DIALOGUE NATIONAL: Le mode de prise de décision et le rajout de 40 membres font suspendre les travaux qui reprennent demain



 
 
Mauvais départ pour la Dialogue national. Famara Ibrahima Sagna a été obligé de suspendre les travaux, pour reprogrammer leur reprise à demain. Entre-temps, les différentes parties devront se concerter en interne, sur les points d’achoppement, dont le mode de prise de décision proposé et que les partis de l’opposition rejettent catégoriquement. 
 
 
Le Dialogue national a démarré hier par un dialogue de sourds entre les parties. Et pour cause, l’opposition, qui a flairé des pièges dans certains points du règlement intérieur, a freiné des quatre fers. Et le point du règlement intérieur qui les inquiète le plus est le mode de prise de décision prévu. «On dit, par exemple, que les décisions des commissions thématiques sont adoptées par consensus ou, à défaut, par vote positif de la majorité des membres présents…», s’est plaint d’emblée Oumar Sarr, interpellant le président Famara Ibrahima Sagna sur le sujet. Mais ce dernier de trancher net : «Vous êtes en train d’anticiper. Quand on va y arriver, on débattra. Nous allons discuter librement. Ce que vous dites là représente uniquement un avant-projet». Une réponse qui ne rassure guère le front qui en a discuté en interne après la suspension des travaux. 
 
 
«Ils sont beaucoup plus nombreux. Et en cas de vote, leur décision va passer comme lettre à la poste»
 
 
Nos sources ne cachent pas leurs inquiétudes. «Nous avons des divergences sur le règlement intérieur. Par exemple dans la prise des décisions, on a dit qu’à défaut de consensus, on passe au vote. Or, ils sont beaucoup plus nombreux. Et en cas de vote, leur décision va passer comme lettre à la poste», explique-t-il. Et d’ajouter qu’il y a eu un précédent qu’ils veulent éviter : «lors des concertations sur le processus électoral (avant la présidentielle), c’est comme ça qu’ils nous ont piégés. Il ont dit qu’il y a un code de conduite, avec le recours au vote en cas de non consensus. Quand ils ont posé la question du parrainage, nous n’étions pas d’accord, mais comme ça devait passer au vote, comme ils étaient majoritaires, ça a passé comme lettre à la poste». Pour les opposants, le seul mode de prise de décision qui peut prévaloir est le consensus. Et c’est ce qu’ils ont retenu lors de lors concertation hier. 
 
 
«Sur les 40 personnes, il n’y a qu’une seule qu’on peut considérer comme étant de notre camp. Cela pose problème, parce qu’il y a un déséquilibre» 
 
L’autre point qui a soulevé l’ire des membres de l’opposition, c’est le rajout de nouveaux membres à son insu. Et Famara Ibrahima Sagna en a pris pour son grade. «Nous avons trouvé une situation qui ne nous convenait pas et que nous avons déplorée. Ils ont ajouté 40 personnes au Comité de pilotage sans nous en informer», a souligné Mactar Sourang joint hier. Qui précise que le président «Famara Ibrahima Sagna a endossé la responsabilité de mettre de nouveaux membres en a informé les parties et sans qu’elles en discutent». Un autre responsable du Front va plus loin. «Sur les 40 personnes, il n’y a qu’une seule qu’on peut considérer comme étant de notre camp (opposition). Toutes les 39 personnes sont pour la plupart proches du pouvoir. Cela pose problème, parce qu’il y a un déséquilibre». 
 
 
Famara évite le chaos et suspend les travaux qui reprennent jeudi
 
Constatant le blocage, notamment sur certains points du règlement intérieur, le président du Comité a tout bonnement suspendu les travaux, renvoyés à demain jeudi. Entre-temps, les parties devaient se concerter en interne. «On ne pouvait pas s’entendre sur ces questions. Famara a eu l’intelligence de suspendre les travaux. Il a demandé à chaque partie d’aller se concerter en interne». Mais il a tenu à se défendre sur la question des 40 personnes ajoutées au Comité. 
 
Les opposants vont parler de la «cherté du coût de la vie», des «cas Karim et Khalifa» et de la «libération de Guy Marius Sagna et Cie»
 
Du côté du front, Sourang et Cie comptent aller au dialogue avec leurs préoccupations et celles des Sénégalais. «Nous sommes là (au dialogue) pour défendre les populations, la démocratie, l’Etat de droit. Nous y allons pour exprimer la cherté du coût de la vie, pour dire qu’en matière de démocratie, il faut fixer des règles durables qu’aucun pouvoir ne pourra changer à sa guise», dit le coordonnateur du Fnr. Poursuivant, il affirme qu’à la table du dialogue national, le Fnr va «poser le cas Karim Wade, le cas Khalifa Sall, et dire qu’il faut libérer Guy Marius Sagna et Cie». 
 
Mbaye THIANDOUM
LES ECHOS

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