CONTRAT AKILEE/SENELEC : Le Sutelec crie au «hold-up» et dénonce une "criminalité astucieuse"



Le Syndicat unique des travailleurs de l’électricité (Sutelec) est plus que jamais décidé à combattre le contrat Senelec-Akilee, qu’il qualifie de «délit d’initié» de «criminalité à col blanc» ou encore de «criminalité astucieuse». Ils se sont fendus d’un communiqué, hier, pour réitérer leur position et demander à l’Etat de prendre ses responsabilités.

Le Sutelec monte de nouveau au front, par rapport au contrat Senelec/Akilee qui défraie la chronique depuis plusieurs semaines. «Le Sutelec, fidèle aux valeurs d’éthique et de bonne gouvernance, a toujours manifesté ses vives préoccupations par rapport au contrat signé entre Senelec et la start-up Akilee en pleine campagne électorale», soutient d’emblée le syndicat le plus représentatif de la Société nationale d’électricité. Les défenseurs des syndicats soulignent que leur préoccupation est d’autant plus pertinente que «la criminalité financière constitue de nos jours l’une des principales menaces qui pèsent sur la sécurité dans les transactions économiques et sur le système de valeurs qui sert de références à nos modelés de gouvernance d’entreprise». Et d’ajouter que leurs inquiétudes se justifient aujourd’hui par «la bataille médiatique d’intoxication à coups de millions pour faire avaler cette pilule amère à l’opinion nationale au nom d’un soi-disant patriotisme économique».
Aussi, le Sutelec se demande «de quoi Akilee a peur au point de perdre son sang-froid». Poursuivant avec ceux qu’ils qualifient de tenants de l’«Akileegate», de la «criminalité à col blanc» ou encore de la «criminalité astucieuse», Sock et Cie soulignent que «l’actuel Dg d’Akilee était membre du cabinet PMC en charge d’un audit à la Senelec». Et qu’à ce titre, il a eu «accès aux données confidentielles de la société dont il avait la charge de diagnostiquer les dysfonctionnements».

«Cet acte n’est rien d’autre qu’un délit d’initié»

Mieux, ils soutient que ce dernier «démissionna de son poste pour créer Akilee SA et usant de procédés mafieux, il s’empare illicitement d’un contrat d’une bagatelle de 187 milliards sur le dos du contribuable sénégalais». Ainsi, pour le syndicat, «cet acte n’est rien d’autre qu’un délit d’initié». Considérant que Akilee est «sponsorisée par des intermédiaires n’hésitant pas un seul instant à faire entrave à la règlementation pour une prise de contrôle d’un des secteurs vitaux de notre économie», le Sutelec note que la cellule de passation des marchés en interne n’était même pas informée de cette «nébuleuse». Dénonçant ce contrat qui «viole de la façon la plus honteuse la règlementation en matière de passation de marchés», les syndicalistes disent ne pas avoir de leçons de patriotisme à recevoir de «professionnels de l’escroquerie». A qui ils demandent s’ils ont pensé aux travailleurs de Simelec dont l’expertise est avérée dans le montage de compteurs qui sont au chômage depuis 3 ans suite à la fermeture de leur entreprise qui était un fleuron national.
Ne décolérant pas, le Sutelec «attire l’attention de l’opinion nationale sur les menaces sur notre souveraineté». En effet, pour Mademba Sock et Cie, les risques sont énormes sur notre souveraineté énergétique et les répercussions sur les ménages seront désastreuses avec une inévitable hausse du prix de l’électricité qui est déjà plus que cher. Et de démentir Akilee qui, disent-ils, pour tromper l’opinion nationale, se targue d’avoir fait gagner à Senelec des milliards sur les pertes techniques et non techniques. «C’est archifaux» ! clame le syndicat. Et pour cause, il explique que les pertes techniques étaient dues essentiellement à la vétusté du réseau de transport et de distribution. Et «d’importants investissements ont été réalisés ces dernières années et ont permis la réduction considérable de ces pertes». Et pour les pertes non techniques, le Sutelec affirme que la société d’électricité «regorge de ressources humaines compétentes» capables de lutter contre la fraude si les moyens adéquats sont mis à leur disposition.

«Le Sutelec interpelle les autorités sur une externalisation des métiers de Senelec et son impact sur les emplois»

Soulignant qu’en dehors du contrat de 187 milliards dans la gestion commerciale de Senelec, «Akilee bénéficie aussi de deux autres contrats (un à la production et un autre à la distribution)», «le Sutelec interpelle les autorités sur une externalisation des métiers de Senelec et son impact sur les emplois». Et c’est d’autant plus grave que, soutient-il, «Senelec ne doit pas confier son chiffre d’affaires, son revenu à un prestataire, fut-il un ancien de Edf ou de la Nasa». Et de se demander, «avec ce contrat qui lui confie l’exclusivité de la vente des coffrets, coupe-circuits et autres accessoires de branchements sur le territoire national, a-t-on évalué le manque à gagner des commerçants dont l’activité principale était la commercialisation de ces articles ?» En définitive, le Sutelec «met en garde sur les risques de tensions sociales qui pèsent sur la Senelec si on laisse cette forfaiture prospérer ; exige des autorités étatiques la rupture purement et simplement de ce contrat et de ne céder à aucun lobby car il y va de notre souveraineté ; appelle les populations en général et les usagers de l’électricité à faire face à ce hold-up ; demande à tous les travailleurs, sans distinction, de rester vigilants et de se tenir prêts pour défendre leur outil de travail».

Mbaye THIANDOUM
 
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