CRUE DU FLEUVE SÉNÉGAL ET INONDATIONS : Le maire de Ballou décrit une situation catastrophique




 
 
C’est dans le désarroi total que les populations riveraines du fleuve Sénégal vivent depuis une semaine. Les lâchers d’eau ont tout ravagé sur leur passage. Les villageois sont désemparés et plus précisément ceux de la commune de Ballou, dans le département de Bakel, sont coupés du monde et isolés.
 
 
 
Le fleuve Sénégal est sorti de son lit rendant impossible toutes activités et menaçant même l’existence dans les départements de Saraya, Goudiry, Kidira, Bakel, Kanel, Matam, Podor, Dagana et Saint-Louis. Tous subissent de plein fouet l’effet de la montée des eaux. Joint par téléphone, le maire de Ballou dans le département de Bakel raconte le désarroi que vivent les villageois de sa commune. «Ça fait une semaine jour pour jour qu’il y a ces lâchers d’eau. Tous les jours, je suis dans les villages, mais c’est la première fois que je vois dans tout un village qu’on circule en pirogue même à l’intérieur des maisons. Nos enfants ont pris un retard d’au moins une semaine. La santé est devenue compliquée parce qu’il faut des pirogues pour aller au poste de santé. C’est catastrophique», déplore Cheikhouna Camara.
Face à cette situation, le maire évoque l’histoire des inondations. Une telle situation n’est pas une première dans la zone. «Les historiens disent que depuis 1955, nous n’avons jamais vu autant d’inondations. C’est la date référence. A l’époque, la population était 10 fois moindre et il y avait suffisamment d’espace», fait-il savoir. 
Ainsi, il note que la solidarité inter-villageois a été déclenchée pour secourir les sinistrés qui ont tout perdu. «Nous avons emmené toutes les populations dépourvues de tout sur la terre ferme. C’est le système de solidarité inter-villageois qui est déclenché pour sauver le peu qui peut l’être. Il n’y pas de routes, l’électricité est coupée. Il n’y avait pas d’eau potable ni de réseau téléphonique pendant trois jours», dit-il. Seulement, se félicite-t-il, le gouvernement commence à apporter son assistance. «L’Etat nous a apporté de l’eau minérale dans des bidons de 10 litres dans les cinq villages. Il n’y a pas d’écoles… Le ministre de l’Intérieur n’a pas pu accéder à la commune à cause du niveau de l’eau extrêmement inquiétant. Le ministre de l’Hydraulique aussi a fait dépêcher une importante délégation pour nous rapporter des vivres pour un seul village parmi les cinq que compte la commune», dit-il.
La commune de Ballou fait 35.000 habitants et, informe le maire, «80% de la population vit dans ces cinq villages impactés et toutes les maisons construites en terre se sont écroulées. Toutes les maisons se sont pas écroulées, les fosses septiques débordent. Les chefs de villages font le recensement, il n’y pas de commerce et rien du tout. Notre inquiétude, c’est que depuis hier (jeudi, Ndlr) l’eau commence à se retirer. C’est l’après inondation qui est catastrophique. Les gens vont ramasser des morceaux. Osera-t-on construire au même endroit ? Comment l’Etat peut nous aider à construire à nouveau», dit, dépité, Cheikhouna Camara.
 
Baye Modou SARR
 
LES ECHOS

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