EL HADJI MAMADOU BA DIT MAMA BA: « On m’a montré une vidéo où des musulmans de la Birmanie se faisaient exterminer et on me disait que ces gens ne voulaient pas que les musulmans soient nombreux»



 
C’est pratiquement le même refrain qui est chanté à la barre de la Chambre criminelle. Presque tous les accusés ont réfuté les accusations, alors que, dans les propos qui leurs sont prêtés à l’enquête et devant le juge d’instruction, ils ont donné des détails circonstanciés sur leur passage dans le fief de Boko Haram. Bachelier en Série S2, El Hadji Mamadou Bâ dit Mama Bâ n’a pas fait exception.
 
Etudiant en sciences économiques à l’Université virtuelle du Sénégal, le bachelier en S2 El Hadji Mamadou Ba dit Mama Ba, domicilié à Yoff Ndioufène, a comparu hier devant la Chambre criminelle de Dakar. D’emblée, il a nié les faits. Mama Bâ a été arrêté en juin 2016, en période de Ramadan, après ses prières surérogatoires (nafila). C’est ainsi que les agents enquêteurs l’ont conduit à la Dic, après une perquisition dans sa chambre. Il ne s’est affilié à aucune association religieuse, selon lui, mais, néanmoins, El Hadji Mamadou Ba connait la famille Coulibaly. Il fréquente d’ailleurs Pape Kibili Coulibaly, qui est aujourd’hui son coaccusé. Interrogé par le juge sur leurs sujets de conversation, il soutient qu’ils se taquinaient souvent, mais ils ne discutaient pas de djihad ou d’hégire. Ils fréquentent la même mosquée à Yoff, poursuit l’accusé dans sa narration, mais un jour, après la prière de 17 heures, ils ont regardé ensemble une vidéo sur laquelle des musulmans de Birmanie se faisaient exterminer. Pape Kibili et d’autres de ses compagnons lui ont expliqué que ces gens ne voulaient pas qu’ils soient nombreux. Par la suite, ils lui ont suggéré de faire de plus amples recherches sur sa religion.
Tout allait bien dans le meilleur des mondes jusqu’à ce que le juge l’interpelle sur un passage de son audition devant le juge d’instruction où il explique que Moustapha Faye avait changé son profil Facebook en supprimant certains de ses amies qui sont des filles mal habillées. Il y a ajouté des membres de groupes djihadistes, ce qui lui permettait de recevoir leurs informations et leurs publications qu’il aimait. Mama Bâ a vite réfuté avoir tenu ses propos. Seulement, selon les enquêteurs, il a déclaré qu’il communiquait via l’application télégramme avec Ibrahima Ba et Abou Khatim, des combattants djihadistes qui se trouvaient en Libye. Mais, tout cela, l’accusé l’a balayé d’un revers de main. Le juge de la Chambre criminelle lui rappelle ses déclarations devant le magistrat instructeur où il soutenait que Moustapha Faye lui avait demandé, en même temps que Abdoul Akhad Diop, Pape Kibily Coulibaly, d’avoir un seul portable et de trouver un seul leader ; El Hadji Mamadou Ba était le propriétaire du portable et Moustapha Faye y a téléchargé l’application télégramme. Et c’est ainsi qu’il avait pu entrer en communication avec Ibrahima Ba, qui se trouvait au Nigeria dans le fief de Boko Haram. C’est ce dernier qui a financé le voyage de beaucoup de ses coaccusés, en leurs remettant 150.000 F chacun. Pour ces détails également, l’accusé a juré ne les avoir jamais donnés. Cependant, son frère cadet, Thierno Seydou Nourou Bâ, avait tenu des propos contraires qui l’avaient même un peu enfoncé. Le bonhomme avait déclaré que son grand-frère El Mamadou Bâ assistait aux prêches donnés par les radicaux Moustapha Faye, Abdallah Coulibaly, Pape Moussa Sow, Cheikh Ibrahima Dieng, Ibrahima Ba et Zaid Ba. Il a ajouté que sa mère le lui avait interdit ; c’est ainsi que Mamadou Ba a tourné le dos à tout ceci en se reconvertissant dans la maçonnerie, malgré ses diplômes scientifiques.
En tout cas, El Hadji Mamadou Ba a juré son innocence et a soutenu qu’il n’a jamais eu l’idée d’aller combattre en Libye dans les rangs des djihadistes.
 Fatou D. DIONE
 
 
 
 
 
 

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