CRUE DU FLEUVE DANS LE DANDE MAYO : L’aide du gouvernement se fait désirer dans plusieurs localités sinistrées




 
 
 
L’aide du gouvernement n’est toujours pas acheminée dans certains villages impactés par la crue du fleuve et dont les populations sont confrontées à d’innombrables difficultés liées à leur survie, à la survie du bétail, au transport, à la santé, etc.
 
 
 
Avec les inondations occasionnées par la crue du fleuve Sénégal dans les localités riveraines - de Podor à Bakel en passant par Matam - le gouvernement avait convoyé des vivres, de l’eau, des tentes pour des abris provisoires en vue d'accompagner et de soulager ces populations qui font face à d’innombrables difficultés. Cependant, le constat sur le terrain du sinistre est tout autre. L’aide du gouvernement se fait désirer dans plusieurs villages et hameaux. C’est le cas à Darou Halaybé, Danki Bayla dans la commune de Dodel et Djamel dans la commune de Matam. Dans ces différentes localités, les populations, abandonnées à elles-mêmes, étalent leur calvaire quotidien. Et, Darou Halaybé est symptomatique des difficultés que traversent les sinistrés le long du fleuve Sénégal.
 
Absence de terres, des problèmes pour nourrir le bétail
 
Dans cette localité, beaucoup de maisons sont abandonnées, les pâturages sont inondés, de même que les enclos, les routes sont devenues impraticables, les écoles et les structures sanitaires fermées. Le marché et la mosquée désertés à cause des eaux. Et, l’aide de l’Etat n’est pas encore effective. Les rares soutiens sont envoyés par les parents expatriés ou le maire de la localité, en l’occurrence Amadou Niang. «L’eau a détruit les pâturages et nous n’avons plus de terres pour faire paître nos animaux. Nous avons des problèmes pour nourrir le bétail. Les champs sont inondés et les récoltes menacées. Avec la prolifération des moustiques et le manque de moustiquaires, nos enfants sont exposés au paludisme et le poste de santé n’est pas fonctionnel. La situation est délicate et nous avons besoin de vivres et de médicaments. Nous lançons un appel au gouvernement pour qu’il nous vienne en aide», lance le petit-fils du fondateur du village qui plaide aussi pour des solutions durables pour parer à la montée des eaux.
 
Ibrahima Tall : «L’eau continue d’affluer; si on n’y prend garde, on va vers la catastrophe»
 
«Nous avons besoin d’une digue de protection pour éviter que l’eau envahisse nos maisons à chaque montée des eaux. Beaucoup de surfaces sont inondées et si une solution n’est pas trouvée, c’est la cité religieuse qui risque d’être rayée de la carte du Sénégal», avise le sieur Ly. «Nous lançons un appel aux bonnes volontés, aux maires et au gouvernement à venir en aide à la population des localités du Dandé Mayo. L’eau continue d’affluer et si on n’y prend garde, on va vers la catastrophe», prédit le directeur des programmes de la radio communautaire de la localité Ibrahima Tall. A l’en croire, les populations, sous la houlette des imams et du chef de village ont érigé une digue de protection de fortune pour limiter les dégâts.
 
Risque de péril fécal
 
«Nous habitons Danki Bayla et je crois que nous sommes oubliés par le gouvernement. Nous n’avons rien vu de l’aide dont on parle. Le village est entouré d’eau et nous ne pouvons aller nulle part. Nous peinons à nourrir correctement nos enfants, menacés par le paludisme à cause des moustiques. Seule une maison a été épargnée par les inondations et c’est là que nous nous sommes tous regroupés. Les toilettes sont à l’extérieur de la maison et sont inondées. Nous déféquons à l’air libre au bord de la route. C’est dégradant et cela risque de favoriser le péril fécal», fait remarquer Khadija Ndongo dite Diallé. 
 
Djamel devenu une île à l’entrée de Matam
 
A Matam, dans la commune de Djamel, c’est le même constat. De l’eau à perte de vue. Le poste de santé de la localité est dans les eaux et est inaccessible. L’école aussi est fermée, de même que la mosquée. Djamel est devenu une ile artificielle à l’entrée de Matam. «Nous sommes enclavés du jour au lendemain. Aucun déplacement n’est possible ni à pied, ni à moto, encore moins en voiture. Le seul moyen de transport ici, c’est la pirogue. Il faut débourser 500 francs pour rallier Matam sur une distance de 1,5 km ; soit 250 francs aller et le même montant au retour. Et, n’est pas évident ce d’avoir ce montant tous les jours car toutes les activités sont à l’arrêt. Et la navette s’arrête à 16 heures. Et quelle que soit l’urgence, il faut attendre le lendemain pour trouver un moyen de transport», relate Bassirou Sarr qui dénonce l’arrivée tardive de l’aide du gouvernement. Néanmoins, le maire de la localité a mis à la disposition de la population deux pirogues et des vivres.
 
Cheikh T. NDIAYE
 
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