DECES DE MOUSTAPHA BA, ANCIEN MINISTRE DES FINANCES ET DU BUDGET : Le Sénégal perd un orfèvre des finances qui faisait l’unanimité




 
 
 
L’ancien ministre (2022-2024) Mamadou Moustapha Ba est décédé hier à Paris à l’âge de 59 ans. Une triste nouvelle qui a plongé le Sénégal dans la consternation. En effet, Moustapha Ba était un technocrate compétent, un orfèvre des finances qui faisait l’unanimité et qui a dédié toute sa vie au service du développement de son pays.
 
 
 
Alors que la campagne électorale en vue des législatives anticipées du 17 novembre battait son plein, l’annonce brusque et brutale du décès de l’ancien ministre des Finances et du Budget est venue plonger le Sénégal dans une profonde tristesse. La ferveur électorale fait ainsi place à une ambiance lourde de deuil. Mamadou Moustapha Ba est décédé, ce lundi, à Paris des suites d’une maladie à l’âge de 59 ans. Avec sa disparition, le Sénégal perd un technocrate compétent, doté d’une expertise avérée dans le domaine des finances publiques. Directeur du Budget entre 2014-2022, le natif de Nioro du Rip a été l’orfèvre de la programmation budgétaire en sa qualité d’ingénieur des travaux de planification ; avant d’être nommé ministre des Finances et du Budget le 17 septembre 2022 en remplacement de Abdoulaye Daouda Diallo. Et, ses attributions seront renforcées par la suite par l’ancien président de la République avec la fusion du ministère de l’Economie, du Plan et de la Coopération avec celui des Finances et du Budget pour une meilleure articulation des politiques publiques à quelques mois de la présidentielle. Ce qui témoigne de sa compétence et d’homme incontournable dans le dispositif gouvernemental de l’ancien régime. En effet, c’est durant son magistère que le budget du Sénégal a atteint la barre des 7003,5 milliards francs Cfa en faveur d’une reprise de la croissance après la pandémie du Covid-19,  mais aussi de l’augmentation des recettes de l’Etat et de la rationalisation continue des dépenses publiques.
 
Sa maîtrise des finances force l’admiration
 
Moustapha Ba était un esprit brillant, un homme affable qui ne vivait que pour les finances comme s’il en détenait la science infuse eu égard à sa maitrise de cette discipline. Et, c’est pourquoi, il forçait le respect et l’admiration. A l’Assemblée nationale, il avait fini presque par faire l’unanimité. Beaucoup de députés étaient tombés sous le charme de l’argentier de l’Etat pour son éloquence et sa maitrise des questions économiques en général et du budget en particulier. Le tout dans un style accessible enrobé dans un sourire légendaire même à l’endroit de ses contempteurs. Partisan du débat contradictoire, il ne fuyait pas le débat à l’hémicycle et apportait toujours des réponses aux préoccupations des parlementaires de tous bords à défaut de les envoyer par écrit. Par cette démarche, il a été souvent chanté par les députés pouvoir comme opposition. Mame Diarra Fam est allée jusqu’à convoquer sa lignée de descendant du résistant Maba Diakhou Ba. Mieux, c’est à l’Assemblée nationale qu’il a été qualifié de meilleur ministre des Finances de l’histoire politique du Sénégal. Lors de sa dernière prise lors du vote de la loi des finances initiale à l’Assemblée, ses derniers mots aux députés ont été : ‘’vous allez me manquer’’.
 
Un parcours brillant
 
Moustapha Ba a eu un parcours brillant qui force le respect. En effet, le natif de Nioro du Rip (Kaolack) est un ancien pensionnaire du Prytanée militaire de Saint-Louis. Il a obtenu son diplôme d’ingénieur des travaux de planification à l’Ecole nationale d’économie appliquée (Enea) en 1991. Il est aussi titulaire d’un diplôme de politique de développement et un Master en gestion et administration publique à l’Institut de politique de gestion du développement de l’Université d’Anvers où il est sorti major de sa promo en 1998-1999. Parallèlement, entre 1992 et 2000, Moustapha Ba était chargé de programmes à la Direction de la coopération économique et financière (Dcef).  Entre 2001 et 2006, il est chef du Bureau primaire de la Dcef avant de devenir le directeur-adjoint en 2007 de la coopération économique et financière avant de prendre la tête de ce département en mai 2012 jusqu’à octobre 2014. De cette date à 2022,  il a été Directeur général du Budget, avant d’être nommé ministre des Finances et du Budget le 17 septembre 2022. Un parcours brillant au service de son pays dont les actes vont demeurer éternels, même si le chapitre de sa vie se referme. 
 
Moussa CISS
 
 
 
 
 
MOUSTAPHA BA LORSQU’IL QUITTAIT SES FONCTIONS DE MINISTRE DES FINANCES ET DU BUDGET
« La seule satisfaction du soldat, c’est le sentiment du devoir accompli »
 
 
 
La dernière sortie du ministre Moustapha Ba en public a été le 11 avril 2024 lors de la passation de service avec son successeur à la tête des Finances et du Budget, Cheikh Diba. A cette occasion, Moustapha Ba avait considéré sa nomination comme un parachèvement de son engagement de plus 30 ans dans ce département. « C’est donc avec l’espoir d’avoir été utile à mon pays, que je quitte aujourd’hui mes fonctions. Je me considère comme un soldat ; sans doute pour avoir été enfant de troupe. Or vous le savez, la seule satisfaction du soldat, c’est le sentiment du devoir accompli. L’Histoire jugera si nous avons fait correctement notre devoir », avait déclaré Moustapha Ba lors de cette passation de service avec son successeur.
 
M.C
 
 
 
 
 
L’HOMMAGE DE CHEIKH DIBA, LORS DE LA PASSATION DE SERVICE AVEC SON MENTOR
 
 
 
« Voilà un homme dont les qualités professionnelles et humaines font l’objet d’une rare unanimité »
 
 
 
Lors de sa passation de service avec le ministre Moustapha a qu’il considère comme son mentor, Cheikh Diba n’avait pas tari d’éloges à son endroit. « Voilà un homme dont les qualités professionnelles et humaines font l’objet d’une rare unanimité. Un homme qui a consacré plus de trente années de sa vie au service de l’État, avec un dévouement exemplaire. Lorsqu’on succède à un tel homme, on se doit d’être humble », avait déclaré Cheikh Diba, avant de poursuivre : « J’ai eu la chance de compter parmi ses proches collaborateurs pendant des années, de profiter de son expérience et de son expertise, qu’il partage avec l’enthousiasme des êtres dotés d’un cœur sain et généreux. Je possède le privilège de pouvoir revendiquer son amitié et son affection fraternelle, qui sont totalement réciproques », avait renchéri Cheikh Diba.
 
« Je prendrais bien soin du legs que je reçois de vos mains »
 
En outre, Cheikh Diba n’avait pas manqué de se confondre en remerciements. « Au nom de l’ensemble des agents de ce département, je vous dis Merci. Merci pour le travail acharné, pour les efforts inlassables, pour les nuits sans sommeil. Merci pour le stress enduré, pour les plaisirs sacrifiés, pour les obligations sociales délaissées. Merci pour les défis relevés, pour les risques affrontés, pour les combats menés. Merci pour votre beau bilan, pour votre contribution à un Sénégal meilleur, pour la trace que vous avez laissée partout où votre riche carrière vous a mené. Mais merci aussi pour les talents que vous avez détectés, pour les cadres que vous avez formés. Merci au nom de la génération pour qui vous représentez un symbole et un leader, et à laquelle j’appartiens. C'est pourquoi, je voudrais vous rassurer : je prendrais bien soin du legs que je reçois de vos mains aujourd’hui », avait déclaré l’actuel ministre des Finances et du Budget en guise d’hommage à son mentor.
 
M. CISS
 
 
 
 
 
 
 
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