Le Premier ministre Ousmane Sonko a appelé hier son prédécesseur Amadou Ba à un débat public contradictoire « sur la situation économique et financière dans laquelle ils ont plongé le pays, et sur sa responsabilité personnelle », mais également pour confronter leurs visions respectives concernant la situation actuelle du Sénégal. Une initiative en réponse aux récentes déclarations de son prédécesseur à la Primature, critiquant la gestion du pays sous le régime du tandem Diomaye-Sonko, dans un contexte marqué par des tensions économiques et sociales.
Si « un adversaire politique n'est pas un ennemi, mais un partenaire du débat démocratique », comme le disait l’ancien ministre française Ségolène Royal, le Sénégal va peut-être faire un pas de plus vers sa maturation démocratique. Et pour cause, le Premier ministre Ousmane Sonko a appelé hier son prédécesseur et tête de liste de la coalition Jamm Ak Njariñ, Amadou Ba, à un débat public contradictoire « sur la situation économique et financière dans laquelle ils ont plongé le pays, et sur sa responsabilité personnelle », mais également pour confronter leurs visions respectives concernant la situation actuelle du Sénégal.
En effet, en réaction aux critiques formulées par la tête de liste de la coalition Jamm Ak Njariñ lors d'une récente conférence de presse, le Premier ministre a fait part de son souhait de débattre publiquement avec Amadou Ba sur la gestion économique du pays.
Ousmane Sonko : «enfin, les choses bougent. Monsieur Amadou Ba a décidé de sortir de l’ombre et de ne plus se cacher derrière ses mercenaires de la plume et autres ‘’chroniqueurs’’. Tant mieux, car le jeu du mythe et du combat politique par procuration ne saurait prospérer plus longtemps», a d’abord attaqué la tête de liste du Pastef.
Avant d’enchainer à l’endroit de son collègue inspecteur des Impôts et des Domaines : «je lui offre donc une belle opportunité de s’expliquer devant le peuple : un débat public contradictoire entre lui et moi sur la situation économique et financière dans laquelle ils ont plongé le pays, et sur sa responsabilité personnelle». Ousmane Sonko de conclure : «ce sera l’occasion d’aborder, entre autres, les questions liées à la dette et au déficit publics, à la fiscalité, au foncier, aux mines et hydrocarbures, ainsi qu’à la masse salariale. Nous pourrons enfin discuter de la Vision 2050 et permettre à Monsieur Ba de partager ses appréciations à ce sujet».
Deux figures, un enjeu électoral
Ousmane Sonko et Amadou Ba, bien qu’ils aient des parcours politiques différents, symbolisent deux courants opposés dans la scène politique sénégalaise, et leur affrontement public pourrait cristalliser les choix électoraux à venir. Ousmane Sonko, actuel Premier ministre, est une figure de proue de l’opposition historique au président Macky Sall. Il se présente comme un défenseur de la justice sociale et un critique virulent de la corruption au sein de l’État. Face à lui, Amadou Ba, ancien Premier ministre sous Macky Sall, incarne la continuité du régime précédent, soulignant une gestion plus modérée et pragmatique des affaires du pays.
Ce débat dépasse la simple confrontation de deux personnalités politiques. Il s’agit en réalité d’un moment clé pour influencer les législatives de 2024. Pour Sonko, ce face-à-face est l’occasion de renforcer son image d’homme du peuple, dénonçant les abus d’un régime qu’il accuse d’avoir ignoré les intérêts des citoyens. De son côté, Amadou Ba cherche à défendre le bilan de son gouvernement et à démontrer que le leadership de Ousmane Sonko pourrait conduire le pays dans une impasse politique et économique.
L’enjeu est donc clair : au-delà des personnalités, ce débat pourrait orienter les électeurs vers un vote. Ce sera soit en faveur du régime afin de donner au président Bassirou Diomaye Faye les leviers nécessaires pour son gouvernement ; soit en faveur du camp de l’opposition afin de permettre à celui-ci de former un gouvernement pour trouver des solutions aux «difficultés économiques que le Sénégal traverse».
Sidy Djimby NDAO
Thierno Alassane Sall
«Ousmane, ne te débine pas»
Le président de la République des Valeurs n’a pas perdu de temps pour répondre au Premier ministre. Dans un tweet réponse à Ousmane Sonko, Thierno Alassane Sall écrit : «Monsieur le Premeir ministre veut choisir ses débatteurs et ses thèmes ? Pourtant, il y a matière à faire entre les dossiers ONAS, ASER ou encore JP Morgan» ? Thierno Alassane Sall d’assurer : «mon invitation avec les têts de listes sur nos programmes, sur l’Agenda Sénégal 2050, et plus encore sur l’état actuel du pays, tient toujours».
Birahim Seck : «nous ne voulons pas d’un duel, mais…»
Le coordonnateur du Forum Civil n’a pas été en reste. Comme tous les débats où on parle de transparence, Birahime Seck a conforté les différents protagonistes. Seulement, pour lui, il ne s’agit pas d’une affaire de deux personnes. Pour Seck, toutes les têtes de listes sont concernées. «Nous ne voulons pas d’un duel. Thierno Alassane Sall avait demandé que les têtes de liste débattent», écrit-il.
Amadou Bâ en passe d’accepter
Tout porte à croire que le fameux débat pourrait avoir lieu. Selon nos antennes sensibles, l’ancien ministre des Finances (2013-2019), ancien Premier ministre (2022-2024) pourrait accepter le défi lancé par son ancien élève.
Nous ne voulons pas dun duel. Thierno Alassane Sall avait demandé que les têtes de liste débattent