.
Samba THIAM