Les syndicats se réveillent. La Coalition des confédérations syndicales du Sénégal a décidé de se faire entendre suite à la sitiation des travailleurs qui se retrouvent avec des contrats résiliés, des employés envoyés au chômage, des retards de salaire… La Cnts, la Csa, la Cnts/Fc, l’Udts et l’Unsas ont annoncé une assemblée générale le 31 janvier prochain pour présenter une plateforme concoctée pour défendre ces travailleurs du public et du privé persécutés par les nouveaux responsables de ce régime.
Les ‘’cinq majeurs du syndicalisme sénégalais sortent de leur torpeur. La Cnts, la Csa, la Cnts/Fc, l’Udts et l’Unsas qui composent la Coalition des confédérations syndicales du Sénégal, sont en ordre de bataille. Raison de leur courroux : des contrats résiliés, des employés envoyés au chômage, des retards de salaire…. Elles ont décidé de faire face au régime qu’elles appellent au respect de l’article 1 du code du travail, au lieu de brandir des raisons politiciennes pour procéder à ces licenciements et résiliations de contrats. Face à la presse, hier, ils ont déroulé leur plan d’action qui va démarrer par un grand rassemblement. « La coalition a adopté un plan d’action qu’elle va démarrer par une grande assemblée générale convoquée le 31 janvier 2025», informe Yvette Keïta de l’Unsas, porte-parole du jour.
Lamine Fall avocat des travailleurs de La Poste et des collectivités territoriales
Prenant la parole, le représentant de la Cnts, Lamine Fall, exige sans condition la prise en charge des dossiers des collectivités territoriales et de La Poste. «Les collectivités territoriales et la question de La Poste ne peuvent pas attendre. C’est des questions qu’il urge de régler le plus rapidement possible. Idem pour les travailleurs des collectivités territoriales. La grève a plus que duré», exige Lamine Fall, qui ajoute : «les travailleurs de la Croix-Rouge sont restés 9 mois sans salaire. Au ministère des Mines, 46 travailleurs ont été licenciés et nous précisons que nous n’accepterons pas de remplacement».
La plateforme des «cinq majeurs»
La Coalition des centrales syndicales d’exhorter les nouvelles autorités à s’engager résolument dans le règlement global des revendications des travailleurs. «En priorité, Il s’agit de procéder, entre autres, selon Yvette Keïta, à la baisse de la fiscalité sur les salaires, des coûts de l’électricité, de l’eau et du téléphone, des denrées de première nécessité. Il contribue aussi dans la foulée à l’harmonisation des augmentations des salaires des agents de l’Etat suite aux augmentations de 2022, y compris pour ceux des collectivités territoriales. Sans oublier la finalisation de la révision du statut des décisionnaires par la modification du décret 74-347 et le règlement de la lancinante question de leur pension de retraite, de la mise en œuvre du plan de restructuration de la Sn La Poste, de la réforme du code du travail et du code unique de la sécurité sociale, de la suppression des équivalences sur la durée réglementaire du travail dans certains secteurs professionnels tels que l’hôtellerie, de la réforme hospitalière et de la nouvelle politique de santé, de la réforme du Fnr avec l’intégration des travailleurs des collectivités territoriales et les agents non fonctionnaires de l’Etat, de la réversion des pensions de retraite aux ayants cause des enseignants – chercheurs des des universités, du recrutement des enseignants vacataires des universités publiques, du rétablissement des droits des agents de la Rts, de l’accompagnement des travailleurs des bases militaires françaises, du paiement des salaires arrivés à échéance des agents de la Sn Poste et des travailleurs de la Croix-Rouge, de l’apurement du passif social et paiement des droits des travailleurs des sociétés liquidées Sias, Ama, Sotrac, Sidec, Hamo, Chocosen, entre autres.
Ces centrales ont proposé à l’Etat de lutter contre l'évasion sociale dans les entreprises, la précarisation des emplois dans la Fonction publique et dans le secteur privé, les licenciements abusifs. «La Coalition des centrales syndicales du Sénégal invite les autorités à rester attentives aux préoccupations des travailleuses et des travailleurs et veiller à une répartition équitable de la richesse nationale, à l’implication de la force de travail au renouveau et à la performance de notre économie», fait-elle savoir.
Situation catastrophique au Port, à la Poste, à la Rts, à la Cimenterie du Sahel, à la Sen’Eau…
Chemin faisant, ces centrales ont fait l’économie de la situation sociale du Sénégal, marquée par l’ébullition du front social, avec, selon Yvette Keïta, des évènements qui les inquiètent au plus haut point. «La situation économique et sociale de notre pays est marquée par une dégradation du pouvoir d’achat des travailleurs, en sus des nombreuses violations des libertés syndicales et des droits des travailleurs signalées dans plusieurs secteurs d’activités. A la Sn Poste, des travailleurs souffrent de retards de paiement de salaire, au niveau du Port autonome de Dakar, trois responsables syndicaux ont été licenciés arbitrairement pour avoir exprimé leur opinion sur la gestion inique des ressources humaines, des centaines de travailleurs ont vu leur contrat annulé, y compris des détenteurs de CDI. Ceci, en totale violation du code du travail dont le respect ne semble pas être de mise pour certains responsables de sociétés. A la Rts, la suspension de l’application de l’accord d’établissement risque de plonger la société dans une situation d’instabilité au moment où la paix commençait à s’installer. Le refus d’organiser les élections des délégués du personnel par le Groupe Layousse à la Cimenterie du Sahel et à la Sen’Eau est un affront vis à vis de l’Etat de droit. Dans le secteur primaire, des contractuels comme des travailleurs sous contrat à durée indéterminée ont été licenciés. La coalition alerte aussi sur le risque de voir les huit cent (800) travailleurs perdre leur emploi du fait de la fermeture des bases militaires françaises sans mesures d’accompagnement, dans un contexte de crise de l’emploi, ou encore l’insuffisance de revenus pour subvenir aux besoins des familles en matière de soins, de frais de scolarité ou de location est vivement ressentie », liste la dame qui manifeste ainsi l’inquiétude du monde du travail.
Baye Modou SARR