Construction du Port de Bargny: les cadres du Port de Dakar vilipendent Oumar Guèye et dénonce une concurrence déloyale




 
En conférence de presse, hier à Dakar, l’Amicale des cadres du Port autonome de Dakar a fustigé la gestion du ministre de la Pêche et de l'Économie maritime, Oumar Guèye, qui, selon eux, semble travailler pour la destruction du port, notamment avec l’instauration du port «privé» de Bargny-Sendou.
 
Les cadres du Port autonome de Dakar (Pad) n’en peuvent plus d’assister impuissants à la dégringolade de leur outil de travail, qui, entre les années d’indépendance et aujourd’hui, est passé de premier port en Afrique de l’Ouest à l’avant-dernière place du classement. Devant cette situation, Mamadou Kor Sène Sarr, président de l’Amicale des cadres du Port autonome de Dakar, accuse la politique inappropriée du ministre de la Pêche et de l'Économie maritime, Oumar Guèye qui, selon eux, a fini, par sa gestion, de mettre le port à rude épreuve. 
Une gestion désastreuse qui ne s’explique pourtant pas, en cela que le chef de l’État a fini de manifester sa ferme volonté de faire de Dakar un hub portuaire, logistique, mais également industriel. C’est fort de ce constat que la Direction du port de Dakar a lancé le nouveau Plan stratégique du Port autonome de Dakar horizon 2019-2023. Un plan qui découle d’un diagnostic profond de l’outil portuaire et dont les résultats sont alarmants. En effet, les résultats notent des faiblesses majeures du Pad. Parmi ces faiblesses, listent-ils : «les temps d’attente en rade à Dakar sont plus longs que dans les autres ports concurrents, un tirant d’eau qui ne permet pas au Port de recevoir les bateaux de dernière génération, la petite superficie du Port, comparée à Abidjan ou Lomé…». Tout cela qui fait qu’à l’heure actuelle, «Dakar est classé cinquième port de la sous-région, loin derrière Lomé, Lagos, Tema et Abidjan».
 
 
 
Ces décisions injustifiées prises par les autorités…
 
 
Il était dès lors impératif de travailler à redonner à Dakar son lustre d’antan. Mais alors que le Pad se doit de relever le défi, les cadres disent ne pas comprendre «certaines décisions injustifiées prises par les autorités». Des décisions qui, à les en croire, «impactent terriblement sur la vision du chef de l’État de faire de Dakar un hub».  En effet, expliquent-ils, la découverte du pétrole et du gaz… le bassin Mauritanie, Sénégal, Guinée-Bissau, Guinée-Conakry et Cap-Vert constituerait le marché potentiel dont la base est installée à Dakar.  
Mais, «au moment où toutes les dispositions étaient prises pour la mise en place de la base logistique à Dakar, en concurrence avec la Mauritanie, une décision d’arrêt des autorités est venue anéantir toutes les négociations qui étaient entamées avec les partenaires», s’alarment les portuaires, ajoutant que «la Mauritanie a ainsi profité de cette aubaine pour mettre à la disposition de ces derniers une base logistique, au détriment du Sénégal». 
 
 
’Port de Bargny-Sendou’, ce boulet sorti de nulle part
 
 
 
Mais ceci n’est pas le seul goulot d’étranglement du Pad. En effet, selon les cadres, au moment où le port fait face à une concurrence sous-régionale exacerbée, «un boulet nommé ‘’Port de Bargny-Sendou’’ surgit de nulle part, pour davantage plomber nos ambitions de devenir un hub portuaire». Et c’est d’autant plus inacceptable qu’il s’agit d’un port privé et, par conséquent, un concurrent direct de Dakar. «À l’heure où l’on vous parle, des clients du Port autonome de Dakar sont démarchés par les gestionnaires dudit port», fustige Mamadou Kor Sène Sarr, président de l’Amicale des cadres du Port autonome de Dakar. 
Face à cette situation, les portuaires ont fait des suggestions, afin de sortir Dakar de ses difficultés, notamment dans la concurrence avec les ports de la sous-région. Parmi leurs propositions : «le transfert au Pad de la gestion du chemin de fer Dakar-Bamako, la tenue d’un conseil présidentiel sur les ports, l’appui de l’État…». 
Pour terminer, les portuaires ont ôté leur habit de cadres, se mettant dans le rôle de syndicalistes engagés. «Il faudra que l’autorité centrale sache que nous ne ménagerons aucun effort pour préserver notre outil de travail. La menace est réelle et nous ne sommes pas en phase avec ce qui est en train de se tramer à travers notre ministère de tutelle», a averti Omar Diané Sarr, porte-parole du cadre de concertation des secrétaires généraux des syndicats du Port. 
 
Sidy Djimby NDAO 

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