DIFFAMATION CONTRE MAME MBAYE NIANG :Le juge d'appel ne suit pas le procureur et les avocats du ministre mais aggrave la peine de Ousmane Sonko




 
 
 
Sans suivre le Procureur général Ibrahima Bakhoum dans ses réquisitions et les avocats du ministre Mame Mbaye Niang dans leurs demandes, le juge d'appel de Dakar a aggravé hier la peine de Ousmane Sonko après l'avoir déclaré coupable du délit de diffamation et d'injures publiques. Il l'a condamné à 6 mois de prison assortis du sursis et à payer 200 millions F Cfa à Mame Mbaye Niang. Aussi, la Cour l'a relaxé du délit de faux tout en écartant l'usage de faux puisque le parquet voulait qu'il soit reconnu coupable de ce dernier délit.
 
 
 
Ce que le pool d'avocats de Ousmane Sonko craignait dans cette affaire dite Prodac et qui l'oppose au ministre du Tourisme et des Loisirs Mame Mbaye Niang est arrivé. Hier, le juge d'appel du tribunal de Dakar devant qui l'affaire a été plaidée hier, lundi 8 mai 2023, a suivi partiellement le procureur dans ses réquisitions et les demandes des avocats de la partie civile sur la sanction pécuniaire. Contrairement aux premiers juges qui avaient condamné le leader de Pastef/Les Patriotes à 2 mois de prison assortis du sursis pour diffamation et à payer 200 millions F Cfa à Mame Mbaye Niang, le juge d'appel, dans son délibéré, l'a seulement relaxé du délit de faux pour lequel il était aussi poursuivi. Cette fois-ci, le magistrat est allé au-delà de la décision qui a été rendue en première instance puisqu'il l'a déclaré coupable de diffamation et d'injures publiques avant de lui infliger une peine de 6 mois de prison assortis du sursis. S'agissant des dommages et intérêts, la Cour a alloué à Mame Mbaye Niang le montant que les premiers juges avaient fixé. La contrainte par corps au maximum aussi a été fixée par le juge contre Ousmane Sonko tout en ordonnant la publication de l'arrêt dans 5 quotidiens à savoir Le Soleil, L'As, Walf, Sud et le Quotidien.
Il faut dire que le Procureur général Ibrahima Bakhoum a été plus sévère dans ses réquisitions. Il avait requis l'aggravation de la peine contre Ousmane Sonko et pire, le parquet général est allé jusqu'à solliciter la confusion des peines. En dehors de cela, il avait aussi demandé à la cour d'incriminer Ousmane Sonko sur le délit d'usage de faux. Dans ses développements, il a expliqué que c'est totalement faux de vouloir réduire cette affaire à une affaire de diffamation. Pire, il a ordonné de décerner un mandat d'arrêt contre Ousmane Sonko.
Appelé à la barre, Mame Mbaye Niang a déclaré qu'en tant que citoyen sénégalais qui s'est senti offensé, calomnié et traîné dans la boue, avoir seulement demandé réparation est une sanction exemplaire. Lui emboitant le pas, l'un de ses avocats, Me Souleymane Soumaré, l’a conforté en soulignant que sa personne a été diffamée. D'après lui toujours, dans le dossier qui a été déposé entre les mains du tribunal, on a tendance à faire croire que Mame Mbaye Niang a été épinglé par un rapport de l'Ige. Soulignant que l'infraction de diffamation coule de source, Me Moustapha Dieng a indiqué que personne ne peut contester que l'honneur de leur client a été bafoué. Avant d'enchaîner sur la peine. «Je ne partage pas la peine qui lui a été infligée par les premiers juges. Parce que la peine appliquée à des particuliers est de 3 mois de prison ferme. Sur le faux matériel, Ousmane Sonko a brandi son téléphone en disant que toutes les preuves se trouvent dedans. Je ne comprends pas pourquoi les premiers juges n'ont pas retenu cette infraction. Nous avons pris le soin de faire un procès-verbal de constat. Les premiers juges ont péché sur la sanction parce qu'elle doit être légale et nous tous», a plaidé Me Dieng. Son confrère Me Adama Fall de renchérir : «sur le faux, le juge s'est trompé de bonne foi parce que dans cette procédure, on a la production de deux clés Usb qui, après exploitation des liens, nous renvoient sur des articles des sites Seneweb et Sans Limites. Le moyen de faire exécuter cette décision est d'exercer la contrainte par corps ; c'est une défiance de la justice, parce que lors d'une conférence de presse, il a dit "fukki derem dooko laal". Cela signifie que l'arrêt que vous aurez rendu n'aura rien servi et qu'il laissera la partie civile avec ses pleurs et lamentations».
Pour sa part, Me El Hadji Diouf a demandé que la contrainte par corps soit appliquée à Ousmane Sonko. "Nous sommes en face d'un procès de l'arrogance, de la terreur, des menaces sur les magistrats que vous êtes, des mensonges, de la désacralisation de la justice. Ousmane Sonko est l'homme des tergiversations et qui ne dit pas la vérité. Tout le pays est pris en otage par un seul homme qui se prend comme un demi Dieu et qui a osé menacer les magistrats. Actuellement, Ousmane Sonko devait être arrêté à Ziguinchor, puis jugé. Mais si cette justice est désacralisée, où est-ce-que nous allons ? Non seulement il a diffamé Mame Mbaye Niang mais aussi les magistrats», souligne-t-il.
Me Baboucar Cissé a ainsi informé le tribunal qu’Ousmane Sonko a fait appel par l'intermédiaire de son confrère Me Ousseynou Ngom. Depuis cet appel, précise-t-il, Ousmane Sonko a eu une attitude de défiance en déclarant que cette justice est aux ordres du Président Macky Sall. Me Cissé de poursuivre : «le délit de diffamation est établi mais les premiers juges ont péché sur la peine. Le juge a violé la loi. Vous devez réformer la première peine et lui appliquer la bonne peine. Nous estimons que la somme de 200 millions F Cfa qui nous a été allouée est insuffisante et nous réclamons les 29 milliards F Cfa. On ne peut pas aspirer à diriger ce pays et refuser de se soumettre à la loi. Nous demandons la contrainte par corps qui est de droit surtout quand on est en appel. La durée de la contrainte par corps, il faut la fixer au maximum», a expliqué Me Cissé.
 
Fatou D. DIONE
 
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