Ceux qui vont s’apercevoir qu’ils ont été roulés dans la farine, après avoir acheté des vêtements, vont certainement s’arracher les cheveux. En effet, toute une bande de contrefacteurs, à Milan, vient d’être démantelée, grâce à l'opération «San Paolo» de la garde financière de Gênes, qui a fait plus d'une centaine d’interpellations. Plusieurs de nos compatriotes faisaient partie du réseau, qui ne se limitait pas juste à la vente. En effet, Il procédait également à la production d’étiquettes de marque contrefaites qu’il collait à des vêtements et autres accessoires avant de les revendre.
L’Italie reste sans doute l’un des pays les plus prisés par les Sénégalais, vu leur très grand nombre dans la Botte. Seulement, leur attitude laisse à désirer dans ce pays étranger où leurs délits ne cessent d’augmenter. Et c’est le démantèlement d’un important réseau de vendeurs et producteurs de contrebande avec plusieurs Sénégalais qui vient allonger la liste.
Tout est parti d’une enquête qui s'est déroulée dans dix régions et 24 provinces italiennes, afin de lutter contre les groupes criminels ancrés en Lombardie. Grâce à cette enquête complexe et approfondie, visant à empêcher la prolifération de faux produits, les policiers ont pu interpeller 110 personnes de nationalité italienne, sénégalaise et chinoise à Milan, Gênes, Brescia et Turin.
Et c’est dans une grande organisation que le travail se produisait, allant de la production d’étiquettes, à la vente en passant par le stockage des produits. Le commerce illégal avait une véritable base logistique pour la production et le conditionnement : les «faux laboratoires». Ce réseau de structures a été spécialement mis en place «avec des moyens, des locaux et un savoir-faire technologique, visant à exploiter illégalement l'utilisation de marques déposées au détriment des entreprises qui exercent légalement et offrent la possibilité d'un travail régulier et stable», décrivent les enquêteurs.
C’est à Milan et à Brescia que le gros du travail s’effectuait. Des objets en petites pièces métalliques et des étiquettes portant des marques contrefaites de maisons de couture renommées ont été produits. Ensuite, une fois transportés à Gênes, des vêtements et des accessoires étaient assemblés et stockés, puis destinés à des vendeurs illégaux, principalement sénégalais, qui les revendaient sur les places publiques et sur les rives de la Ligurie et d’autres provinces italiennes.
La Chine, le Sénégal et la Turquie, les centres de production et stockage
En examinant l’axe de production et de distribution Lombardie-Ligurie, la police a également découvert la participation de certains pays tiers à l’Union européenne, qui servaient de centres de production et de stockage : la Chine, le Sénégal et la Turquie.
Plus de deux millions de produits contrefaits, 1527 clichés, un PC, un traceur industriel, un poste de travail, une machine à vide, un compresseur, un four industriel, deux presses, une soudeuse, des machines à coudre, poinçonneuses et de l'argent ont été saisis. Les infractions reprochées à l’ensemble du réseau sont celles d'introduction dans l'État et de commerce de produits sous de faux signes exacerbés par la transnationalité, de recel de biens volés, d'immigration illégale et de responsabilité administrative des institutions.
Khadidjatou DIAKHATE