Dans un communiqué publié hier, le procureur du Tribunal de grande instance de Mbour a révélé les contours du décès d'Ousmane Dia. Détenu à la Mac de Mbour suite aux manifestations survenues à Nguékhokh le 30 mai dernier, il est décédé en détention quelques jours plus tard. Mais le procureur, se fondant sur le rapport d’autopsie, a révélé que la mort du détenu est liée à une détresse respiratoire aigüe.
La mort du détenu Ousmane Dia à la maison d'arrêt et de correction de Mbour a soulevé une vague d'interrogations. Mais là, pour faire taire les rumeurs sur son décès, le procureur du Tribunal de grande instance de Mbour a fait une sortie. À travers un communiqué, le ministère public a fait étalage des conclusions du légiste. D'emblée, dans son propos, il a tenu à préciser que l'homme de l'art a fait appel à l'un des frères du défunt pour qu'il assiste aux opérations d'autopsie. Et le légiste a ainsi conclu que le processus du décès est une hypoxie sévère et que la mort est liée à une détresse respiratoire aigüe. Toujours dans son rapport, il a informé que Ousmane Dia a fait des crises convulsives la veille et le matin, vers 07h, dans la maison d'arrêt et de correction de Mbour. Le constat de décès a été fait aux urgences à 08h20mn, révèle le communiqué du parquet. "L'examen externe a mis en évidence l'intégrité physique du défunt. En dehors d'une plaie de 2 cm de diamètre en voie de cicatrisation située au niveau du 1/3 supérieur de la face antérieure de la cuisse gauche, aucune lésion traumatique externe récente (plaie, luxation, fracture) n'a été constatée», a-t-il assuré.
Poursuivant, il a expliqué que l'examen interne a aussi mis en évidence, pour l'essentiel, une intégrité des organes internes excepté les poumons qui présentaient un aspect pouvant amener à penser valablement que le défunt avait une infection pulmonaire.
Le maître des poursuites a déclaré que dès réception du rapport d'autopsie, ils ont convié dans leur bureau les parents du défunt, en l'occurrence son oncle maternel et deux de ses frères dont celui qui avait assisté aux opérations d'autopsie, accompagnés de leur avocat Me Abdoulaye Tall, pour leur en donner la teneur tout en leur notifiant leur droit de le contester ou de solliciter une contre-expertise avant toute délivrance du corps. Là, précise-t-il, après concertation en leur sein, ils sont revenus pour dire qu'ils acquiescent entièrement aux conclusions du rapport. C'est ainsi qu'ils ont signé le certificat aux fins d'inhumation du corps.
L’enquête va se poursuivre
Le parquet d’indiquer qu’il va poursuivre les enquêtes sur les manifestations violentes en lien avec le procès sus-évoqué, afin d'en situer toutes les responsabilités pénales de quelque bord qu'elles se trouvent. Il faut rappeler que le défunt Ousmane Dia avait été interpellé, selon le ministère public, à l'issue de l'enquête ouverte sur l'affaire dite des manifestants de Nguékhokh. Les manifestants avaient pris pour cible la brigade de gendarmerie de ladite localité, le 30 mai 2023, en marge du procès opposant le leader politique Ousmane Sonko à la dame Adji Sarr. «Des centaines de jeunes de Nguékhokh ont barré la route nationale n°1 à l'aide de pneus brûlés et de barricades. Les gendarmes intervenus sur les lieux pour faire cesser les troubles se sont heurtés à une farouche résistance des manifestants qui les ont repoussés jusque dans l'enceinte de la brigade, située à quelques mètres de la route nationale où ils les ont attaqués avec de jets de projectiles, ont caillassé leur véhicule de dotation avant de tenter de mettre le feu à la brigade», a-t-il confié. Et d'ajouter : «les gendarmes ont fini par faire usage de leurs armes de service pour repousser les assaillants. Ousmane Dia qui était vraisemblablement présent aux manifestations, en est ressorti blessé, probablement atteint par un projectile à la jambe gauche. Identifié, il sera, après des soins reçus au niveau de l'hôpital de Mbour, arrêté le 26 juin 2023 puis déféré au parquet. Il sera inculpé pour les faits sus-évoqués et placé sous mandat de dépôt. Ainsi son décès, survenu une dizaine de jours après son incarcération, pouvait être, a priori, mis en lien avec sa blessure lors des affrontements».
Fatou D. DIONE