Au moins 300 migrants à bord de trois pirogues qui étaient parties du Sénégal à destination des Îles Canaries, ont disparu en mer. L’annonce a été faite par l'association d'aide aux migrants Walking Borders. Selon les informations, les sauveteurs espagnols ont indiqué avoir sauvé 86 migrants à bord d'une pirogue au large des Canaries, alors que de nombreuses familles sénégalaises s'inquiètent de la disparition de trois embarcations transportant au moins 300 migrants en direction de l'archipel espagnol. Trois pirogues de migrants ont quitté le sud du Sénégal il y a environ deux semaines avec, en tout, 300 personnes à leur bord. Ils voulaient rejoindre l'archipel espagnol des Canaries, à quelque 1700 kilomètres de là.
Même si le phénomène fait de moins en moins parler, l’émigration illégale continue de faire des victimes. Hier encore, un nouveau drame a été enregistré sur la route des Canaries. Selon l’association Caminando fronteras, au moins 300 personnes sont portées disparues après avoir quitté le Sénégal à bord de trois pirogues dans l’espoir de rejoindre l’archipel espagnol des Canaries. La fondatrice de l’association Helena Maleno a indiqué, dimanche 9 juillet, à l’agence de presse Reuters, que deux pirogues avaient quitté le Sénégal avec respectivement 50 et 60 personnes à leur bord, il y a 15 jours. La troisième pirogue avait, elle, environ 200 personnes à son bord lorsqu’elle a quitté les côtes sénégalaises le 27 juin. «Les familles sont très inquiètes. Il y a environ 300 personnes originaires de la même région du Sénégal. Elles sont partis en raison de l'instabilité qui règne au Sénégal», a dit Helena Maleno Garzon, coordinatrice du groupe d'aide Walking Borders, connu sous le nom de Caminando Fronteras en espagnol au journal spécialisé « InfoMigrants».
Elle a également déclaré plus tôt lundi que les trois bateaux manquants avaient quitté le Sénégal fin juin. Deux pirogues sont parties le 23 juin de Mbour, une ville côtière du centre du Sénégal, transportant environ 100 personnes, et une troisième a quitté la ville méridionale de Kafountine quatre jours plus tard avec environ 200 personnes, a déclaré Garzon. «Il n'y a eu aucun contact avec les pirogues depuis leurs départs. Le plus important est de retrouver ces personnes. Il y a beaucoup de personnes portées disparues en mer. Ce n'est pas normal. Nous avons besoin de plus d'avions pour les rechercher», a déclaré Garzon à l'agence AP.
951 morts rien que pour le premier semestre de 2023
Depuis quelque temps, les Îles Canaries, au large des côtes d'Afrique de l'Ouest, sont devenues la principale destination des migrants qui tentent d'atteindre l'Espagne. Certains migrants tentent aussi de traverser la Méditerranée de l’ouest pour rejoindre l’Espagne continentale mais ils sont beaucoup moins nombreux. Jeudi 6 juillet, Caminando fronteras a publié ses derniers chiffres des migrants morts sur les différentes routes migratoires vers l’Espagne. «Au cours du premier semestre de 2023, 951 personnes ont perdu la vie en tentant de rejoindre l’Espagne. Parmi elles, 778 sont mortes sur la route des Canaries. », rapporte les autorités espagnoles. Alors qu’en 2022, l'Organisation internationale pour les migrations (Oim) des Nations-Unies estimait qu’au moins 559 personnes étaient mortes en tentant de rejoindre les Canaries.
L'été est la période la plus active pour toutes les tentatives de traversées. Et la route des Canaries ne fait pas exception. Depuis le printemps, cet itinéraire connaît une hausse de la fréquentation. Entre le 10 et le 12 juin, plus de 330 migrants ont ainsi débarqué dans l'archipel espagnol, originaires pour la plupart du Maghreb. En avril, plus de 400 personnes avaient débarqué en une semaine sur plusieurs îles des Canaries, juste après la fin du Ramadan.
Mais, d’une manière générale, le nombre d’arrivées dans l’archipel est à la baisse depuis 2022. Début avril 2023, un bilan du ministère espagnol de l'Intérieur indiquait que le nombre d'arrivées aux Canaries avait chuté de 63% au cours du premier trimestre 2023 par rapport à la même période en 2022. La baisse a été amorcée en mars 2022, lorsque Madrid et Rabat ont repris leurs relations après une année de brouille. Et cette nouvelle amitié passe par davantage de surveillance aux frontières : le Maroc a annoncé le renforcement des patrouilles de la marine marocaine en mer et plus de vigilance aux abords des enclaves de Ceuta et Melilla. Sur les côtes marocaines, Rabat intercepte les exilés susceptibles de prendre la mer et les renvoie dans le centre du pays, dans la région de Ouarzazate, loin des plages.
Sidy Djimby NDAO