Drame survenu à la Gueule Tapée: la dame qui avait ébouillanté ses 3 belles-filles risque 3 ans




 
Ndèye Maty Fall, qui avait le 19 avril dernier ébouillanté ses trois belles-filles à Gueule-Tapée, risque 3 ans de prison ferme. Elle comparaissait hier devant le tribunal des flagrants délits de Dakar pour coups et blessures volontaires avec préméditation, ayant entraîné une Itt de 21 jours. Lors de son audition, non seulement elle n'a pas regretté son acte, mais elle a allégué l’excuse de provocation. Et pire, elle a accusé l'une d'elle, Amy Ndoye, d’être une prostituée qui viole le couvre-feu. Pour sa part, le père de famille a pris la défense de sa femme en chargeant ses enfants. Délibéré le 3 juin prochain. 
 
 
L'histoire de la marâtre Ndèye Maty Fall qui avait ébouillanté ses trois belles-filles le 19 avril dernier a été jugée hier devant le juge des flagrants délits de Dakar. Des faits d’une extrême gravité. Et pour cela, il suffit de voir le dos brûlé d'Amy Ndoye ainsi que ses bras. 
 
 
 
Ndèye Maty Fall reconnaît avoir versé l’eau chaude et se justifie : «je croyais qu’elle allait me tuer quand elle a brandi le couteau»
 
 
 
 
Devant la barre, la prévenue Ndèye Maty Fall a reconnu sans ambages avoir ébouillanté sa belle-fille Amy Ndoye qui, d'après elle, était celle qu'elle visait et non les autres sœurs. Pour le mobile, elle explique avoir riposté à l'attaque d'Amy Ndoye qui a brandi un couteau pour la poignarder. «J'avoue que les blessures existent et j’en suis l'auteure. Mais, avant cela, la veille, Ndèye Fatou Sylla a battu ma bonne dans mon appartement. Elle a déchiré ses habits et l'a blessée. Je sais que c'est moi qu'elle voulait atteindre en s’attaquant à ma bonne», dit-elle. Avant de poursuivre : «le lendemain, Amy Ndoye est venue dans mon appartement et m'a attaquée avec un couteau. J’ai paré le couteau avec ma main, mais celui-ci n'est pas tombé. C'est là que j'ai eu le réflexe de lui verser l'eau chaude qui se trouvait sur la bonbonne de gaz et qui était destinée au bain de mes enfants. J'ai versé l'eau bouillante sur Amy Ndoye malheureusement ça a atteint ses deux autres sœurs par inadvertance. C'est Amy que je visais et non les deux autres», dit-elle. Et d’ajouter : «je croyais qu’elle allait me tuer quand elle a brandi le couteau. Après l'avoir ébouillantée, j'ai fermé la porte de ma chambre puisqu'ils étaient 13 personnes à venir s'attaquer à moi pour me faire la peau. Amy Ndoye me menaçait constamment. Elle n'a jamais accepté que son père épouse une autre». 
Pire, la prévenue Ndèye Maty Fall a taxé de prostituée sa victime Amy Ndoye mais le juge lui a intimé l'ordre de se limiter au dossier. «En plus Amy Ndoye sort chaque jour à 20 heures depuis le couvre-feu», a laissé entendre l'inculpée à qui la parole a été retirée. 
 
 
 
Amy Ndoye et ses sœurs accusent la prévenue
 
 
Appelée à la barre, Amy Ndoye a d'emblée signifié au juge qu'elle est sortie de l'hôpital il y a une semaine. «Ce jour-là, je suis rentrée vers 19h et j'ai rejoint ma chambre qui est à l’écart. Ainsi, ma nièce m'a appelée pour le dîner et quand je suis venue, ma belle-mère me l'a interdit arguant que c'est pour les enfants. Pour ma part, j'ai attendu qu'elle se relève pour que je m’assois pour manger. C'est là qu'elle m’a versé l'eau chaude. Mon ventre, mes seins ainsi que mes bras ont brûlé», a relaté Amy Ndoye, âgée de 43 ans. Et pour montrer la gravité des brûlures au tribunal, elle a enlevé le bonnet qu'elle portait sur sa tête et celui-ci a laissé apparaître un crâne rasé avec des brûlures. Mais les brûlures de son dos étaient pires, car elles ont laissé des marques rouges. «Ma main droite a brûlé. Vous avez vu comme ma tête rasée est brûlée alors que j'avais beaucoup de cheveux», a expliqué la victime. 
Interrogée, sa sœur Oumy Ndoye, une des victimes de la belle-mère, a chargé cette dernière. L'autre sœur, Ndèye Fatou Sylla, qui a été brûlée elle aussi, a maintenu ses accusations contre la prévenue. Elles ont tellement pleuré à la barre que le juge leur a demandé de se calmer. 
 
 
Le père pleure à chaudes larmes, prend fait et cause pour sa femme et désavoue ses enfants
 
 
 
Entendu à titre de simple renseignement, l'époux de Ndèye Maty Fall et père des victimes a pris fait et cause pour sa conjointe. «Le jour du drame, ce sont ses cris qui m'ont alerté. J'ai trouvé ma femme enfermée dans le salon. L'eau chaude était déversée devant la porte du salon et j'ai eu même à marcher dessus avant de tomber. Mais, je n'ai pas remarqué de bol de dîner posé, comme le disent mes filles. Je ne peux pas non plus dire que c'est ma femme qui est allée les rejoindre pour les ébouillanter», a affirmé leur père qui a disculpé son épouse et enfoncé sa fille Amy Ndoye qui est la plus atteinte physiquement.
Pleurant toutes les larmes de son corps, devant le prétoire, il a dépeint sa fille comme une personne belliqueuse. «Elle est ma cadette, mais elle est difficile à vivre. J'ai tout fait pour la ramener à la raison, en vain. Elle me fatigue toujours en me créant des problèmes. A chaque fois, elle crée des histoires dans la maison. À l'école, elle s'attaquait aux professeurs et elle a fini par être renvoyée. Même lorsqu'elle trouve un travail, elle s'attaque aux directeurs avant d’être licenciée», a dit le père. 
 
 
Les victimes réclament 200 millions en guise de dommages et intérêts
 
 
 
Dans leurs plaidoiries, le pool des 6 avocats constitués pour la défense des intérêts des victimes, Mes Arona Bass, Abdoulaye Sène, Abou Abdou Daff, El Mamadou Ndiaye, Ndiack Ba et Ibrahima Diaw, a réclamé 200 millions de dommages et intérêts. Me Bass de soutenir : «pour ce dossier-là, il y a la préméditation et celle-ci devait permettre d’ouvrir une information judiciaire. Il n'y a pas de provocation qui tienne dans ce dossier, mais de la préméditation. Parce qu'on a ébouillanté des gens assis autour du bol. L'intention de nuire est là et manifeste. Sur le plan de la réparation, ce sont des dames touchées dans leur chair et sur leur paraître. Ce préjudice est irréparable. Il y a un préjudice esthétique», a asséné le conseil. A son tour, Me Sène n’a pas raté la prévenue. «J'ai l'impression qu'elle n'est pas consciente. Elle n'a manifesté aucun regret. Elle est nuisible et dangereuse pour notre société. C'est de la méchanceté extrême. Elle n'a aucune humanité. Amy Ndoye a une incapacité temporaire de travail supérieure à 32 jours parce qu'elle est incapable de travailler. Son état de santé est critique et il y a une défaillance de ses facultés vitales. Mme la présidente, il faut mettre cette femme hors d'état de nuire», crie la robe noire. Me Daff d'ajouter : «elle a reconnu l'avoir brûlée avec de l'eau chaude. Les images sont insoutenables. La beauté d'une femme, c'est son visage, son corps, ses cheveux», a-t-il lâché. 
 
 
 
Le procureur requiert 3 ans ferme
 
 
Le procureur que les faits ont choqué a requis une peine sévère de 3 ans ferme contre la belle-mère. «Après les incohérences notées dans les déclarations de la belle-mère, finalement qui croire ? Il faut interroger les blessures qui sont sur le cou, le dos et les bras. Voilà une agression toute curieuse. C'est un conflit familial qui a connu un épilogue dramatique», a argué la représentante du procureur. 
 
 
 
 
La défense nie
 
 
Avocat de la défense, Me Youssou Guèye a confié au tribunal que sa cliente est en confinement depuis 2014, 6 ans, pour échapper à ses belles-filles, à cause d’une cohabitation difficile. «Elle est en perpétuel danger dans cette maison. Elles ont concocté ce plan pour arriver à leurs fins. Je sollicite qu'elle soit purement relaxée parce qu'il y a excuse de provocation», a plaidé l'avocat. Avant que Me Demba Cire Bathily ne tonne : «vous avez une partie civile qui a plaidé pour avoir la tête de la prévenue. C'est faux ! Elle n'a jamais été en réanimation à l'hôpital Principal et sous respirateur. Certes, Amy Ndoye a des blessures graves, mais elle n'a jamais perdu conscience. Cette dame doit être relaxée. On n’est pas là pour faire du buzz médiatique. Il faut pouvoir faire en sorte que la juridiction réconcilie les familles, parce qu'ils ont un destin lié», a plaidé Me Bathily. Délibéré mercredi prochain.
 
Fatou D. DIONE 
 

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