Issiakha Badiane a trainé, hier, devant le juge des flagrants délits de Dakar, son épouse Sophie Badji. La raison : il accuse cette dernière de lui avoir cassé le bras il y a de cela 1 an, lui occasionnant ainsi une incapacité temporaire de travail de 90 jours. Il en est de même pour la dame, qui s’en est sortie avec des morsures et un certificat médical attestant une itt de 5 jours. Poursuivie pour coups et blessures, cette dernière sera édifiée sur son sort le 7 juin prochain.
Pour des faits qui se sont passés, il y a plus d’1 an, plus précisément le 31 janvier 2017, le mari Issiakha Badiane a trainé hier sa femme Sophie Badji devant le tribunal des flagrants délits de Dakar pour coups et blessures volontaires, pour se venger d’elle. Car, il y a de cela une semaine, leur divorce a été prononcé et les biens allaient être partagés parce qu’ils sont mariés sous le régime de la communauté de biens et qu’un notaire a été mandaté. Juridiquement, la maison appartient à l’épouse. Mais, la procédure a atterri en Appel et elle n’a pas encore été jugée. En effet, voilà un couple qui s’est marié depuis 4 ans et qui vivait dans le bonheur. Cependant, le mari avait 4 enfants issus d’une autre union et la femme aussi en avait de son côté. Comme dans tous les ménages, il y a eu des problèmes.
Vive altercation, chacun accuse l’autre
Le jour des faits, le 31 janvier 2017, à 23 heures, ils ont eu un échange de propos aigres-doux, avant qu’ils n’en viennent aux mains. A l’issue de cette vive altercation, chacun s’en est sorti avec des blessures. Issakha Badiane accuse sa femme Sophie Badji de lui avoir fracturé l’avant-bras droit à coups de pied. Quant à cette dernière, elle a accusé son mari d’avoir amoché son œil à cause des coups qu’il lui administrés son mari. Pire, elle accuse son mari de l’avoir mordu.
Isiakha Badiane se retrouve avec une Itt de 90 jours, sa femme a une Itt de 5 jours
Sans attendre, Issiakha Badiane est allé voir un médecin qui lui a délivré un certificat médical attestant d’une incapacité temporaire de travail de 90 jours. De son côté, l’épouse est elle aussi consulter l’homme de l’art qui lui a délivré une Itt de 5 jours.
Malgré tout cela, la dame a continué à prendre soin de son homme, qui était en convalescence.
Mais, une année plus tard, soit au mois de janvier dernier, le mari enclenche des poursuites à l’encontre de son épouse. Il porte plainte et les agents de Sangalkam cueillent la dame. A son tour, la dame porte plainte contre le mari.
Sophie Badji nie : «Je ne l’ai pas frappé. C’est lui qui me battait. Il s’est blessé tout seul…»
Hélas, c’est Sophie Badji qui a été placée sous mandat de dépôt. Enseignante de profession à l’école Gorom 2, la dame a nié en bloc. «C’est un terrain qui est à l’origine de tout cela. Je ne l’ai pas frappé. C’est lui qui me battait. Il s’est blessé tout seul, parce que sa main s’est cognée à la paroi du lit et c’est ce qui l’a fracturée. Depuis que nous nous sommes mariés, je lui remettais à chaque fois 50.000 F. C’est par la suite qu’il m’a fait savoir que ma participation aux frais de la maison était trop petite. Il en voulait davantage et je ne pouvais pas lui en donner plus. Il a voulu me répudier à cause de 4 millions. Je lui ai dit que pendant qu’il me traitait ainsi, des hommes sont en train d’offrir des voitures à leurs femmes, de les emmener à La Mecque, entre autres. C’est là que le ton a monté et il m’a battue et mordu la main. Il a l’habitude de me frapper. Il l’a fait à 4 reprises. Un jour, il m’a chassée de la maison conjugale vers 23 heures. Je n’ai pas porté plainte auparavant parce qu’à l’église, on nous fait savoir que le mariage, c’est pour le pire et pour le meilleur. De plus, nous avons vécu des moments heureux», a-t-elle expliqué.
Issiakha Badiane dit avoir porté plainte 1 an plus tard à cause de…
Professeur de son état, Issiakha Badiane a soutenu qu’il était déçu à cause des contestations de sa femme. Car, dit-il, il n’avait pas pipé mot ce soir-là. C’est selon lui son épouse qui lui a cassé la main d’un coup pied qu’il a essayé de parer avec sa main lorsqu’ils étaient couchés sur le lit. L’homme au gabarit imposant a attesté n’avoir pas porté plainte durant tout ce temps-là à cause des médiations qui avait été enclenchées allant dans le sens de leur réconciliation. Après une vaine tentative de cette médiation, dit-il, il a porté plainte.
Me Djiby Diagne, avocat de la défense : «C’est une honte pour les hommes…»
S’inscrivant dans la même logique que son client, Me Abou Abdoul Daff est convaincu de la culpabilité de la prévenue. Sur ce, la robe noire a demandé la somme de 5 millions à titre de dommages. Le procureur qui a sollicité une application de la loi a été suivi par Me Djiby Diagne de la défense, qui s’est indigné du comportement de la partie civile. «C’est un époux qui attrait sa femme et qui demande sa condamnation en plus des 5 millions. C’est inédit et c’est la particularité de ce dossier. C’est une honte pour les hommes. Ce qui est gênant, c’est qu’un homme se mette dans cette position. Le certificat médical pose un problème d’imputabilité. C’est douteux et rien n’est clair sur l’imputabilité. De plus, vu sa forte taille et la fébrilité de la dame, elle ne peut pas lui fracasser le bras. Au regard des photos, vous pouvez voir les conditions difficiles dans lesquelles elle vit et vous pouvez lui faire bénéficier de la légitime défense. Si vous n’êtes pas convaincus, il faut retenir les conditions de l’excuse de provocation. Ou de lui faire bénéficier de la dispense de peine», a pesté Me Diagne, qui a rappelé aux juges que sa cliente dispense des cours dans 3 classes. Son second conseil a souhaité la relaxe pure, expliquant qu’il y a un patrimoine à libérer, sur lequel le plaignant voudrait faire main basse. Pour sa part, Me Serigne Diongue d’ajouter que le plaignant veut jeter de la poudre aux yeux du tribunal parce qu’il est là tout simplement pour battre monnaie. C’est-à-dire faire main basse sur la part qui reviendrait à la prévenue dans le partage des biens communs. Soutenant qu’ils ne sont pas la roue de la loterie nationale, Me Diongue a souhaité la relaxe et précisé que les gentlemen demandent le franc symbolique et ne battent pas monnaie. Le délibéré est fixé pour le 7 juin 2018.
Fatou D. DIONE