Malgré les remous qui ont marqué le début des travaux du débat d’orientation budgétaire, la séance s’est terminée sur une note plus apaisée. L’annonce de la libération des quatre députés de Yewwi a décanté la situation. Ainsi, opposition comme majorité ont pu faire leur intervention dans le calme.
Les députés de Yewwi Askan Wi ont eu gain de cause avec la libération de leurs quatre collègues. Les travaux ont ainsi pu continuer dans le calme. Les parlementaires ont à cet effet livré leurs attentes et préoccupations au ministre des Finances et du Budget. La quasi-totalité des interventions ont été axées sur les doléances des uns et des autres pour leurs villes, départements et communes. Les députés de Benno, qui ont pris la parole ont dans l'ensemble, après avoir salué «le travail remarquable» de Moustapha Ba, sollicité des infrastructures pour leur localité. Pour eux, il faut certes féliciter le ministre des Finances, mais le véritable artisan de cette croissance fulgurante du pays, c’est le Président Macky Sall.
Seydou Diouf préconise une maitrise de la croissance démographique
Selon Seydou Diouf, il faut rationaliser les dépenses, mais cela ne doit pas impliquer la remise en cause des politiques sociales. A l’en croire, le Sénégal est l’un des pays qui attirent le plus en l’Afrique de l’Ouest. «Il nous faut juste faire les réformes structurelles nécessaires pour que le secteur privé porté la croissance comme l’a fait le secteur public durant toutes ces années», déclare M. Diouf qui estime aussi que le défi démographique doit être posé dans notre pays, parce que, quel que soit le taux de croissance, ‘’si nous maintenons la même cadence démographique, jamais on n’absorbera le gap entre la croissance démographique et les capacités de l'Etat’’.
Oumar Youm s’interroge sur le financement des partis politiques et des campagnes électorales
En tant que président du groupe parlementaire de la majorité, il est le dernier orateur de la longue liste d’intervenants. Oumar Youm a d’abord préconisé une interrogation sérieuse sur le financement des partis politiques et des campagnes électorales. Pour lui, une grande démocratie comme le Sénégal devrait avoir réglé ces problèmes depuis longtemps. Pour le président du groupe parlementaire Bby, ces financements peuvent être une niche de corruption et de blanchiment d’argent. Concernant la politique de prise en charge des préoccupations des jeunes, Oumar Youm invite le gouvernement à y accorder plus d’attention. Pour lui, au moins 10% du budget doit revenir aux politiques de jeunesse. Il faut faire de sorte que chaque jeune soit une solution et non un problème.
Moussa Diakhaté invite le parlement à criminaliser les saccages des biens publics
Le député de Bokk Gis-Gis pense que l’enjeu réel, ce n’est pas les finances en soi mais plutôt l’environnement, la sécurité. «Que vaut un programme si on met le Brt pour le brûler le lendemain, si on achète des cars pour les caillasser ?», demande Moussa Diakhaté. C’est pour cela qu’il invite le parlement à criminaliser les saccages des biens publics. Parce que quels que soient les recettes et engagements, nous serons dans un éternel recommencement.
Astou Ndiaye sollicite plus de parts du budget pour la sécurité intérieure
Pour elle, tous les Sénégalais doivent rendre grâce à Dieu et remercier le Président Macky Sall pour toutes les avancées notées ces 12 dernières années. «Quand les recettes d’un pays composent la moitié de son budget, l’équipe dirigeante mérite des félicitations», dit Astou Ndiaye. Elle estime par contre que la sécurité intérieure doit bénéficier davantage de parts du budget pour que l’on puisse faire face «aux fauteurs de troubles».
Ibrahima Diop s’interroge sur l’utilisation des 500 millions destinés au rapatriement des Sénégalais de l’extérieur
Bien qu’il soit de l’opposition plus précisément de Wallu, Ibrahima Diop reconnaît l’efficacité du ministre des Finances. Il a néanmoins demandé à ce dernier la mise sur pied d’une commission de contrôle pour les 500 millions destinés au rapatriement des corps des Sénégalais de l’extérieur que le ministre des Affaires étrangères affirme avoir utilisés en trois mois seulement.
Mamadou Niang : «on ne peut pas avoir une bonne croissance sans la paix sociale…»
Récemment élargi de prison, Mamadou Niang a pris part à la séance plénière d’hier. Le député après avoir plaidé pour son Mbour natal, attire l’attention du ministre sur le fait qu’on ne peut avoir une bonne croissance sans l’assurance d’une paix sociale qui dépend exclusivement d’une bonne gouvernance, ce qui fait défaut au Sénégal. «Nous n’avons pas une bonne gouvernance, parce que certaines autorités en charge des ministères stratégiques dont Intérieur, Justice et Forces armées sont les initiateurs de la violence qui sévit dans le pays».
Massata Samb plaide pour l’amélioration des conditions de vie des prisonniers
Son séjour en prison n’a pas freiné ses ardeurs. Massata Samb est toujours aussi virulent envers le régime du Président Macky Sall. Après avoir fustigé «le manque de considération de l’Etat pour Tivaouane», l’ancien détenu a plaidé pour une amélioration des conditions de vie dans les prisons. «Dans certaines chambres, les gens ne dorment pas la nuit faute de place. La nourriture en prison est exécrable et quand on tombe malade on n’a droit qu’à du paracétamol».
Rama Bodian propose une évaluation psychique pour les forces de l’ordre
Relevant toutes les griefs qu’elle nourrit contre les forces de l’ordre à cause de leurs agissements lors des manifestations, Rama Bodian propose d’inclure un chapitre destiné à l’évaluation psychique des personnes responsables de la sécurité des Sénégalais. «Je ne parlerai pas du budget alloué à la Présidence qui lui a permis de commander plus de 7 millions d’armes pour la brigade meurtrière et la milice de la présidence. Je parlerai du budget pour les forces de défense et de sécurité qui ont eu le sadisme d’utiliser un enfant comme bouclier, ceux-là qui gazent, tirent à balles réelles sur les populations».
Oumar Sy et Sokhna Ba soulèvent des incohérences dans les chiffres
Comparant les chiffres sur le document de programmation budgétaire et économique pluridisciplinaire (Dpbep) avec le rapport du premier trimestre 2023, Oumar Sy décèle des incohérences par rapport au dépenses du budget général de l’Etat qui est de 26,68% du taux de réalisation et dans le Dpbep, c’est 27,8% soit un écart de 20,32 milliards. C’est pourquoi il demande au ministre des Finances de l’édifier sur les raisons de ces différences de chiffres.
Idem pour Sokhna Ba. La cadette de l’Assemblée nationale soulève les mêmes incohérences et se demande comment on peut avoir des éléments distincts ? Pour elle, c’est normal que le Président Macky Sall fasse mieux que ses prédécesseurs parce que les contextes ne sont pas les mêmes et les Sénégalais lui ont donné plus de moyens que ces derniers.
Ndèye Khady DIOUF