Décisions de justice travesties, traque supposée infructueuse: Antoine Diome démonte Karim Wade et ses avocats



 
Que Karim Wade et ses avocats cessent de dire que l’Etat a cherché partout dans le monde et n’a rien trouvé. Parce que si c’était le cas, des biens n’auraient pas été identifiés et saisis dans des pays, dans la perspective de leur rapatriement dans les caisses de l’Etat. C’est l’Agent judiciaire de l’Etat qui parlait ainsi avant-hier en conférence de presse.  Felix Antoine Diome, qui n’a pas raté Karim Wade et ses avocats, démonte pièce par pièce leur propension à faire, même de leurs revers devant les juridictions internationales, des victoires sur l’Etat.
 
 
 
C’est brasser du vent que de dire que l’Etat a fait le tour du monde, dans l’affaire Karim Wade, sans rien trouver. C’est la ferme conviction de l’Agent judiciaire de l’Etat. «On est entré dans une seconde phase d’exécution de la décision de la Crei. Dans la première phase, c’était : enquête, instruction, jugement. Pendant cette phase, on a toujours soutenu, de l’autre côté, que le tour du monde a été fait et rien n’a été trouvé. Après la décision, c’est la phase de l’exécution qui était désormais entamée», dit-il. Poursuivant, il souligne que dans cette seconde phase, «il fallait, par des mécanismes de coopération judiciaire entre le Sénégal et d’autre pays, obtenir, à travers des textes multilatéraux et bilatéraux, l’exécution de la décision de la Crei». Mais, précise-t-il, «cette exécution devait porter sur des biens qui ont été identifiés et saisis dans ses pays-là». Dès lors, il affirme : «si on n’avait rien trouvé, on aurait jamais pu identifier et saisir ces biens qui faisaient l’objet de procédures devant à terme conduire au rapatriement, dans les caisses du Trésor public», de ses montants ou produits des biens, après réalisation des actifs».
 
 
«On en arrive à même crier, ou à se prévaloir d’une décision pourtant défavorable, pour la présenter comme une victoire»
 
 
L’agent judiciaire de l’Etat se porte en faux contre ceux qui parlent «abusivement et de façon très tendancieuse de revers subis par le Sénégal» sur des dossiers comme celui de Karim Wade. «Monsieur Wade et ses avocats aiment souvent parler de revers de l’Etat à l’étranger. A chaque fois que vous êtes conviés à des rencontres, on vous déclare qu’il y a des condamnations qui sont prononcées contre l’Etat du Sénégal, que l’Etat du Sénégal a subi une défaite dans tel pays, que la justice française ou monégasque aurait blanchi Monsieur Wade», souligne-t-il. Et de battre en brèche ces allégations de Wade-fils et ses défenseurs en convoquant «l’exemple très illustratif de la dernière décision rendue par la Cour de justice de la Cedeao entre l’Etat du Sénégal et M. Wade».
 
 
La décision de la Cedeao défavorable à Karim
 
En effet, Felix Antoine Diome fait remarquer que sur cette affaire, «dans toutes les communications ultérieures, on a toujours dit que le Sénégal a été condamné par la Cedeao ;  que le Sénégal, à chaque fois qu’il est trainé hors du pays, subit des revers». Or, pour lui, il n’y rien de plus faux. Pour preuve, il lit la décision de la Cour de justice de la Cedeao. «Voilà ce que dit la décision du 19 juillet 2016, qui est la dernière décision rendue dans l’affaire opposant l’Etat du Sénégal à monsieur Wade. ‘’Au fond dit qu’elle est compétente pour examiner le recours en manquement introduit contre l’Etat membre de la Cedeao. Par contre, dit qu’en l’espèce,  la requête de M Karim Meïssa Wade, dans ses aspects relatifs à l’examen des manquements de l’Etat du Sénégal à ses obligations communautaires est irrecevable, pour défaut de qualité. (…). Dit que l’exécution des décisions de la Cour n’est pas une faculté, mais une obligation pour les Etats membres et les institutions de la Cedeao et ce, conformément à l’article 15.4 du  traité révisé. (…) Dit que l’arrestation et la détention de Monsieur Karim Wade, fondées désormais sur une base légale, ne sont pas arbitraires et ne constituent pas une violation de l’article 6 de la Charte africaine des droits de l’homme. (…). Par conséquent, dit que la Cour ne saurait faire droit à sa demande de mise en liberté; la procédure étant pendante devant les juridictions nationales. (…). Dit  que les demandes de réparation de Monsieur Karim Wade ne sont pas fondées et sont par conséquent rejetées’’».
 
 
«Des proclamations qui jurent d’avec la réalité  des décisions qui sont rendues»
 
 
Pour l’Agent judiciaire de l’Etat, il n’y a rien de plus clair que cela, même si le camp de Karim Wade trouve un moyen d’en faire une victoire sur l’Etat du Sénégal. «Pourtant, le contenu de cette décision est très clair. Que n’aura-t-on pas dit pour vous expliquer qu’il s’agissait  d’un revers de l’Etat devant la Cedeao. C’est très explicite. Voilà comment on en arrive à crier, ou à se prévaloir d’une décision pourtant défavorable, pour la présenter comme une victoire». Suffisant pour qu’il trouve, en rapport avec le contexte, «les motivations profondes qui sont toujours à la base de certaines proclamations qui jurent d’avec la réalité des décisions qui sont rendues».
 
 
 
 
Mbaye THIANDOUM

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