En dépit de la pandémie du Covid-19, la croissance du Pib réel du Sénégal est ressortie à 6,1% en 2021, contrairement aux prévisions de 5,1%. C’est ce qu’a révélé l’équipe du Fmi au terme d’une mission dans notre pays. Seulement, face à l’augmentation soutenue de notre dette publique, le Fmi recommande de revoir l’ordre de priorité des dépenses, afin d’éviter de grands dérapages budgétaires et de préserver la viabilité de la dette.
«L’économie sénégalaise a retrouvé en 2021 sa trajectoire de croissance d’avant la pandémie, grâce à la vigueur de la production industrielle et du secteur des services. La croissance du Pib réel est estimée à 6,1% en 2021, soit environ un point de pourcentage de plus que prévu. L’inflation moyenne a été maîtrisée à 2,2%, même si les prix des produits alimentaires ont augmenté de 2,9%. Malgré des recettes fiscales inférieures aux attentes, l’exécution du budget a été dans l’ensemble en ligne avec les objectifs, avec un déficit budgétaire global de 6,3% du Pib». C’est la principale conclusion qui ressort de la déclaration du chef de mission des services du Fonds monétaire international (Fmi), Edward Gemayel, au terme d’une mission hybride menée du 9 au 15 mars 2022 pour dresser le bilan de l’évolution économique récente, évaluer les répercussions économiques de la guerre en Ukraine et des sanctions contre le Mali, et examiner la progression des réformes appuyées par l’instrument de coordination de la politique économique, l’accord de confirmation et la facilité de crédit de confirmation.
Poursuivant, le chef d’équipe du Fmi estime toutefois que la guerre en Ukraine assombrit les perspectives macroéconomiques. «La hausse des prix mondiaux des produits alimentaires et de l’énergie s’ajoute aux défis actuels de la politique économique, y compris les séquelles de la pandémie, l’insécurité régionale et l’augmentation des revendications sociales à l’approche des élections législatives de juillet. Tous ces éléments accroissent les risques de ralentissement de la croissance économique et se traduiront probablement par une aggravation des pressions inflationnistes et une augmentation considérable des dépenses publiques», fait remarquer Edward Gemayel, l’envoyé du Fmi.
Le Fmi recommande de revoir l’ordre de priorité des dépenses…
En outre, le chef de mission du Fmi estime que l’espace budgétaire du Sénégal s’est nettement rétréci avec l’augmentation soutenue de la dette publique au cours des dix dernières années, lié notamment à l’amplification des investissements publics. «Comme les ressources sont limitées, il sera essentiel d’améliorer la mobilisation de recettes, de rationaliser et mieux cibler les subventions et de revoir l’ordre de priorité des dépenses, afin d’éviter de grands dérapages budgétaires et de préserver la viabilité de la dette», souligne M. Gemayel qui est d’avis que le renforcement de la résilience de l’économie dépendra de la poursuite de réformes structurelles clés. Lesquelles réformes, dit-il, visent à accélérer la mise en œuvre de la stratégie de mobilisation des recettes à moyen terme ; à opérationnaliser le nouveau cadre budgétaire régissant l’utilisation des recettes tirées des hydrocarbures ; à préparer une feuille de route pour l’élimination progressive des subventions à l’énergie, tout en améliorant le mécanisme actuel de protection des personnes les plus démunies ; et à réviser le cadre juridique des marchés publics afin d’augmenter la fréquence des appels d’offres ouverts et concurrentiels.
La facilité de crédit de confirmation prévue à fin avril
La mission du Fmi a par ailleurs réaffirmé l’appui due aux efforts que les autorités déploient pour mettre en œuvre leur programme de réformes économiques. «Les discussions relatives à la prochaine revue du programme soutenu par l’instrument de coordination de la politique économique, l’accord de confirmation et la facilité de crédit de confirmation sont prévus pour fin avril 2022», annonce le chef de mission.
M. CISS