Le Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes) est très remonté contre les autorités et il ne fait point dans la demi-mesure pour dire ce qu’il pense. Face à la presse, Malick Fall, secrétaire général du syndicat, déclare qu’ils sont au courant des velléités d’accaparement du patrimoine foncier de l’Ucad, mais que ça ne passera pas. Il a également fustigé l’inexistence de masters pour tous dans les campus franco-sénégalais. Le secrétaire général du Saes met d’ailleurs en garde les recteurs qui seraient tentés de vouloir attribuer eux-mêmes les bourses, parce que, dit-il, les universités ne sont pas là pour définir les critères d’attributions de bourse.
Ce sont de terribles révélations qui ont été faites par le secrétaire général du Syndicat autonome de l’enseignement supérieur, hier, en conférence de presse. Selon Malick Fall en effet, les autorités seraient sur le point de vendre une partie du patrimoine foncier de l’université à une ambassade. «Avant les indépendances, le Sénégal avait attribué au Centre Orstom des surfaces à travers le pays, parmi lesquelles la réserve foncière de plus de 50 ha à Mbour. L’Orstom s’est mué pour devenir l’Institut de recherche pour le développement (Ird). Au moment des indépendances, ils ont conservé ce patrimoine foncier pour des visées scientifiques, pédagogiques et de recherche. Aujourd’hui, il nous est revenu que c’est ce patrimoine foncier là que l’Ird a rétribué à l’ambassade de France. Et c’est cette réserve foncière que l’ambassade va vendre pour participer à l’effort de construction de Campusen», a laissé entendre Malick Fall, qui ajoute qu’ils sont aussi informés de velléités d’accaparement du patrimoine foncier de l’Ucad. «Nous n’accepterons jamais que le patrimoine foncier de l’Ucad soit spolié ou bradé. Ce qui nous a fait mal, c’est qu’au moment de l’écriture du décret d’application de la loi-cadre, nous avions mis dans les attributs du Conseil d’administration la gestion du foncier des universités. On l’a tout bonnement enlevé du décret», dénonce le secrétaire général du Saes.
«Les masters pour tous n’existent pas»
Par ailleurs, Malick Fall est revenu sur les étudiants qui doivent être admis aux différents masters publics. Selon lui, les universités sont les seules habilitées à définir les critères de sélection. Mais avant, il a tenu à dire ses vérités. «Nous voulons tenir un langage de vérité. Premièrement, les masters pour tous n’existent pas. Il n'y en a pas. Deuxièmement, les universités à travers les démembrements des différentes structures qui les composent, sont les seules habilitées à définir les critères de sélection des étudiants qui doivent être admis aux différents masters publics qui existent dans ces universités-là. C’est nous qui sommes habilités à définir les critères d’accès. Mais les universités ne sont pas là pour définir les critères d’attribution de bourse».
Et le syndicaliste de rappeler que c’est le ministère de tutelle, à travers la Direction des bourses, qui a la souveraineté de réunir ses commissions et d’établir ses critères d’attribution des bourses. Aussi, met-il en garde les Recteurs. «Nous mettons en garde les recteurs qui seraient tentés de vouloir attribuer eux-mêmes les bourses. Ce n’est pas leur prérogative», a-t-il averti.
Au chapitre des révélations toujours, le syndicaliste d’indiquer qu’aucune université n’a reçu le budget correspondant aux 200 postes d’enseignants-chercheurs ouverts par le gouvernement.
Orientation des étudiants : le pire est à venir
«Le nombre de chapiteaux nécessaire pour héberger les bacheliers a été largement sous-évalué et nous avons attiré l’attention du ministre sur ce manquement… Si on ajoute à cela une orientation des bacheliers qui est faite en violation du décret 2016-1805 depuis plusieurs années, il n’est donc pas étonnant que les universités peinent à accueillir les bacheliers de 2020. Malheureusement, le pire est à venir avec l’organisation du Bac 2021 dans trois mois avec 157.312 candidats, soit une augmentation de 2203 candidats par rapport à 2020», préviennent les syndicalistes.
«Il semblerait que ce soit un Mauritanien qui, depuis la France, oriente nos bacheliers»
Les syndicalistes très remontés contre leur ministre de tutelle d’embrayer : «Après sept rencontres (plus de deux mois de travail), pas d’évaluation ni de restitution. Toujours dans sa stratégie de dilatoire, Campusen, le système national d’orientation, est très nébuleux, il semblerait que ce soit un Mauritanien qui, depuis la France, oriente nos bacheliers. Quelle honte ! Il avait été convenu avec le ministre un audit et une refonte de la plateforme. Depuis des années, c’est aussi le dilatoire. C’est à croire que le ministère ne s’intéresse à la plateforme que lorsqu’il s’agit d’orienter les bacheliers ; Les enjeux de l’enseignement bimodal ne sont pas bien cernés par le ministère. Il n’y a aucune vision ni anticipation sur les questions qui seront posées. A la place, nous constatons un pilotage à vue avec des annonces très médiatisées», liste le syndicat quelques impairs causés par «l’incompétence» de Cheikh Oumar Anne. Dans la série noire, le Saes dit avoir regretté «une trop grande immixtion du Ministère dans l’autonomie des universités».
Baye Modou SARR