DECES DE AMADOU MAHTAR MBOW A 103 ANS : Un siècle bien rempli d’un homme universel




 
Décédé hier à l’âge de 103 ans, Amadou Mahtar Mbow sera inhumé ce matin au cimetière de Yoff. De son vivant, l’homme a été un citoyen du monde. Enseignant et ministre dans son pays, combattant pour la France et premier Africain Directeur général de l’Unesco (1974-1987). Il a servi jusqu’au crépuscule de sa vie en dirigeant les Assises nationales à l’âge de 87 ans en 2008. 
 
 
 
Le professeur Amadou Mahtar Mbow s’est éteint dans la nuit de lundi à mardi à l’âge de 103 ans. Un siècle bien rempli au service de son pays, de l’Afrique et du monde entier. Combattant à la seconde guerre mondiale, enseignant, ministre, coordonnateur des Assises nationales en 2008, premier Africain Directeur général de l’Unesco, Amadou Mahtar Mbow a été un homme universel. Il sera inhumé ce matin au cimetière de Yoff après la prière mortuaire à la mosquée Omarienne. Les pages d’une vie ouvertes à Dakar, il y a 103 ans se referment ainsi dans la capitale sénégalaise. En effet, né à Dakar le 20 mars 1921, il a grandi à Louga.
 
A 18 ans, il participe à la seconde guerre mondiale
 
A 18 ans, il prend part à la seconde guerre mondiale et rejoint l’armée de l’air française en tant qu’engagé volontaire en mars 1940. Il sera rappelé en janvier 1943 avant d’être démobilisé en 1945. Une occasion pour le jeune Amadou de poursuivre ses études en France. Il s’inscrit d’abord dans une école préparatoire d’ingénierie aéronautique avant de choisir de passer son baccalauréat en Lettres modernes. Ce qui lui a permis de faire son entrée à la Sorbonne où il obtient sa licence ès-lettres d’enseignement. Parallèlement à ses études, il préside l’association des étudiants de Paris avant de mettre sur pied la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France.
 
Amadou Mahtar Mbow a œuvré pour l’éducation de base et l’alphabétisation
 
Après avoir servi à la Sorbonne, le professeur Mbow a demandé à rentrer au Sénégal pour préparer sa thèse de doctorat en géographie ; mais c’est le Cameroun qui lui a été proposé. Devant son refus, il sera envoyé en Mauritanie, à Rosso près de la frontière sénégalaise où il a servi comme professeur de collège de 1951 à 1953. Par la suite, il est rentré au bercail pour diriger le Service de l’éducation de base et est nommé chef des missions d’éducation de base entre 1952 et 1957 à Darou Mouhty, Badiana, entre autres localités. Durant cette période, il a vécu dans le Sénégal des profondeurs, dans les villages, pour initier ses compatriotes à l’alphabétisation. Il va enseigner l’histoire et la géographie au lycée Faidherbe et à l’Ecole normale supérieure de Dakar jusqu’en 1966. Un an plutôt, il préside la conférence des experts chargés de proposer la réforme des programmes d’histoire et de géographie des États francophones d’Afrique noire et de Madagascar.
 
Ministre de l’Éducation nationale, puis de la Culture et de la Jeunesse
 
Le professeur Amadou Mahtar Mbow a aussi servi son pays en tant que ministre de l’Education nationale durant la période coloniale 1957-1958 avant de démissionner pour s’engager dans la lutte pour l’indépendance de son pays devenue effective en 1960. Après l’indépendance, il s’est réconcilié avec Senghor et va retrouver son poste de ministre de l’Education nationale entre 1966 et 1968 puis de la Culture et de la Jeunesse. 
 
Premier Africain à la tête de l’Unesco
 
En 1970, il est nommé sous-Directeur général de l’Unesco chargé de l’éducation. Quatre ans plus tôt, il a été coopté comme membre du Conseil exécutif de l'Unesco. Sa candidature à la tête de l’Unesco a été portée par l’Oua devenue l’Ua. Le concerné avait accepté à condition que son recruteur à l’Unesco ne participe pas à cette élection. Ce qui a été le cas. Ainsi, en 1974, Amadou Mahtar Mbow devient le premier Africain Directeur général de l’Agence onusienne chargé de l’enseignement et de la culture et succède à René Maheu. Il a été presque plébiscité avec une seule abstention. Il va passer 13 ans à la tête de l’Unesco et c’est sous sa direction, que le rapport intitulé « Many Voices, One World » qui présente des recommandations pour établir un Nouvel ordre mondial de l’information et de la communication plus équitable.
 
Il préside les assises nationales à 87 ans 
 
Grand serviteur, l’engagement de Amadou Mahtar Mbow s’est manifesté jusqu’au crépuscule de sa vie. Alors qu’il était à la retraite, il a été sollicité en 2008, du haut de ses 87 berges, pour présider les travaux des Assises nationales initiées par le front Benno Siggil Sénégal qui regroupe les partis d’opposition de Me Wade et des organisations de la société civile. Réticent au début, il a fini par accepter sous la pression des initiateurs. Il a aussi dirigé la Commission nationale de réforme des institutions. De son vivant, le patriarche qui a dédié sa vie à son pays et aux peuples du monde a reçu beaucoup d’éloges. Il a été immortalisé par l’ancien président de la République qui a donné le nom de la seconde université de Dakar sise à Diamniadio à Amadou Mahtar Mbow. En mars 2022, lors de son inauguration, il avait délivré un message à la communauté estudiantine qu’il a invitée à persévérer dans les études.
 
M. CISS
 
 
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