Les acteurs des médias regroupés au sein de la Coordination des associations de presse (Cap) ont réclamé la dissolution du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) dirigé par Babacar Diagne. Une demande consécutive à la décision de cette instance de couper les signaux des télévisions privées Walf Tv et Sen Tv. A la place, la Cap réclame la mise en place de la Haute autorité de régulation de la communication audiovisuelle (Harca).
La Coordination des associations de presse (Cap) qui regroupe entre autres associations de presse le Synpics, la Cjrs, le Cdeps, le Cored, l’Appel, l’Unpjs, l’Ancps, a fait face à la presse pour dénoncer «les agressions manifestes» contre la liberté de la presse, «les violations et autres tentatives de musellement» de la presse depuis l’éclatement de cette affaire de mœurs dans laquelle le président de Pastef, Ousmane Sonko, a été cité. Ainsi, pour manifester son indignation, la Cap a décidé de tenir prochainement un sit-in de toute la corporation. Un mémorandum sera adressé au président de la République. La Cap n’a pas manqué de réclamer la tenue des assises des médias.
Dissolution du Cnra
Les membres de la Cap ont aussi dénoncé la gestion de Babacar Diagne, avant de demander la dissolution du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra). A les en croire, le Cnra est dépassé et qu’une régulation plus large est impérative dans le secteur des médias. C’est ainsi que la Cap, par la voix du président de la Cjrs, Ibrahima Baldé, a réclamé la mise en place de la Haute autorité de régulation de la communication audiovisuelle (Harca) dont le projet de loi est disponible depuis longtemps. Seulement, la Cap ne souhaite pas que le nouvel organe de régulationsoit vidé de sa substance. «Nous exigeons donc que son organe de direction soit désigné après une sélection rigoureuse et l’établissement d’un short List à partir duquel le président de la République fera son choix. Ses membres doivent avoir un mandat unique et bénéficier de l’inamovibilité», plaident les acteurs de la presse.
Une loi d’accès à l’information et une nouvelle loi sur la publicité
Poursuivant, la Cap fait remarquer que le vote d’une loi d’accès à l’information est un instrument indispensable pour promouvoir la transparence dans la gestion des affaires publiques et un journalisme de faits plutôt que de rumeurs et/ou de manipulations. Dans la foulée, les membres de la Cap ont demandé, sans délai, une nouvelle loi sur la publicité et sur le financement du service public de l’audiovisuel. Une nouvelle loi qui assurera aux médias des ressources commerciales conséquentes, traçables et équitables.
Coupure de signaux de Walf et Sen Tv et attaque contre Gfm
Revenant sur les violations à l’origine de la dissolution réclamée du Cnra, la Cap déplore l’attitude du Cnra qui avait menacé de couper le signal de trois télévisions privées, avant de mettre ses menaces à exécution dès le lendemain en coupant les signaux de Walf Tv et Sen Tv, sans une notification officielle au préalable. Dans cette logique, la Cap a dénoncé les attaques contre le groupe Gfm à Dakar et Mbacké. Non sans qualifier de «tentative de meurtre» sur des journalistes et techniciens dans l’exercice de leur fonction, suite à la descente d’agresseurs au siège de «l’Obs» pour incendier des véhicules de journalistes.
Menaces contre des journalistes
Outre les actes de vandalisme dans certains groupes de presse, la Cap a également déploré les menaces proférées à l’encontre de certains patrons de presse. «Depuis l’éclatement de cette affaire, le 3 février, la presse a été prise à partie parfois sciemment, et des menaces assumées adressées aux journalistes. Du directeur de Publication du quotidien Les Echos, à la fondatrice de la chaine privée 7Tv, en passant par les journalistes de la Rts et de la chaine d’information en ligne Actu221, les journalistes ont été pointés du doigt. Ces menaces généralement exprimées via les réseaux sociaux ou les messages privés, vont jusqu’à indiquer des lieux de résidence de journalistes», fulminent les acteurs des médias.
Violation du droit d’informer
Les membres de la Cap ont dénoncé ce qui s’est passé à l’Assemblée nationale le 26 février dernier, lors de la levée de l’immunité parlementaire du député Ousmane Sonko. «Pour la première fois dans l’histoire politique récente de notre pays, une levée de l’immunité parlementaire d’un député s’est faite sans la présence des médias, interdits d’accès à la plénière de l’Assemblée nationale», s’indignentBamba Kassé et Cie, qui se désolent de constater que le huis clos concernait non seulement la présence physique des journalistes et techniciens, mais également la transmission des débats en direct. «La volonté des autorités de l’Assemblée nationale de tenir la presse à l’écart était manifeste, alors qu’un simple signal sonore au moins, si le visuel n’était pas possible, aurait pu être mis à la disposition des reporters», relèvent les acteurs de la presse.
Excès de zèle du préfet de Dakar
Le préfet de Dakar n’a pas échappé aux tirs groupés des acteurs de la presse. Alors que les journalistes étaient venus couvrir la caravane de Sonko en direction du tribunal, le préfet de Dakar, regrette la Cap, «s’est signalé par un excès de zèle, et ordonné de vive voix que les journalistes soient gazés». Une décision qui ne sera pas sans conséquence puisque des blessés ont été dénombrés du côté de la presse, notamment avec les blessures de quatre cameramen victimes de projectiles aussi bien des manifestants que des forces de l’ordre. «Deux d’entre eux ont reçu des projectiles aux jambes alors que les deux autres ont subi la furie de manifestants qui les ont agressés avec des pierres leur causant des blessures», narre le patron du Cjrs.
Moussa CISS