DECOUVERTE DE CHANVRE INDIEN DANS UNE AMBULANCE : Des ambulanciers font du transport de passagers une activité lucrative



 
Derrière la découverte de chanvre indien à bord d’une ambulance dans la région de Kolda, se cache une forêt de pratiques délictuelles. Il s’agit notamment du transport de passagers auquel certains ambulanciers s’adonnent. Une activité en cours entre Kédougou et Salémata. Un ambulancier d’une société établie à Yoff s’y était aventuré avant d’être licencié après son arrestation. Et, pour reprendre l’ambulance, la société a dû débourser 550.000 francs. 
 
 
 
 
 
La rocambolesque saisie de 135 kg de chanvre indien à bord d’une ambulance à hauteur du poste de Mandat Douane par les gendarmes de la Brigade de Kalifourou, dans la région de Kolda, a levé le voile sur des pratiques peu orthodoxes auxquelles s’adonnent certains ambulanciers véreux. Et le mal est plus profond. La faute à l’absence de contrôle de ces véhicules au statut particulier, spécialisés dans le transport des malades et des blessés. Un statut ou une faveur devenu le lit d’une activité lucrative pour certains chauffeurs véreux. En effet, outre cette découverte spectaculaire de cette herbe prohibée, des chauffeurs s’adonnent aussi au transport de passagers à bord des ambulances moyennant des espèces sonnantes et trébuchantes. Une pratique en cours entre Salémata et Kédougou. Comme en témoigne notre interlocuteur établi à Kédougou et qui s’est indigné – au téléphone - de cette pratique, au vu et au su de tous.
Témoin à plusieurs reprises de cette scène invraisemblable, il a décidé de les dénoncer pour attirer l’attention des autorités, notamment les gouverneurs, préfets et sous-préfets à prendre des mesures contre cette pratique délictuelle. «On ne va pas attendre qu’il y ait une catastrophe avec ces ambulanciers pour ensuite venir jouer aux sapeurs-pompiers», précise notre interlocuteur.
 
 
5000 francs par personne
 
 
A l’en croire, l’ambulancier, de manière péremptoire, fait descendre «ses passagers» (une demi-dizaine) à Kédougou avant d’embarquer d’autres en direction de Salémata moyennant 5000 francs par personne. Poursuivant, notre interlocuteur rappelle que ce n’est pas la première fois que pareille situation se produisait dans ces localités. Le transport de passagers à bord d’une ambulance a été noté entre Tamba et Kédougou avant la construction de l’hôpital Amath Dansokho. L’ambulancier qui desservait ces deux localités s’adonnait, dit-il, à ce business lucratif. C’est le gouverneur de Tamba qui avait l’œil de Moscou sur cette activité qui avait prévenu son collègue de Kédougou. C’est ainsi que l’ambulancier a été arrêté en flagrant délit. Seulement, selon notre interlocuteur, aucune suite judiciaire n'a été réservée à cette activité délictuelle. Cependant, le mis en cause n’a pas échappé à la sanction du district sanitaire de Kédougou qui a frappé dans le portefeuille de l’ambulancier resté six mois sans salaire.
 
 
Des ambulanciers prennent des bagages en contrepartie d’une rémunération, d’autres transportent du charbon ou du sucre
 
 
Le phénomène du transport de passagers à bord d’ambulances n’est pas seulement noté à Tamba et Kédougou. Cette pratique a été relevée dans une société d’ambulances établie à Yoff. Selon un ambulancier qui officie dans cette structure, l’auteur de ces exactions a été licencié. En effet, celui-ci a été interpellé sur la route de Mbour alors qu’il transportait des passagers. L’ambulance a été également saisie et la société a été contrainte de débourser 550.000 francs pour la reprendre. Pourtant, auparavant, il avait attiré l’attention de ses responsables quant aux agissements de certains de ses collègues chauffeurs. Poursuivant, il révèle que des ambulanciers prennent des bagages d’autrui en contrepartie d’une rémunération, d’autres transportent même du charbon ou du sucre ; lorsqu’ils reviennent de Tamba ou de la Casamance.
En tout cas, pour tous ces agissements, les ambulances et les corbillards, explique l’ambulancier de Yoff, sont depuis quelques mois traqués sur la route. Notre interlocuteur rappelle qu’il a été arrêté au poste de Keur Ayip vers 22 heures alors qu’il conduisait un corbillard. Les éléments en faction ont fouillé le corbillard de fond en comble. Même le cercueil a été ouvert et passé au peigne fin, avant de le laisser partir. En outre, il a pointé du doigt le recrutement des ambulanciers qui n’ont aucune formation. Or un ambulancier, outre son rôle de transporter un malade, est un auxiliaire sanitaire et doit savoir faire fonctionner des appareils d’assistance médicale.  
 
Moussa CISS
 
 
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