DEMBA KANDJI EN BRAS DE FER AVEC ME MBAYE SENE: «Je n’aimerais pas que l’on prenne la Cour comme un punching-ball ; il ne faut pas prendre la Cour comme un guignol»



 
Certainement, le juge Demba Kandji a été briefé sur les dérapages qu’il y a eus lors du procès en première instance. Le Premier président de la Cour d’appel s’est vite braqué et a pris le taureau par les cornes, en s’attaquant très rapidement à Me Ciré Ly. L’avocat voulait prendre la parole juste après son confrère Me François Sarr, alors que le Procureur général avait déjà pris la parole pour faire ses observations. La robe noire, qui voulait que l’on en finisse d’abord avec la défense avant que le Parquet général ne prenne la parole, a été coupé net par Demba Kandji : «Non maître ! Attendez ! Vous aurez la parole, mais je veux que cela se fasse dans la courtoisie». La couleur était ainsi donnée ; le président de céans, qui était visiblement sur la défensive, ne voulait pas que se répètent les scénarii avec le juge Lamotte.
Plus tard, avant que Me Mbaye Sène ne prenne la parole, pour ses observations, Demba Kandji reprend la parole : «je voudrais que cela se passe dans la courtoisie et dans la discipline. Le procès doit être encadré par les règles de procédure». Me Sène prend cette dernière phrase au rebond et lui fait remarquer que, pour le respect des règles de procédure, la Cour doit renvoyer pour régulariser les convocations. L’avocat souligne ensuite les nombreux dossiers qui sont à la Cour d’appel depuis bien longtemps et qui n’ont pas encore été enrôlés. Cela a suffi à mettre en colère Demba Kandji, qui peste : «qu’est-ce que la Cour a comme dossiers ? Cela ne me concerne pas». Me Sène de rétorquer sèchement : «cela vous concerne». Demba Kandji de riposter : «ce débat, c’est avec le parquet qu’il faut le faire. C’est un débat politicien. Mon prétoire ne se prête pas à ce jeu. On est d’accord sur le principe du renvoi, maintenant je ne saisis pas votre discours».
Décidé à ne pas se laisser marcher sur les pieds, Me Mbaye Sène apporte une réplique à la hauteur de l’attaque : «vous ne saisissez pas, parce que vous ne voulez pas le saisir. Je ne suis pas un politicien ; laissez-moi terminer !». Loin d’en finir, le président de la Cour d’attaquer encore : «je n’aimerais pas que l’on prenne la Cour comme un punching-ball, il ne faut pas prendre la Cour comme un guignol».
Des propos qui ont eu l’effet de faire rire l’assistance, irritant davantage Demba Kandji qui menace : «si je trouve quelqu’un en train de vociférer, je le mets sous mandat de dépôt». La foule rouspète de plus belle et il crie encore : «gendarmes, si vous me prenez quelqu’un, emmenez le moi, je le place sous mandat de dépôt». La salle se calme enfin.
Demba Kandji accepte le renvoi et demande aux avocats de lui proposer une date. Le procès s’annonce houleux.
 
A.D

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