A l’instar de ces coaccusés qui l’ont précédé à la barre de la Chambre criminelle, Pape Kibily Coulibaly n’a pas reconnu les propos qui lui sont imputés par les enquêteurs dans le procès-verbal. L’enquête a révélé qu’il avait l’intention de se rendre dans les zones de combat pour faire le djihad. Mieux, les enquêteurs ont trouvé un dispositif installé sur son téléphone portable empêchant de retracer les appels.
Comme ses autres coaccusés ont eu à le faire, lors de leur passage devant la Chambre criminelle de Dakar, en niant tous les chefs d’accusation, Pape Kibily Coulibaly s’est inscrit, hier, dans une logique de dénégation systématique. L’accusé, âgé de 25 ans, a été interpellé le 22 juin 2016, à 3 semaines des examens, alors qu’il préparait son baccalauréat S2. Après la perquisition de sa chambre, les agents ont saisi sa machine et deux téléphones portables, l’un est de marque Samsung et l’autre de marque Nokia. Les enquêteurs ont remarqué que sur l’écran d’accueil du téléphone de marque Nokia, il était écrit le nom du site «Moudiahidine». L’analyse dudit portable, a permis de retrouver un dispositif installé permettant de ne pas retracer les appels. Mais, selon l’accusé, il ne sait qui l’y a installé. En outre, selon toujours les mentions des agents enquêteurs, l’accusé aimait visiter les sites djihadistes via sa page Facebook. Sur interrogation du juge, Pape Kibily Coulibaly a expliqué qu’il ne comprend rien de ce qu’on lui reproche. Selon lui, il n’adhère à aucune association religieuse. Ibrahima Coulibaly est son cousin, mais il ne le connait pas sous le pseudonyme d’Abou Jabar. Il ajoute qu’ils vivaient sous le même toit avant qu’il ne leur dise qu’il se rendait au Niger pour les études. S’expliquant sur le cas de son grand-frère Cheikh Abdallah Coulibaly, il dit qu’il s’est rendu en Turquie pour continuer ses études.
Ces affirmations ne sont pas en conformité avec celle tenues par certains accusés qui ont été auditionnés devant la Chambre criminelle. Ces derniers avaient soutenu qu’Abdallah Coulibaly s’est rendu dans les zones de conflits pour rejoindre les combattants djihadistes du Nigeria.
Pour ces références religieuses, à l’enquête, Pape Kibily Coulibaly disait être un musulman sunnite et que le docteur Ahmed Lo était sa référence. Selon lui, il a été endoctriné par son frère Cheikh Abdallah Coulibaly, qui incitait tout musulman à faire le djihad. Il confirmait sur le procès-verbal être proche de Pape Moussa Sow, qui disait que quiconque n’a pas fait le djihad est un mécréant, avant d’ajouter que sa proximité avec ces derniers était «sa seule voie de salut» et que son seul désir était de rallier les camps djihadistes pour combattre. Cependant, il a tout nié, hier, devant la Chambre criminelle. Le Procureur lui rappelle ses propos devant le magistrat instructeur où il déclare que Moustapha Faye et Ibrahima Ba l’ont poussé à faire l’exil afin de vivre la charia plus intensément. Des propos qu’il a réfutés, avant de poursuivre en précisant qu’il n’a jamais visité de sites faisant l’apologie du djihad sur sa page Facebook. Le Procureur lui précise que devant le magistrat instructeur, il disait que c’était juste par curiosité et pour développer sa culture générale.
Il résulte de l’enquête, par ailleurs, que des documents intitulés Terre Sainte, Guerre Sainte, Guerre du désert, persécution de la Syrie, Colère des guerriers…ont été retrouvés dans sa machine. Là également, l’accusé balaie d’un revers de main l’existence de ces documents arguant qu’il n’y avait que ses cours de mathématiques et de physique et chimie. S’agissant de l’agenda où il était mentionné la cotisation des «Hiftaars», il a expliqué qu’il appartient à son grand-frère Abdallah Coulibaly qui y consignait les cotisations des gens de la mosquée en sa qualité de secrétaire.
Imam Ndao va boucler la boucle après le passage de Matar Diokhané
A la suite de Pape Kibily Coulibaly, le juge Samba Sall a cité dans l’ordre les accusés qui restent à être entendus. Il s’agit de El Hadji Mamadou Ba, Alpha Diallo, Cheikh Ibrahima. Et enfin, Matar Diokhané sera l’avant-dernier accusé à être auditionné avant qu’imam Ndao ne boucle les débats.
Fatou D. DIONE