Face à la presse ce lundi, le Collectif des organisations de la société civile pour les élections (Cosce) s'est prononcé sur le contexte politique tendu au Sénégal. Il a profité de l’occasion pour inviter le gouvernement à proroger la date de la révision des listes électorales pour la présidentielle de 2024.
La société civile a fait une requête forte au gouvernement. En effet, elle demande que soit prorogée la révision exceptionnelle des listes électorales qui va se dérouler du jeudi 6 avril au samedi 6 mai 2023 sur l’ensemble du territoire national et à l’étranger. «La période d’un mois allouée à cette étape clé du processus électoral est trop courte. Il s’agit d’une période cruciale pour les électeurs, notamment les primo-votants et ceux désirant effectuer une modification de leur adresse électorale», a soutenu Alassane Seck, porte-parole du jour.
Selon le président de la Ligue sénégalaise des droits humains, pour être crédible, tout processus électoral doit reposer sur un contrôle citoyen qui en garantit la transparence. Avant d’ajouter : «en vue d’assurer une participation qualitative et quantitative des citoyens au scrutin présidentiel, le Cosce demande à l’Etat de rallonger le délai de révision des listes électorales d’un mois, comme en 2019, afin de permettre une inscription massive des citoyens sénégalais».
Planchant sur la tension qui règne dans le pays, les membres de la société civile déplorent : «depuis les événements de mars 2021, le pays est en proie à une tension politique persistante qui menace gravement la paix et la cohésion sociales. La rivalité entre le pouvoir et l'opposition est passée de l'adversité à l'animosité. Les troubles qui ont éclaté le 16 mars dernier dans plusieurs localités du pays (deux morts et de nombreux blessés) en sont une épouvantable illustration», a soutenu Alassane Seck.
Pour Moundiaye Cissé, le constat qui plane sur la situation du pays, à moins d'un an de la présidentielle de février 2024, est juste amer. «Les appels à la résistance face aux forces de l'ordre et à l'institution judiciaire risquent d'installer une instabilité politique, sociale et économique durable. La justice fait l'objet de suspicions graves de partialité, du fait des contentieux politico-judiciaires, et une escalade répressive continuelle et un usage excessif et inapproprié de la force légale», soutient Moundiaye Cissé, Directeur exécutif de l’Ong 3D.
A ce propos, le Cosce a condamné fermement le traitement que les forces de l'ordre ont fait subir à Ousmane Sonko. Toutefois, il dénonce les appels à la violence. «Cette violence est d'autant plus incompréhensible et inacceptable que ces derniers n'avaient ni mandat d'amener ni mandat d'arrêt. Le Cosce déplore les appels à la violence d'où qu'ils viennent et condamne les dégradations de biens d'autrui occasionnées pas les manifestations», laisse entendre Pr Babacar Guèye.
Le Cosce a tenu à rappeler à l'État son rôle de garant de l'équilibre et de l'impartialité dans le dossier judiciaire qui oppose le maire Ousmane Sonko et le ministre Mame Mbaye Niang. «Les Sénégalais ont choisi l'État de droit et la démocratie pour vivre ensemble ; cela requiert un État juste et une institution judiciaire impartiale. Cette condition est essentielle au rétablissement de la confiance entre la justice et les justiciables».
Enfin, le Cosce appelle à l'apaisement et interpelle les acteurs politiques au sens élevé de la responsabilité pour préserver la démocratie, la paix et la cohésion sociale. «Le Cosce exhorte les acteurs politiques à se retrouver autour d'une table pour renouer le fil du dialogue afin de créer les conditions d'une présidentielle crédible et apaisée en 2024».
Khadidjatou D. GAYE