Le Dr Marie Khémesse Ngom Ndiaye a défendu trois projets de loi hier à l’Assemblée nationale. Face aux parlementaires, la ministre s’est réjoui du vote de ces projets dont le premier concerne l’abrogation des villages de recasement des lépreux, le deuxième la réglementation des médicaments et le dernier la réglementation du cadre juridique de l’Ordre des chirurgiens-dentistes.
La ministre de la Sané et de l’Action Sociale a fait face aux députés hier pour défendre trois projets de loi concernant les médicaments, les autres produits de santé et la pharmacie ; la loi sur l’abrogation de la loi portant création des villages de recasement des victimes de la lèpre. Le secteur pharmaceutique est encadré pour l’essentiel par des textes hérités de la colonisation française, notamment les articles L511 à L655, à l’exclusion des articles L520 à L548 du Code de la Santé publique et la loi N°73-62 du 19 décembre 1973 portant création de l’Ordre des pharmaciens du Sénégal. La ministre de la Santé, après le vote des trois projets de loi, s’est réjouie de ce pas important franchi. «A l’époque, c’est-à-dire en 1976, l’internet n’était pas aussi développé. On n’avait pas toute cette poly chimiothérapie qui permet de traiter et de guérir la lèpre. En 1976, nous n’avions pas tous ces moyens diagnostics. Avec les différentes enquêtes épidémiologiques, le Sénégal est en deçà du seuil établi par l’Oms. Nous sommes aujourd’hui à un cas de lèpre pour 55.000 habitants, alors que le seuil c’est un cas de lèpre pour 10.000 habitants», soutient Marie Khémesse Ngom Ndiaye.
Il faut rappeler que cette loi avait créé des villages de reclassement social où devaient être installés et hébergés à titre gratuit les lépreux guéris ou mutilés ainsi que leurs familles. Avec la poly chimiothérapie (Pct), la contagion est maîtrisée dès la première prise. Le rythme d’évolution de la population concernée ayant fortement baissé, il est apparu inopportun de maintenir ce genre de village, a-t-elle déclaré. Le rapport fait savoir qu’il y a lieu d’humaniser l'appellation «lépreux guéris et mutilés» qui figure dans la loi N°76-03 du 25 mars 1976 et de faire valoir le principe du respect de la dignité humaine tel qu’énoncé. L'abrogation de cette loi va permettre de rompre avec une injustice longtemps subie par les natifs de Fatiga, de Sowane, de Peykouk, de Tébi, de Djibélor, de Koutal, de Mballing, de Diambo, entre autres. La ministre indique qu’avec les progrès de la médecine, les médicaments destinés à soigner la lèpre sont disponibles et leurs effets secondaires réduits.
Toutefois, la ministre de la Santé d’ajouter : «vu que ces villages de recasement constituent en réalité une stigmatisation, l’Etat du Sénégal a décidé d’abroger cette loi pour permettre à ces Sénégalais de s’épanouir, car ils ont le droit de vivre en communauté, dans la société». «L’Etat n’a pas attendu ce jour pour le faire, parce que dans ces villages de recasement, il y a des projets de développement socio-économique, un appui pour la scolarisation des enfants, il y a des projets de maraichage, d’agriculture, sans oublier la réadaptation, parce que la lèpre est une maladie invalidante. Nous avons vu des cas de lèpre avec des handicaps très lourds», souligne la ministre.
L’occasion faisant le larron, Dr Marie Khémesse Ngom Ndiaye a répondu à la rumeur qui faisait croire qu’à Ziguinchor, une ambulance avait été utilisée pour transporter des nervis. Selon elle, « l'enquête que nous avons menée nous a permis de démentir cette information. Tous les acteurs de la santé, même les syndicats, ont démenti cette information», assure-t-elle.
Baye Modou SARR