Au moment où la parole lui a été donnée en dernier lieu, le discours d’Imam Ndao a été accompagné de pleurs de la part du public. D’emblée, dans son propos, l’imam kaolackois a remercié toute la Chambre ainsi que tous les avocats à l’endroit de qui il a formulé des prières. A en croire l’accusé, ce n’est pas eux qu’on a incarcéré, mais plutôt leurs proches, soucieux, qui n’ont cessé de venir durant tout le procès. Sur l’association de malfaiteurs qui leur est reprochée, imam Ndao a indiqué que personne n’a jamais tué, ni violenté, ni agressé. Il enchaine : «je suis sûr que si les malfaiteurs étaient comme nous, le Sénégal allait grouiller de malfaiteurs». Soutenant que s’il savait que le métier d’avocat était si noble, il serait le premier à embrasser ce corps. Sur ce, l’imam a prié pour tous les avocats qui ont été constitués dans ce dossier. Sur les faits qui lui sont reprochés, il a déclaré qu’ils ne vont plus nier. Cependant il a précisé que malgré le fait que tous les médias parlent de cette affaire, tous ceux qui le connaissent savent que cela n’est pas avéré.
Imam Ndao a aussi rendu grâce à Dieu qu’un imam soit parmi la composition qui les juge, parce qu’il maitrise ce dont ils parlent. Sur les circonstances de son arrestation, imam Alioune Ndao a expliqué : «le jour où on m’a conduit au camp pénal, on chauffait la chambre où je me trouvais. Mes habits étaient imbibés de sueur et j’étais obligé de les presser pour les sécher. De plus, dans ma cellule, ils laissent passer une odeur nauséabonde et nuisible à la respiration avant que je ne mange le repas qui m’a été donné. Aussi, dans la chambre où je suis enfermé, il y a un appareil qui projette des rayons. Lorsque j’entre et je pose les pieds ça se déclenche et mes pieds tremblaient», a narré imam Ndao, qui a été coupé par les désapprobations du public et les cris stridents d’une dame qui a été éconduite de la salle par les forces de l’ordre.
Il poursuit : «je sais bien que ceux qui détiennent ces appareils sont près de moi». Avant qu’il ne termine, il a été de nouveau stoppé par les sanglots d’une autre voilée qui scandaient «Alakhou Akbar», avant qu’elle ne se voie être évacuée de la salle toujours par les forces de l’ordre. Toute la salle était en ébullition et personne n’arrivait à entendre. D’un ton ferme, le juge Samba Kane a demandé le calme, en vain. Ceci l’a poussé à demander à Imam Ndao de s’arrêter, avant qu’il ne à suspende l’audience durant quelques minutes. L’audience reprise, toutes les demandes de liberté provisoire qui ont été formulées par la défense ont été rejetées par la Chambre criminelle. C’est ainsi que les débats ont été clôturés, le délibéré est fixé pour le 19 juillet 2018.
Fatou D. DIONE