5 membres d’une famille Gomis demeurant à Grand-Yoff ont été jetés en prison pour avoir injurié et blessé des agents de la force publique qui effectuaient un contrôle de routine. Ils risquent chacun 2 ans de prisonferme pour rébellion, outrage à agent, violences et voies de fait.
Le mariage de leur cousine et sœur censé être un moment inoubliable de bonheur s'est malheureusement transformé en un cauchemar qui a conduit en prison 5 membres de la famille Gomis. Mariama Gomis, Yani Mané, Thierno Souleymane Gomis, Jean Pierre Gomis et Ibrahima Maro,qui profitaient pleinement des festivités, ne pensaient pas que des forces de l’ordre allaient inopinément débarquer aux environs de 3h du matin à ce mariage qui a eu lieu dans le quartier populeux de Grand-Yoff. Il s’agissait d’une opération combinée entre la Sûreté urbaine et le Gign. Ces agents de la force publique étaient sur les lieux pour effectuer un contrôle d'identité dans la nuit du 19 novembre 2022. Lorsque les susnommésont été sommés de présenter leurs pièces d'identité, ils n'ont pas obtempéré alors que flics avaient brandi au préalable leurs cartes professionnelles.
2 agents blessés par la foule en furie
Selon le récit des agents interpellateurs, ces gens qui étaient ivres ont non seulement refusé de s'exécuter, mais ils se sont mis à les injurier tout en leur jetant des projectiles. Et le pire dans tout ça, deux agents ont été blessés lorsqu'ils ont été assaillis par la foule. Il s’agit de Mouhamed Sarr et Charles Mendy, qui ont subi des sévices corporels. Et lorsque les agents ont acheminé leurs collègues blessés à l'Hôpital général de Grand-Yoff, Mariama Gomis et Thierno Souleymane Gomis les ont rejoints aux urgences de ce district sanitaire où ils les ont à nouveau abreuvés d'injures afin qu'ils libèrent ceux qui ont été détenus et embarqués dans la fourgonnette.
Lorsqu'ils ont été tous écroués, l'enquête a été confiée à la police avant qu'ils ne soient inculpés pour rébellion, outrage à agent dans l'exercice de ses fonctions, violences et voies de fait.
À la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar où ils ont été jugés hier, ces prévenus qui ont partiellement nié les faits, ont tous déclaré n'avoir pas lu le procès-verbal qu'ils ont signé. Étudiante en troisième année de gestion âgée de 24 ans, Yani Mané qui dit avoir répliqué auxinjures des agents, a déclaré : «j'étais dans la première bâche. Lorsqu'une bagarre a éclaté dans la seconde bâche, j'ai accouru sur les lieuxavant de recevoir un coup qui m'a occasionné des blessures à l'épaule. Mais une fois à l'hôpital,on m'a interpellée. J'ai trouvé Mariama Gomis dans la fourgonnette où les agents étaient en train de la brutaliser. On n’était pas ivres comme ils l'ont dit sur procès-verbal».
À son tour, la sœur de la mariée, l'étudiante en première année de droit, âgée de 26 ans, Mariama Gomis, de renchérir : «quand j'ai rappliqué dans la seconde bâche, un policier m'a empoignée. Une fois devant la porte de l'hôpital, les policiers nous ont interpellées quand on leur a fait savoir notre intention de porter plainte».
Ibrahima Maro dit Bourama, lui,soutient avoir reçu un violent coup pendant qu’il dansait. Jean Pierre Gomis de son côté a révélé avoir été arrêté lorsqu'il séparait ceux qui se bagarraient. Quant au frère de la mariée, Thierno Souleymane Gomis qui s'est présenté à la barre avec des béquilles, il a indiqué avoir été blessé par les agents. «J'étais sur mes deux jambes et en bonne santé lorsque j'étais à ce mariage. Là, je suis en béquilles. J'ai fait 6 jours d'hospitalisation et on ne m'apas remis de certificat médical», a-t-il expliqué avant que son avocat ne souligne que son certificat médical a été remis aux policiers qui ne l’ont pas versé dans la procédure. Sur les faits, il déclare : «ils n'ont pas brandi leurs cartes. C'est pourquoi j'ai eu des doutes sur leur qualité. Une dame s'était mise à filmer la scène, c'est ce qui a outré les agents. J'avais accompagné Ibrahima Maro à l'hôpital parce qu'il présentait des blessures».
Le procureur requiert 2 ans contre tous
Le procureur a souligné que les faits sont d'une extrême gravité du fait qu'ils remettent en cause l'autorité d’une institution. Sur ce, il a requis 2 ans de prison ferme contre chacun. Pour la défense des prévenus, Me Arona Basse qui a parlé«d'une procédure bordurée d'abus», a indiqué que les agents qui disent avoir subi de sévices n'ont pas formellement reconnu ces personnes. La robe noire qui a demandé leur relaxe a cédé la place àMe Martin Diatta qui a fustigé l'état dans lequel les gendarmes ont laissé Thierno Souleymane Gomis. «Il y a eu une bavure au cours de cette intervention de la police. Et c'est pour masquer cette bavure que ce procès-verbal a été dressé. Il y des contradictions flagrantes. Thierno a été assez accablé. On a séquestré le certificat médical qui prouvait les sévices qu'il a subis. Il était sur ses deux jambes lors de ce mariage. Ils l'ont bastonné. Nous réclamons d'ordonner une information supplémentaire pour apporter toutes les pièces de cette affaire», lance-t-il. Le tribunal, après avoir rejeté leur demande de mise en liberté provisoire, a renvoyé le délibéré pour le 7 décembre prochain.
Fatou D. DIONE