Chanter à tout va le taux de guérison au Sénégal au risque de causer un relâchement quant à l’observation des mesures de protection est la plus grave erreur qu’on pourrait faire. C’est la conviction du Dr Mamadou Mansour Diouf. Qui qualifie ce taux de guérison de «trompe-l’œil» et de «fausse sécurité». Car, contrairement à ce que l’on veut faire croire, il n’est pas le résultat de l’efficacité de notre système de santé, mais de la prédominance des formes bénignes de la maladie au Sénégal. Le véritable combat du Sénégal, pour le médecin-réanimateur à la polyclinique Jean Villar de Bordeaux, est de rompre la chaine de transmission, surtout avec la montée des cas communautaires, qui peuvent conduire à plus de cas graves, beaucoup plus mortels et compliqué à prendre en charge.
Depuis quelque temps, le taux de guérison au Sénégal, qui est estimé comme l’un des meilleurs au monde, est brandi comme indicateur de l’efficacité du système de riposte contre le Covid-19 mis en place par les autorités sanitaires au Sénégal. Mais pour le Dr Mamadou Mansour Diouf, «ce paramètre n’est pas pertinent pour apprécier l’efficacité d’un système de contrôle de l’épidémie». Et pour cause, il affirme que ce paramètre «sert plutôt à montrer une prédominance nette des formes bénignes de cette maladie, en dépit de la forte mortalité qui est l’apanage des formes graves qui relèvent de la réanimation, heureusement moindres si l’on considère globalement le nombre total de cas». Poursuivant, il attire l’attention sur les effets néfastes que peut avoir cette mise en avant du taux de guérison au Sénégal. «Ce taux de guérison est un trompe-l’œil, une fausse sécurité qui risque potentiellement de conduire à un relâchement sur l’observance des mesures barrières qui sont encore plus importantes dans le contexte d’augmentation inquiétante des formes communautaires», avertit-il.
«L’enjeu, c’est de rompre la chaîne de transmission, surtout qu’on en observe de plus en plus…»
Expliquant la situation de la pandémie dans notre pays, il souligne que la population sénégalaise est majoritairement jeune, et «la très grande majorité des sujets qui contractent le virus sont jeunes, avec une immunité solide, sans comorbidités», c’est-à-dire ne présentant pas les facteurs de risque de gravité comme des antécédents de maladies chroniques et de déficience du système immunitaire. Par conséquent, dit-il «beaucoup parmi ces sujets vont faire des formes bénignes et/ou symptomatiques et guérir spontanément du fait de leur système immunitaire performant, parfois même sans savoir qu’ils ont été en contact avec le virus». Dès lors, dit-il, «l’enjeu» pour le Sénégal, «c’est de rompre la chaîne de transmission, surtout qu’on observe de plus en plus de cas communautaires» qui pourraient conduire à une contamination d’un plus grand nombre de personnes âgées et présentant des comorbidités. Ce qui, pour le médecin, ancien de l’armée nationale, «est particulièrement inquiétant». Dès lors, son appel est sans complaisance. «Au lieu de se consoler naïvement de ce taux de guérison attribué à tort à une prétendue efficacité du système, il faudrait plutôt se concentrer sur le contrôle des transmissions par une campagne agressive de promotion des mesures barrières qui ont démontré leur efficacité en impliquant les chefs religieux et les porteurs de voix qui sont écoutés par les populations», préconise-t-il.
Mbaye THIANDOUM
Depuis quelque temps, le taux de guérison au Sénégal, qui est estimé comme l’un des meilleurs au monde, est brandi comme indicateur de l’efficacité du système de riposte contre le Covid-19 mis en place par les autorités sanitaires au Sénégal. Mais pour le Dr Mamadou Mansour Diouf, «ce paramètre n’est pas pertinent pour apprécier l’efficacité d’un système de contrôle de l’épidémie». Et pour cause, il affirme que ce paramètre «sert plutôt à montrer une prédominance nette des formes bénignes de cette maladie, en dépit de la forte mortalité qui est l’apanage des formes graves qui relèvent de la réanimation, heureusement moindres si l’on considère globalement le nombre total de cas». Poursuivant, il attire l’attention sur les effets néfastes que peut avoir cette mise en avant du taux de guérison au Sénégal. «Ce taux de guérison est un trompe-l’œil, une fausse sécurité qui risque potentiellement de conduire à un relâchement sur l’observance des mesures barrières qui sont encore plus importantes dans le contexte d’augmentation inquiétante des formes communautaires», avertit-il.
«L’enjeu, c’est de rompre la chaîne de transmission, surtout qu’on en observe de plus en plus…»
Expliquant la situation de la pandémie dans notre pays, il souligne que la population sénégalaise est majoritairement jeune, et «la très grande majorité des sujets qui contractent le virus sont jeunes, avec une immunité solide, sans comorbidités», c’est-à-dire ne présentant pas les facteurs de risque de gravité comme des antécédents de maladies chroniques et de déficience du système immunitaire. Par conséquent, dit-il «beaucoup parmi ces sujets vont faire des formes bénignes et/ou symptomatiques et guérir spontanément du fait de leur système immunitaire performant, parfois même sans savoir qu’ils ont été en contact avec le virus». Dès lors, dit-il, «l’enjeu» pour le Sénégal, «c’est de rompre la chaîne de transmission, surtout qu’on observe de plus en plus de cas communautaires» qui pourraient conduire à une contamination d’un plus grand nombre de personnes âgées et présentant des comorbidités. Ce qui, pour le médecin, ancien de l’armée nationale, «est particulièrement inquiétant». Dès lors, son appel est sans complaisance. «Au lieu de se consoler naïvement de ce taux de guérison attribué à tort à une prétendue efficacité du système, il faudrait plutôt se concentrer sur le contrôle des transmissions par une campagne agressive de promotion des mesures barrières qui ont démontré leur efficacité en impliquant les chefs religieux et les porteurs de voix qui sont écoutés par les populations», préconise-t-il.
Mbaye THIANDOUM