Le Président Macky Sall est très remonté contre le collectif And Samm Jikko Yi. Face aux imams et oulémas du Sénégal, le chef de l’Etat a accusé les imams et autres hommes religieux dudit collectif d’avoir calomnié le gouvernement, mais aussi certaines institutions du pays pour avoir raconté, lors de leurs prêches du vendredi, des contrevérités sur la dépénalisation de l’homosexualité. Un sujet, dit-il, qui n’est pas d’actualité d’autant plus qu’il avait donné une réponse sans équivoque lorsque ce débat a été posé par Obama et d’autres.
Suite à la conférence de presse du collectif And Samm Jikko Yi sur la criminalisation de l’homosexualité, le président de la République est, à son tour monté au créneau pour s’en prendre vertement aux auteurs de ladite proposition de loi. Macky Sall a, à cet effet, convié les membres de l’Association des imams et oulémas du Sénégal au palais de la République pour solder ses comptes avec les détracteurs des lois et des institutions du pays. Très remonté par l’attitude du collectif And Samm Jikko Yi, le Président n’y est pas allé par quatre chemins pour dire ses vérités et s’attend à une large diffusion de son sermon auprès des imams et oulémas à travers le territoire national. Le chef de l’Etat est d’autant plus courroucé que le débat sur la criminalisation de l’homosexualité, dit-il, a été agité à un mois des élections locales. «Des députés ont fait une proposition de loi criminalisant l’homosexualité alors que cette loi existe depuis 1965 avec le Président Senghor. L’homosexualité est réprimée par la loi et le code pénal. Une loi qui est restée inchangée depuis lors. A un moment donné, des lobbies ont voulu nous imposer la dépénalisation de l’homosexualité. Mais ma réponse devant le Président Obama aupalais de la République, devant le Premier ministre canadien, Justin Trudeau et devant l’Union européenne était sans équivoque. Tant que je serai à la tête du Sénégal, la loi sur l’homosexualité ne sera pas dépénalisée. Je ne peux pas faire mieux et le débat devrait être clos. C’est pourquoi je ne comprends pas l’opportunité de cette proposition de loi sur la criminalisation de l’homosexualité», charge d’emblée le chef de l’Etat.
Des imams et des hommes religieux instrumentalisés pour dire des contrevérités et proférer des accusations, lors de leurs prêches…
Poursuivant, le Président Sall d’ajouter : «si cette attitude relevait d’une démarche purement politique, on aurait compris. Par contre, lorsque je vois des imams, des hommes religieux qui sont instrumentalisés pour débiter des contrevérités et proférer des accusations lors de leurs prêches du vendredi, contre le gouvernement, l’Assemblée nationale et les institutions du pays, ça devient grave et c’est inacceptable», fulmine Macky Sall qui rappelle que les accusations gratuites sans preuve sont proscrites par la religion. «Personne ne peut dire au Sénégal que nous sommes dans une logique de dépénalisation de l’homosexualité. C’est pourquoi je ne peux pas comprendre qu’on veuille faire de ce sujet un débat qui risque d’installer la violence dans le pays. On doit s’abstenir de provoquer la violence en conviant à une manifestation. D’autant plus que le gouvernement ne compte nullement aller à l’encontre de nos valeurs et de nos religions pour dépénaliser la loi qui réprime l’homosexualité. On doit dépasser ce débat. Ce débat n’a pas sa place dans les sermons des imams parce que nous ne sommes pas dans une logique de dépénalisation», renchérit Macky Sall, outré par la démarche de ses détracteurs qui, dit-il, ont attendu les élections locales pour en faire un thème de campagne. Mieux, il rappelle qu’en 2016, ces mêmes détracteurs avaient fait le tour du Sénégal pour prédire qu’on va procéder à la dépénalisation l’homosexualité au lendemain du référendum. «Que nenni ! il y a six ans et la loi est toujours en vigueur», soutient le chef de l’Etat.
Macky Sall analyse pour la première fois les résultats des élections
«Notre majorité est restée intacte, nous avons gagné 36 ou 37 départements, c’est plus de 80%»
En outre, le chef de l’Etat a réitéré son engagement qu’il ne sera pas celui qui sera à l’origine d’un quelconque recul des valeurs morales et religieuses du pays. Le pouvoir, dit-il, n’en vaut pas le prix. Toutefois, il n’acceptera pas, non plus, que des accusations fallacieuses soient portées à l’encontre du gouvernement et des institutions de la République pour des raisons purement politiques. A cet effet, il est revenu sur les résultats des élections locales du 23 janvier. Et, c’est pour se réjouir du bon déroulement du scrutin qui n’a pas, dit-il, été entaché de fraude. «Le peuple s’est exprimé et les résultats sont sortis. Au Sénégal, on a dépassé le vol des élections. La majorité n’a pas contesté sa défaite et a même félicité l’opposition. C’est ça la politique. C’est ça la démocratie. Je rends grâce à Dieu car notre majorité est restée intacte jusqu’à présent. Sur les 46 départements du pays, nous avons remporté entre 36 et 37 départements, c’est plus de 80%», relève le patron de l’Apr qui précise, dans la foulée, qu’il n’a pas gagné là où il a toujours perdu ; faisant allusion à Dakar, Ziguinchor, Thiès et Mbacké. «Je n’ai pas gagné là où j’ai toujours perdu. Je n’ai jamais gagné Dakar, je n’ai jamais gagné Ziguinchor... Cette confirmation de ces localités que je n’ai jamais remportées ne change en rien mon engagement pour le pays», tranche Macky Sall qui invite les différents acteurs à pérenniser la paix au Sénégal et arrêter de calomnier gratuitement.
M. CISS