CONTENTIEUX SUR LE CHANGEMENT DE L’ORGANIGRAMME DE LA MAIRIE DE ZIGUINCHOR ET LES DENOMINATIONS DE RUES : Ousmane Sonko soulève des vices de procédure, dénonce une décision illégale de la Cour suprême et maintient les noms des rues



 
 
 
Nous informions hier que des délibérations du conseil municipal de Ziguinchor notamment la celles portant sur le changement de nom de certaines rues ou encore la création d’une mutuelle de crédit et d’une coopérative d’habitat avaient été invalidées par la Cour suprême, suite à un recours du préfet de Ziguinchor devant ladite juridiction. Mais l’édile de Ziguinchor se dit étonné d’apprendre une telle nouvelle par la presse. Ousmane Sonko, qui assure qu’une telle décision est illégale, dit attendre que celle-ci lui soit notifiée. En attendant, dit-il, les avenues du Tirailleur Africain, Séléki 1886, Thiaroye 44 et de la Paix restent décolonisées et gardent leurs nouvelles dénominations.
 
 
 
Élu maire de Ziguinchor en janvier dernier, Ousmane Sonko avait décidé de rebaptiser plusieurs rues en mémoire aux «tirailleurs africains» et d’autres célébrités locales. «Six décennies après notre indépendance, le maintien de certains noms est une offense à notre dignité nationale», avait justifié le conseil municipal. Mais, avant-hier, sur saisine du préfet, la chambre administrative de la Cour suprême a annulé toutes les délibérations du conseil municipal de Ziguinchor du 17 février 2022. Hier, le maire de Ziguinchor a réagi à cette décision de la juridiction qui juge, en premier et dernier ressort, de l’excès de pouvoir des autorités administratives. Ousmane Sonko se dit étonné d’apprendre une telle nouvelle par la presse, apporte des précisions, en attendant que la décision lui soit notifiée. «Selon une certaine presse, le conseil municipal de Ziguinchor aurait été débouté par la Cour suprême suite à un recours du préfet, contre sa décision datant de plus de 9 mois de renommer quatre rues de la ville. Curieux pays où c’est la presse qui apprend à un maire l’aboutissement d’une procédure judiciaire concernant sa commune, dont il n’a jamais été informé de l’existence auparavant», a d’abord déploré Ousmane Sonko dans un tweet.
Poursuivant, le maire de Ziguinchor apporte des précisions, laissant entendre l’illégalité de la décision rendue par la Cour suprême. Il cite quatre griefs qui, selon lui, enlèvent toute régularité à la procédure. D’abord, Ousmane Sonko dit que «le délai prévu pour un recours en annulation d’une délibération d’un conseil municipal est de deux mois après sa transmission ; la Cour dispose alors d’un délai d’un mois au maximum pour statuer», ce qui est largement dépassé puisque les décisions visées ont été prises en février, c’est à dire il y a onze mois. Ensuite, dit-il, «le préfet doit obligatoirement notifier au maire sa saisine avec les motivations», ce qui n’a pas été le cas, selon lui. Et enfin, note-t-il encore, «le maire présente alors ses conclusions à la juridiction administrative». Selon Ousmane Sonko, «rien de tout cela n’a été fait. Et voilà qu’on nous annonce en grand titre une décision de la Cour suprême», regrette le maire de Ziguinchor.
Mais déjà, au regard de tout cela, le président de Pastef dit à qui veut l’entendre que cette «décision illégale» sera contestée. «Si celle-ci (la décision de la Cour suprême) existe réellement, nous attendons qu’elle nous soit notifiée pour la contester par voie de rabat d’arrêt car elle serait illégale. En attendant, les avenues du Tirailleur Africain, Séléki 1886, Thiaroye 44 et de la Paix restent décolonisées et gardent leurs nouvelles dénominations», dit-il.
 
 
 
Sidy Djimby NDAO
 
LES ECHOS

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