COOPERATION MILITAIRE ENTRE LA GAMBIE ET LE SENEGAL: 150 éléments de la nouvelle garde présidentielle de Barrow en formation à Dakar



 
Ce n’est pas demain que la sécurité du Président gambien Adama Barrow sortira des mains de la gendarmerie sénégalaise, dont des éléments du Groupement d’intervention assurent aujourd’hui la protection du successeur de Jammeh. Ce, au grand dam des forces de sécurité gambiennes et au désappointement du Commonwealth. Toutefois, un processus de formation d’une nouvelle garde présidentielle gambienne par les gendarmes sénégalais est lancé.
 
Au moins 150 membres du premier contingent de la nouvelle garde présidentielle gambienne, dont 21 femmes, ont quitté Banjul, mardi dernier, pour une formation de trois mois à Dakar. Ils devront remplacer les éléments du Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale (Gign - unité d’élite de la Gendarmerie sénégalaise) qui assurent la sécurité présidentielle en Gambie depuis l’année dernière et la chute de l’ancien Président Yaya Jammeh.
Ces membres de la nouvelle garde du Président Adama Barrow seront formés dans deux écoles de la Gendarmerie nationale sénégalaise, à savoir l’école des Officiers de la Gendarmerie à Dakar et celle des sous-officiers à Fatick. S’adressant aux futurs élèves, peu avant leur départ, à l’école de formation des Forces armées de Gambie à Fajara, le chef d’état-major des Forces armées gambiennes (Gaf), Masanneh N. Kinteh, les a félicités, tout en leur parlant de la nouvelle stratégie militaire du  Président Barrow. Le chef d’état-major a exprimé sa satisfaction à propos de la formation de la nouvelle garde présidentielle, en indiquant que cela fait partie des priorités du nouveau gouvernement.
C’est dans ce sens que le chef d’état-major a déclaré que le Président Barrow, commandant en chef des forces armées gambiennes, a consulté son homologue sénégalais pour que le nouveau contingent de la garde présidentielle soit formé à Dakar. Cependant, en raison de certaines circonstances, la formation n’a pas pu commencer comme prévu. «Les nouveaux éléments de la garde présidentielle regroupent divers services de sécurité du pays», révèle Kinteh qui les exhorte à faire preuve d’abnégation pour se concentrer sur la formation. «Je ne doute pas que vous serez en mesure de faire l’entraînement à Dakar en raison du niveau professionnel et de la formation reçue antérieurement en Gambie. On s’attend à ce que vous répondiez aux attentes de l’armée et du peuple gambiens. Mais tout acte d’indiscipline fera l’objet de sévères punitions», a averti M. Kinteh.
Le Commonwealth s’est offusqué de la présence autour du président Barrow de gendarmes étrangers qui ne parlent pas anglais
Il faut rappeler qu’un rapport du Commonwealth relevait, quelques jours auparavant : «La sécurité présidentielle a été évoquée avec nous et est une source de préoccupation, car elle renforce l'image d'un Président isolé. Le Président Barrow est gardé par la gendarmerie sénégalaise, selon un arrangement bilatéral financé par la France, séparé de l'Ecomig. Pour avoir accès à la résidence du Président, nous avons dû passer devant deux gendarmes sénégalais qui ne parlaient que le français et qui recevaient des instructions avec un timbre du gouvernement sénégalais».
Selon le rapport du Commonwealth, les gardes étrangers autour du Président Barrow ne parlent pas anglais. Ils communiquent avec les visiteurs en français. «Ce n'était pas un incident aussi isolé qu'un ambassadeur frustré nous ait dit qu'il refusait de leur parler français et qu'il se contentait de pointer du doigt le drapeau sur le devant de sa voiture et de lui faire signe de passer. Il est clair que la question de l'accès à la résidence présidentielle n'est pas un problème pour beaucoup de gens, mais le Président est conduit dans un grand convoi et entouré de gendarmes quand il sort de sa résidence et ils sont donc évidents pour tout le monde. Leur présence crée l’image d'un Président séparé de son peuple, et nous avons été informés du ressentiment des forces armées gambiennes à l'idée de ne pouvoir protéger leur propre Président. Personne parmi ceux à qui nous avons parlé ne pourrait mettre en avant une menace pour le Président proportionnelle à ce niveau de protection étrangère manifeste», ajoute le rapport.
Pour le moment, l’on ignore la date du départ pour le Sénégal de second contingent d’élèves gendarmes pour la garde présidentielle.
Mansour KANE
 

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