Le Président Macky Sall, qui a remis, avant-hier, les premiers financements de la Délégation générale à l’entreprenariat rapide (Der), n’a pas convaincu tout le monde à propos de ce projet qui lui tient à cœur. Parmi les non-convaincus, l’activiste Guy Marius Sagna, qui se demande si la Der, qu’il appelle «DERnière» ne va pas finir comme le Programme national de Développement local (Pndl) ou le fameux compte K2.
Les premiers financements de la Délégation générale à l’entreprenariat rapide (Der) ont été remis avant-hier, 6 août 2018. Pour la première vague de financements, 10 milliards de nos francs ont été remis à 15.000 bénéficiaires. L’objectif étant «de former 50.000 entrepreneurs pour créer 300.000 emplois dont 100.000 emplois directs et 200.000 emplois indirects».
Mais les faramineuses sommes annoncées à propos de ce projet n’ont pas pu convaincre certains de nos compatriotes. C’est le cas de l’activiste et homme politique Guy Marius Sagna, qui l’appelle déjà «DERnière». Pour le membre de Yoonu Askan wi, les bénéficiaires trouvent un environnement extrêmement défavorable pour espérer réussir leurs projets.
Un environnement que Guy Marius Sagna décrit comme «marqué par 65% de nos entreprises qui meurent avant leur troisième année, par un franc Cfa qui favorise les importations, renchérit les exportations et exerce une répression financière avec la rareté des crédits, mais aussi par l’option ultralibérale prise par le Président Macky Sall (signature Ape, Zlec, installation grandes surfaces, concurrences des aviculteurs locaux par des groupes étrangers…)».
Mieux vaut croire au Père Noël que…
Pour l’ancien directeur de campagne de Ousmane Sonko lors des dernières législatives, face à cet environnement, il s’agit quasiment de mission impossible pour l’écrasante majorité des bénéficiaires de la Der. «Par exemple, peut-on espérer que la gestion de la Der soit démocratique ? La gestion des cartes d’égalité des chances, des bourses de sécurité familiale, des fonds politiques… nous disent qu’il vaut mieux croire au Père Noël que de croire en la gestion démocratique de ces fonds (choix des bénéficiaires, suivi/accompagnement, remboursement…)», illustre-t-il dans une déclaration rendue publique. Et de se demander : «la Der, la dernière copie conforme de l’Agence du Fonds de Développement social (Afds), du Programme national de Développement local (Pndl) ? Ou du fameux compte K2 ?», questionne-t-il, répondant qu’«on ne fait pas du neuf avec du vieux».
Poursuivant sa note, celui qui a battu le record du nombre d’arrestations par la police rappelle que l’actuel président de la République et l’actuelle présidente du Conseil économique social et environnemental (Cese) s’étaient chamaillés à l’époque pour contrôler le Pndl.
Pour lui, le contrôle de pareilles sources de financement est le contrôle d’un instrument clientéliste d’implantation et de structuration. Mais aussi, dit-il, de renforcement de notabilités locales dont on se moque de leur caractère réactionnaire pour des raisons électoralistes. «Il me semble qu’à l’époque, c’est Macky Sall qui avait gagné. C’est l’occasion de dire qu’en réalité, avant 2012, l’actuel président de la République était allé rencontrer les bénéficiaires des deniers publics de l’Etat en prétendant ‘’(…) qu’après Dieu, c’est grâce à moi que vous avez reçu vos financements, vos puits…’’».
Terminant, Guy Marius Sagna note qu’en réalité, il en est de nos gouvernants comme de Frankenstein. «Ils invoquent des puissances infernales qu’ils ne maitrisent plus. Et ces puissances infernales expliquent qu’aux 300.000 nouveaux demandeurs annuels d’emplois, il n’est proposé que 30.000 emplois. Ces puissances infernales expliquent aussi le taux élevé de mortalité de nos entreprises», martèle-t-il.
Synthèse Sidy Djimby NDAO