Débat houleux hier lors de la ratification du comité AD-HOC: l'immunité parlementaire de Sonko levée la semaine prochaine




C’est une opposition en ordre de bataille qui s’est exprimée hier devant les grilles de l’Assemblée nationale. Les députés non-inscrits et ceux du groupe Liberté et Démocratie, bien que minoritaires, ont décidé de se serrer les coudes pour s’ériger en bouclier de leur collègue Ousmane Sonko. Hier, alors qu’ils étaient convoqués tout comme leurs collègues de la majorité pour la validation de la liste des 11 membres du comité ad hoc, les députés de l’opposition ont tout simplement boycotté la séance au moment du vote, pour marquer leur désaccord par rapport à la procédure. Ce qui n’a pas arrêté la majorité dans sa détermination à ratifier la liste du comité ad hoc.
 
Après réception de la demande du ministère de la Justice à propos de la levée de l’immunité parlementaire de Sonko et la constitution du Comité ad hoc, l’Assemblée nationale vient de poser le troisième point de la procédure : la ratification dudit comité. Même si l’opposition n'y a pas pris part pour avoir boycotté la séance, les députés de la majorité ont laissé s’exprimer leur nombre pour terminer les travaux. Après l’ouverture de la séance plénière, Toussaint Manga a demandé une question préalable pour encore exposer la position de l’opposition sur la question de X, visé dans le réquisitoire introductif du procureur. Apres 5 minutes de parole, le président l'a soumis au vote et naturellement sa requête fut bloquée par la majorité. Moustapha Guirassy, Serigne Cheikh Mbacké Dolly, Mame Diarra Fam ont voulu à leur tour évoquer l’article 71 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale, mais Moustapha Niasse est resté intransigeant : plus d’appel au règlement. Ce qui a donc révolté l’opposition qui décide de quitter la salle juste avant le vote.
 
Toussaint Manga : «l’Assemblée nationale n’a pas à deviner l’identité de M. X»
 
Soulevant les vices de forme, le député libéral estime que la procédure ne peut pas être bâclée de la sorte dans le seul but de livrer un opposant à la justice. «Nous avons relevé des vices de forme, c’est pourquoi j’ai soulevé une question préalable. Le procureur, dans son réquisitoire introductif, a visé Ndèye Khady Ndiaye et X. Le juge d’instruction devait au moins entendre la plaignante pour déterminer la vraie identité de X», clarifie le jeune député libéral. Poursuivant, Toussaint Manga affirme que c’est dans ce cadre que le procureur pourra saisir le garde des Sceaux qui à son tour saisit l’Assemblée nationale. Mais malheureusement tout cela n’a pas été fait», explique-t-il. Pour ce dernier, l’Assemblée nationale n’a pas à deviner l’identité de M. X qui est visé par la plainte. «Les députés ne doivent pas participer à des manœuvres qui enfreignent la loi. Je suis d’accord pour la levée de l’immunité parlementaire de Sonko, pour que la vérité puisse jaillir, mais je n’accepterai pas que l’on brûle les étapes.  Ils n’ont qu’à terminer la procédure entre eux, parce que nous ne pouvons pas continuer à cautionner de tels manquements. De ce fait nous nous retirons des travaux», a-t-il dit.
 
Aida Mbodji : «le juge d’instruction ne peut pas nous demander de faire son travail à sa place, chacun ses prérogatives»
 
L’avocate désignée par Sonko pour les auditions du comité ad hoc prend son rôle bien au sérieux. Aida Mbodji est déjà en ordre de bataille pour veiller au respect des droits de Ousmane Sonko dans cette procédure de levée de son immunité parlementaire. Au sortir de la séance plénière qu’elle a boudée avec tous les députés de l’opposition, l’ancien maire de Bambey dénonce la volonté manifeste du juge d’instruction de vouloir bâcler les travaux. Selon Aïda Mbodj, la partie civile devait être entendue pour s’assurer déjà que c’est Ousmane Sonko qui est visé par le procureur. Dans ce cas de figure, dit-elle, personne ne se serait opposé à la procédure. «Aucune enquête préalable n’a été menée. En l’espace d’une journée, l’Assemblée nationale a été saisie comme pour nous demander de faire le travail du juge à sa place. Ce n’est pas pour rien qu’on parle de pouvoir judiciaire et du pouvoir législatif : à chacun son champ d’action. Chacun fonctionne avec ses propres prérogatives», précise l’avocate d’Ousmane Sonko. Pour Aida Mbodji, cela aurait pu être plus simple pour le procureur de viser directement Ousmane Sonko dans son réquisitoire introductif, mais à ce moment, il serait obligé de leur donner assez d’éléments constitutifs.
Aida Mbodj de préciser qu’Ousmane Sonko n’a rien à voir avec le boycott des députés de l’opposition. «Il était dans les dispositions de venir à la plénière, mais les députés ont pris leurs responsabilités pour se soustraire à ces manœuvres. «Le président Niasse nous a carrément refusé la parole après l’intervention de Toussaint Manga. Il a bafoué toutes nos prérogatives parce qu’il sait qu’aucun argument ne peut contrer notre position. Nous avons pris nos responsabilités; à eux de prendre la leur. S’ils décident d’entériner le comité ad hoc sans nous, c’est leur responsabilité devant l’opinion et l’histoire», prévient-elle.
 
Guirassy : «Niasse a agi en véritable dictateur»
 
Moustapha Guirassy, quant à lui, a dénoncé le manque de respect notoire de Moustapha Niasse à l’endroit des députés de l’opposition. Très remonté contre le président de l’Assemblée nationale,  Moustapha  Guirassy indique que ce dernier s’est comporté en véritable dictateur. «Quand je me suis levé pour prendre la parole, il a refusé que je m’exprime. Alors j’ai décidé de me retirer. Je ne suis l’esclave de personne. Et personne ne peut m’empêcher de m’exprimer», a déclaré le député au sortir de l’Hémicycle. L’ancien ministre dit avoir démissionné de la Commission ad hoc pour ne pas avoir de responsabilité à assumer dans ce qu’il considère comme une mascarade.
 
Abdoulaye Vilane : «ils sont en train de porter préjudice à Sonko par leur attitude irresponsable»
 
Le député-maire socialiste de Kaffrine, par contre, estime que les députés de l’opposition ne sont pas conséquents. «De par leur attitude irresponsable, ils sont en train de porter préjudice à Sonko. Ils ont adhéré à la constitution du Comité ad hoc. Ils se sont même permis des réserves auxquelles le président Niasse a accédé sans hésiter alors comment peuvent-ils crier au scandale à cette étape de la procédure ?», interroge Vilane. Poursuivant, il déclare : «c’est de la théâtralisation. Ils sont restés dans la salle jusqu’au moment du vote alors que la centaine de députés de la majorité a voté oui pour la ratification,  c’est en ce moment qu’ils ont décidé  de partir».
 
Adji Mbergane Kanouté : «Il faut être sérieux, le travail parlementaire requiert du sérieux»
 
Adji Mbergane Kanouté  d’abonder dans le même  sens que  Vilane. La vice-présidente du groupe parlementaire de la majorité précise qu’il n’y a pas eu de boycott. «Comment peuvent-ils parler de boycott alors qu’ils sont restés jusqu’au moment du vote. Il faut être sérieux, le travail parlementaire requiert du sérieux», tonne-t-elle. A en croire Adji Mbergane, pour le bien de Ousmane Sonko, tous les députés devraient s’accorder pour rendre effective la levée de son immunité parlementaire afin de lui permettre de tirer toute cette histoire au clair devant la justice.
Ndèye Khady DIOUF

L’immunité parlementaire d’Ousmane Sonko levée la semaine prochaine

 
Malgré les récriminations, plaintes et complaintes des députés de l’opposition, la procédure ira à son terme. Les députés de la majorité sont déterminés à aller jusqu’au bout de cette affaire avec la levée de l’immunité parlementaire de Ousmane Sonko. Selon nos informations, tout sera plié la semaine prochaine. Dès la fin de la réunion du Comité ad hoc demain vendredi, une convocation sera adressée à Ousmane Sonko et à son avocate Aïda Mbodji. Et selon toujours nos informations, le comité ne va pas traîner. Il va convoquer le leader de Pastef en début de semaine prochaine. S’il défère à la convocation, ils vont l’entendre, à défaut, ils vont déposer un rapport sur la table du président de l’Assemblée nationale qui va, avant la fin de la semaine, convoquer la plénière pour la levée de l’immunité parlementaire.

 
 
 

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