ELIMANE DIOUF, SECRETAIRE GENERAL DE LA CSA «Les travailleurs sont déçus de Sen’Eau…»



 
 
Secrétaire général de la Confédération des syndicats autonomes (Csa), Elimane Diouf ne mâche pas ses mots quand il s’agit de parler de la situation des travailleurs. Dans cet entretien qu’il nous a accordé, il a déploré la situation de Sen’Eau. Elimane Diouf est aussi revenu sur la situation des travailleurs virés à cause de la Covid-19.
 
Le Présidenta décidé de doubler l'avance deTabaski en la faisant passer de 50 à 100.000 pour les travailleurs. Comment voyez-vous cette mesure?
 
 C’est une bonne mesure parce qu’elle participe à accompagner les travailleurs dans cette fête très coûteuse. Mais il faut relativiser, parce que c’est un prêt à rembourser. Il faut penser à diminuer ce prêt pour que les travailleurs, au lieu de payer tout, nepayentque 50%. Ça allait être beaucoup plus intéressant pour les fonctionnaires. 
 
 
 
Vous représentez les travailleurs, quels sont les retours que vous avez par rapport à votre travail?
 
Par rapport à notre posture, le retour est positif. Nous sommes sur le terrain. Je suis un syndicat qui est dans l’entreprise. Je ne suis pas un responsable syndical qui est en dehors de l’entreprise. Tout ce que je dis aux travailleurs, je le vis. Pour les défendre, je m’appuie sur la réalité concrète sur le terrain. Nous parvenons à résoudre les équations des travailleurs. Le retour est satisfaisant.
 
 
 
C'est quoi la situation de vos camarades de la Sen’Eau?
 
La situation des travailleurs de la Sen’Eau est difficile. Nous avons pu acquérir 8% du capital de la Sen’Eau et un représentant dans le Conseil d’administration. Depuis l’installation de la Sen’Eau en janvier 2020, les travailleurs sont déçus. Parce que beaucoup pensaient qu’il y aurait un nouveau visage, une amélioration considérable de leur manière de fonctionner, surtout la mise en place du matériel de travail. Mais, dès l’installation de cette dernière, nous avons vu la volonté de réduire les charges, les dépenses, tout ce qui avait comme dotation, les commissions salariales, les commissions liées à certains avantages. Quand nous avons remarqué qu’ils ne sont pas venus pour nous améliorer, nous avons pris la décision de mener un combat pour restaurer les acquis issus des négociations syndicales avec la Sde. Et dans un deuxième temps, de voir les nouvelles conquêtes que nous pouvons avoir. Mais il y a des blocages : l’année passée, nous avions travaillé à avoir une prime Tabaski alors qu’on a l’habitude d'avoir une avance Tabaski. Cette année, quand on a redémarré les discussions, ils ont voulu revenir dessus mais nous avons dit niet. Nous leur avons dit qu’il faut transformer l’avance Tabaski en prime. Et là, le débat ne nous a pas permis de nous entendre.
 
 
 
Qu’est-ce qui est prévu en cas d’échec des négociations ?
 
Lors d’une assemblée générale, les travailleurs venus de partout nous ont mandatés d’aller aux négociations en nous disant qu’ils sont prêts à passer à la vitesse supérieure s’il n’y a pas d’avancées, en déposant un préavis de grève jusqu’à satisfaction.
 
 
 
Selon vous, qu’est-ce qui est à l'origine de cette remise en cause des acquis par la nouvelle équipe?
 
Quand une nouvelle société se crée, surtout dans les nouvelles concessions d’affermage, une équipe vient avec ses méthodes. Malheureusement, l’équipe de cette direction est venue avec son staff, secrétaire général, conseillers, plusieurs experts. Le constat fait, c'est que la superposition entre ces experts et nos directeurs sénégalais pose souvent un problème, parce que les experts ne sont pas dans l’organigramme, n’ont pas de badge et viennent superviser les travaux. Déjà là, il y a un problème de management. Les directeurs l’acceptent parce que c’est la volonté de la nouvelle direction. Mais nous sentons qu’il y a des incohérences. Elle dit que les experts ont un rôle d’accompagnement etqu’ils vont tous partir. En attendant, ils nous coutent cher, l’entreprise cherche à diminuer les avantages. C’est un des problèmes qui font que pour faire face aux charges, ils ont décidé de remettre en cause les acquis syndicaux. L’autre problème, le Directeur des ressources humaines,qui est pourtant un ancien de la maison, cherche à diviser les travailleurs. Malheureusement, si on arrive à cette situation, c’est à cause de lui et son entêtement à vouloir diviser les travailleurs coûte que coûte.
 
 
 
 
 
Où en êtes-vous avec les travailleurs mis en chômage à cause de la Covid-19 ?
 
Dans certaines entreprises, il y a eu une exagération. Nous avons dénoncé et même appelé le ministère du Travail à demander que les inspecteurs puissent arbitrer, puissent aller sur le terrain, vérifier si l’entreprise respecte les normes. Trois mois après la décision du président de la République de conserver les travailleurs, la situation de la première vague a empiré et les travailleurs sont laissés pour compte. Notre lecture était d’accompagner les travailleurs partout où ils sont devant les inspections pour faire revenir les entreprises sur certaines décisions. C’est des cas que nous avons constatés dans les secteurs du tourisme, de l’hôtellerie, la restauration, le transport aérien. C’est dans ces secteurs que nous avons constaté des faits inacceptables.
 
 
 
 
 
Baye Modou SARR
 
 
 
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